Transport par sous-marins
Le transport par sous-marins a
commencé au début des opérations en
Norvège pendant l'Opération "Hartmut" en Avril 1940.
Le trajet s'effectue de Wilhelmshaven et Kiel pour Trondheim. Des
munitions, de l'essence pour avions sont
transportées.
Les autres livraisons se font à partir de
l'été 1940.
- U-26 à son premier voyage : 9
tonnes de munition de 20 mm, 7 tonnes de grenades à
manche, 3 canons A.A. de 20 mm avec accessoires et remises de ses
propres canons MG C/30, à son deuxième voyage : des
munitions de 12.7cm et de 3.7cm pour les destroyers, des bombes
pour avions, du carburant pour avions et de l'huile de
lubrification.
- U-29 : 5 tonnes de munition de 20 mm,
0,7 m³ d'eau distillée, 1300 obus au phosphore et
remises de ses propres canons de 88 mm.
- U-32 : 1 canon A.A. de 88 mm avec sa
base, 706 obus, 20 m³ du carburant pour avion, 1200 kg
d'huile de graissage et une pompe à grande vitesse pour
essence.
- U-43 à son premier voyage : 13
tonnes de munition d'infanterie, 7 tonnes de munition pour
mortier et 15 tonnes de munition de 20 mm, à son
deuxième voyage : composants de turbine et le
générateur pour le destroyer 'Paul
Jacobi'.
- U-101 : 1 canon de 8.8cm et ses
accessoires, 774 obus, 8 bombes de 250 kg, 60 m³ de
carburant pour avions et 1200 kg d'huile de lubrification.
- U-122 : 1 canon de 8.8cm et ses
accessoires et des munitions, des bombes pour avions, 90 m³
de carburant pour avion et de l'huile de lubrification.
- U-A : 1 canon de 8.8cm et ses accessoires
et 1150 obus, seize bombes de 250 kg, 165 m³ de carburant
pour avions, 5 tonnes d'huile de lubrification pour avions et 9
tonnes d'huile moteur pour U-Boote.
Durant l'invasion alliée en 1944, des transports
semblables sont entrepris pour apporter des fournitures dans les
bases de l'Atlantique coupées de voies d'approvisionnement
normales.
Le premier transport par sous-marin pour apporter des fournitures
d'Extrême-Orient vers l'Europe est effectué par
l'I 30 qui arrive à Lorient le 05
Août 1942.
Jusqu'à maintenant, le seul moyen pour l'Allemagne
d'obtenir du matériel de guerre important, tels que le
caoutchouc, l'étain, les métaux raffinés et
la quinine de l'Extrême-Orient sont les briseurs de blocus,
mais il est évident que cela devient de plus en plus
difficile pour ces navires de réussir leurs voyages.
L'impulsion décisive pour la construction de transport
spécial par sous-marins cependant, eu ses origines
ailleurs, et suivie d'une discussion au quartier
général d'Hitler, le 19 Novembre 1942. « Le
Führer exige la construction de transport-marins parce que,
après l'occupation de l'Islande par les Américains,
il a conçu l'idée d'une invasion soudaine de
l'Islande et de la conséquente d'une mise en place d'une
base aérienne. Le Chef du personnel de la Marine Guerre
suggère remettre cette tâche au Commissaire
chargé des transports, ces bateaux devraient être
construits pour le commerce par sous-marins et pourraient
être utilisés comme briseurs de blocus.»
Il ne fait cependant aucun doute, que la construction de
transport spécial par sous-marins est
considéré par le Commandement Suprême de la
Marine comme système principal pour la fourniture de
matériaux de l'Asie Orientale.
Les sous-marins de transport "Deutschland" et "Bremen" de la Première Guerre mondiale
avait donné à l'Allemagne une bonne base de
connaissances pour les bateaux de ce type. Il est, par
conséquent, plus surprenant que la marine allemande a pris
tellement longtemps pour montrer l'intérêt pour le
transport sous-marins au cours de la Seconde Guerre
mondiale.
Le premier modèle de sous-marin de transport allemand est
mis au point à la fin de l'année 1942. C'est le
Type XIX d'environ 2500 tonnes. Il devait recevoir de nouveaux
diesels, mais le projet a été
abandonné.
Un nouveau projet, le Type XX
reprend certaines caractéristiques du Type XB. Pour ce
grand bateau de 2700 tonnes, huit conteneurs extérieurs
sont prévus avec une capacité totale de 820
m³. Il peut avec cela embarquer près de 400 tonnes de
caoutchouc. Il possède également une
capacité de stockage intérieure de 220 m³. Il
est prévu des compartiments dans la quille pour pouvoir y
mettre des lingots d'étain, du molybdène ou du
concentré de tungstène.
Pour son voyage de retour, il est prévu qu'il embarque :
400 tonnes de caoutchouc, 200 tonnes d'étain, 150 tonnes
de molybdène et étain et 50 tonnes en fret
intérieur (mica, quinine, huiles). Soit un total de 800
tonnes.
La réalisation des plans est effectuée aux
Chantiers AG Weser à Brême.
Le premier modèle doit pouvoir effectuer ses teste au
premier semestre 1943.
Le 03 Mars 1943, quinze sous-marins sont commandés aux
Chantiers DW à Hambourg-Finkenwerder et quinze autres aux
Chantiers Vulkan, Vegesack.
Le premier doit être livré en Août 1944.
Ensuite trois doivent être livrés tous les trois
mois pour que le dernier soit remis à la mi-1945. Une
condition essentielle à cela, c'est que ces constructions
n'entravent en la réalisation des autres U-Boote.
Le HauptAusschuss Schiffbau (Comité
principal pour la construction de navires) annonce que 2810
travailleurs seront réquisitionnés.
Le 08 Février 1943, l'Amiral Dönitz, sachant que les
Type XX ne seront pas tout de suite opérationnels,
suggère au Grand Quartier Général d'Hitler
de convertir certains grands sous-marins italiens en sous-marins
de transport pour l'Extrême-Orient. Le transport par les
forceurs de blocus de surface est devenu quasiment impossible
à cause de la puissance aérienne des Alliés.
Hitler est d'accord avec cette suggestion et contacte Mussolini
pour faire accélérer la conversion.
En Février 1943, la transformation de certains Type VII-C
est envisagée, mais cela doit être
considéré comme la dernière des
solutions.
Le 18 Mars 1943, Dönitz avise Hitler que les italiens ont
donné l'autorisation pour la modification de leurs
sous-marins basés à La Betasom à Bordeaux,
sauf le "Cagni". Cette autorisation est
balancée par le fait que l'Allemagne doit prêter
dix U-Boote de Type VII-C à la
Regia Marina. Les sous-marins italiens prennent le nom de Aquila
I à Aquila IX (Aquila I : Enrico Tazzoli, Aquila II :
Reginaldo Giuliani, Aquila III : Commandante Alfredo Cappellini,
Aquila IV : Guiseppe Finzi, Aquila V : Barbarigo II, Aquila VI :
Luigi Torelli).
La conversion des premiers bateaux se fait sous les ordres du de
Kapitan zur See Grossi.
En Juin 1943, la tentative pour obtenir l'utilisation des deux
sous-marins italiens de classe "R"
pour l'Extrême-Orient a été
contrecarrée par l'Amiral Riccardi, Chef de
l'état-major naval italien. Ce dernier
préfère les garder en Méditerranée
malgré la perte de l'Afrique du Nord.
- Liaisons entre l'Europe et
l'Extrême-Orient par les sous-marins italiens.
Pendant la période qui a suivi, les japonais ont envoient
4 sous-marins de transport (I 8, I 34, I 29 et I 52)
chargés de matières premières vers l'Europe
et seuls le I 8 et I 29 ont survécu, pour arriver à
Lorient le 31 Août, et à Bordeaux le 10 Mars 1944
respectivement.
- Liaisons entre
l'Extrême-Orient et l'Europe par les sous-marins
japonais.
Deux autres bateaux l'Aquila IV (ex-Finzi) et Aquila IX
(ex-Bagnolini) devaient faire les prochains voyages à
destination de l'Extrême-Orient le 18 Juillet 1943, mais la
chute de Mussolini et la défection résultante des
Italiens retardent l'ensemble du programme 'Aquila'. À
Singapour, les trois sous-marins italiens sont
réquisitionnés par les japonais. De nombreuses
négociations ont lieu en vu de s'en servir comme
sous-marins de transport pour la Kriegsmarine. Des
problèmes apparaissent car les sous-mariniers japonais ne
connaissent pas ce type de bateau.
Début 1944, des sous-mariniers allemands embarquent sur
l'U-IT 24 (ex-Capellini), avec une
cargaison de caoutchouc, de la quinine et de minerais
précieux à destination de l'Europe. Cependant le
voyage tourne court car le bâtiment ravitailleur ne s'est
pas présenté au rendez-vous. L'U-IT 24 retourne
à Pénang.
Après avoir quitté Singapour le 14 Février
1944, l'U-IT23 (ex-Giuliani) est
coulé par un sous-marin dans le détroit de Malacca.
Le dernier ex-sous-marin de transport italien à quitter
Bordeaux est l'U-IT22 (Ex-Bagnolini). Il
est coulé par avion au Sud du Cap de Bonne
Espérance le 11 Mars 1944 et avec ça le
Commandement suprême naval abandonne l'idée de
transport par sous-marins. Les deux bateaux qui ont
survécu, l'U-IT24 (ex-Cappellini) et l'U-IT25 (ex-Torelli) doivent désormais
être utilisés pour l'approvisionnement et le
transport entre le continent japonais, les ports de Bornéo
et les bases allemandes dans l'hémisphère
Sud.
Par conséquent, les sous-marins de combat navigant dans
l'Océan Indien et rentrant en Europe doivent être
utilisés pour transporter des matières
premières nécessaires.
- Pour les Type IX-C : 115 tonnes d'étain (dont 100 tonnes
dans la quille), 10 tonnes de molybdène, de 9 tonnes de
tungstène, 10 tonnes de caoutchouc, 0,5 tonnes de quinine,
0,2 tonnes d'opium et 0,3 tonnes d'autres marchandises, soit une
cargaison de 145 tonnes.
- Pour les Type IX-D2 : 120 tonnes d'étain, 15 tonnes de
molybdène, 80 tonnes de caoutchouc, 1 tonne de quinine et
de 0,2 tonnes d'opium, soit un total de 216 tonnes.
Le premier à retourner avec une telle cargaison est
l'U-178, le 24 mai 1944. En Juin 1944,
l'U-188 suit.
Les prochains U-Boote de combat transportant des matières
premières sont l'U-848, l'U-861, l'U-510 et
l'U-532, mais ils atteignent l'Europe que
peu de temps avant (ou même après) la capitulation
allemande.
- U-Boote dans l'Océan
Indien.
À l'automne 1943, il est décidé de convertir
les deux grands sous-marins de Type IX D1 (l'U-180 & l'U-195),
dont l'installation de nouveaux diesels n'a pas été
concluante, en sous-marins de transport. La suppression des tubes
lance-torpilles et la réduction de la propulsion à
celle des Type VII-C augmente la capacité de stockage
à 252 tonnes. La conversion a lieu à Bordeaux
d'Octobre 1943 à Avril 1944.
En outre deux Type XB (l'U219 &
l'U-234) et deux transports de torpilles
(l'U-1059 & l'U-1062) sont envoyés au Japon comme
sous-marins de transport. Cependant seuls l'U-219 et l'U-1062
arrivent à bon port.
Les deux Type VII-F, l'U-1060 et
l'U-1061 sont utilisés comme
transports entre l'Allemagne et les ports de
Norvège.
En 1943, il est planifié la construction d'un sous-marin
de transport (U-Kreuser). Le 20 Juin 1943, l'ingénieur
Kohrs, un ancien collègue du Professeur Flamm, dresse les
plans d'un sous-marin de 4000 tonnes avec une longueur de 93
mètres et d'une largeur de 11 mètres et une coque
épaisse spéciale.
Début 1943, d'autres projets sont
lancés. Par exemple celui de la construction de deux
sous-marins remorqueurs de 150 tonnes et de 450 tonnes
destinés au transport de carburant vers l'Afrique du Nord.
La simplicité de la construction rappelle celle des
projets japonais. Après la perte de la Tunisie, le projet
se poursuit mais seulement comme travail de recherche.
En Octobre 1943, des tests de remorquages avec des charges de 90
tonnes immergées sont effectués à Hela, pour
vérifier l'aptitude des sous-marins remorqueurs.
En 1944, le Chef d'État major de la Kriegsmarine reprend
l'idée de remorquage, mais cette fois en mer
Égée. Il y a le même genre de demandes pour
le Nord de la Norvège et l'Asie du Sud-Est.
Deux unités de tests, une de 90 tonnes et l'autre de 300
tonnes, sont construites par Stettiner Vulcan Werke à
Stettin et essayées avec succès à
l'été 1944, mais le 20 Décembre 1944 le
projet est abandonné par manque de matières
premières et de main d'œuvre au détriment
d'autres projets.
Et pour finir, un projet de sous-marin remorqueur pour
transporter des V2 est resté sur la planche à
dessin.
Source : 'THE U-BOAT' d'Eberhard Rössler aux
éditions CASSEL&Co
