Kéroman



- Lorient tombe aux mains des Allemands le 21 Juin 1940 et le 26 Juin, le commandant de la marine bretonne (Marinebefehlshaber Bretagne) reçoit l'ordre de construire une base sous-marine à Brest ou à Lorient. Le choix s'est porté sur Lorient.
- Bien que les vannes, les équipements de pompage, les grues et les réservoirs de carburant aient été détruits, le chantier naval de Lorient est en bon état.
- L'U-Stelle Bretagne signale que Lorient est libre pour les sous-marins à partir du 06 Juillet. En Août 1940 dans le K.T.B. du commandant de la marine en Bretagne il est dit : « À Lorient des mouillages pour 20 bateaux (10 moyens, 10 grands) doivent être crées ainsi que l'équipement principal de stockage de torpilles avec 300 torpilles et environ 400 T.M.B. et du matériel d'exploitation doit être également stocké : pour le stockage des équipements, des consommables et des pièces de rechange dans la mesure où 10 petits, 10 grands et 20 bateaux de taille moyenne peuvent être équipés chaque mois (fuel-oil env. 4500 m³, huile moteur env. 200 t).»
- Le premier sous-marin allemand arrive le 05 Juillet à Lorient est l'U-30 (K.L. Fritz-Julius LEMP). Le bateau est suivi le 21 Juillet par l'U-34 (K.L. Wilhelm ROLLMANN), l'U-52 (K.L. Otto SALMAN), l'U-56 (O.L. Otto HARMS) et l'U-99 (K.K. Otto KRETSCHMER). Le Kptlt (Ing) Klaus Ehrhardt, L.I. de l'U-52, rapporte : « Quand nous sommes arrivés à Lorient en Juillet 1940, le port avait l'air assez mal en point, certains bâtiments étaient encore en flammes et dans le bassin du port, des navires étaient sabordés, nous étions camouflés avec des housses de ballons et nous sommes restés à Lorient jusqu'au 27 Juillet. Pendant ce temps, en plus de l'équipement, du carburant, de l'eau et des provisions, certains travaux de réparation nécessaires sont effectués. Entre-temps, un certain nombre de travailleurs du K.M.W. Wilhelmshaven sont arrivés, qui peuvent effectuer des travaux spéciaux, qui sont par exemple : rinçage les clapets d'échappement, réparation des périscopes, tests des vannes de haute pression, etc... Nous avons fait quelques petits travaux nous-mêmes, mais sinon l'équipage est envoyé au repos autant que possible, à l'exception d'une équipe de garde et les hommes ont bénéficié de 24 heures de vacances.»
- Grâce au travail rapide des équipes de réparation M.A.N., l'U-37 est le premier sous-marin à être amarré dès Août 1940.
- À Lorient, un système de remorquage pour chalutiers (Slipway) est également trouvé au port de pêche. De plus, cette unité, qui est en état de fonctionnement, est rapidement utilisée pour la réparation de sous-marins. En Août 1940 (du 19 au 25 Août), le bateau de type II-C l'U-59 est le premier U-Boot à utiliser le Slipway. Avec quelques bouteilles de cognac, le Lt (Ing) Heyne réussit à convaincre trois ouvriers du port de pêche d'expliquer la technologie du remorquage.
- Une fois les difficultés initiales surmontées, l'atelier de réparation et d'équipement de Lorient fonctionne rapidement. Dix-sept bateaux seulement sont révisés et rééquipés en Septembre 1940. En Octobre 1940, avec un effectif allemand de 650 hommes, dix sous-marins peuvent être révisés en même temps. Le K.M.W. Lorient s'appuie sur le chantier naval français rénové pour la réparation du sous-marin. Le plan est de mettre à niveau pour réparer 15 ou 20 sous-marins en même temps en période de pic. À cette fin 12 postes d'amarrage et quais avec 13 postes d'amarrage sont créés. Les trois cales sèches de Lorient peuvent accueillir huit sous-marins (tous les quais sont à nouveau prêts à être utilisés au milieu de 1941). Cinq bateaux de type VII peuvent être révisés sur le Slipway renforcé, ce dernier avait à l'origine une capacité de 200 tonnes. À la fin de 1940, sa capacité de charge est portée à 500 tonnes.

© BA/KO
Le slipway du Port de pêche de Kéroman (BA/KO)

- Quatre nouvelles places de stationnement sont construites autour du Slipway, dont deux avec des "Dom-Bunker" au printemps 1941.
- Le reste des travaux et la mise en place des équipements restants ont lieu sur les jetées dans la zone de l'Arsenal, à l'une de ces jetées l'U-43 (K.L. Wolfgang LÜTH) coule le 04 Février 1941. Martin Becker est témoin de l'accident : « "J'étais de service pour la nuit. La préparation du bateau pour le prochain voyage ennemi est presque terminée. Les batteries sont en charge pendant la nuit depuis le quai via le câble d'alimentation passant par le panneau par arrière. À 01h30, je fais ma dernière ronde dans le bateau et sur le pont et tout va bien. Le bateau set solidement amarré. Je me suis alors mis dans ma bannette. Vers 05h00 du matin, un cri effrayant retentit dans le bateau : "Sortez, le bateau est en train de couler !". Nous, les quatre hommes de service, nous nous tenons sur l'Isère et nous ne voyons que l'étrave de notre bateau qui sort de l'eau".»
- En tant que cause de l'accident, il est d'abord établi que les deux hommes de service ont oublié de transmettre l'ordre de l'U.Flottille, celui de fermer tous les panneaux lorsque l'équipage n'est plus à bord. Les moteurs diesel devaient être vidangés cette nuit-là. Cependant la vanne extérieure n'est pas fermée si bien qu'après la vidange, l'eau s'infiltre dans le bateau jusqu'au panneau arrière resté ouvert et le bateau coule. Le 05 Février, le bateau de nouveau hissé sur le Slipway. Les moteurs électriques du bateau sont devenus inutilisables sous l'action de l'eau de mer, il faut les enlever, les rincer à l'eau douce et les réinstaller. Ce n'est que le 11 Mai 1941 que le bateau peut naviguer à nouveau.
- Jusqu'au milieu de l'année 1941, Lorient est la base principale de la côte atlantique. Le chantier naval doit s'occuper de tous les types de sous-marins utilisés à l'époque. Avec la construction des chantiers navals de Brest et de Saint-Nazaire, le K.M.W. Lorient est considérablement soulagé, même si des bateaux sont encore stationnés pendant la phase de construction de ces chantiers navals (par exemple : l'U-564).
- Le chantier naval de Lorient s'est spécialisé dans la révision des bateaux de type IX de la 2.U-Flottille. Les bateaux d'autres types peuvent également être révisés, mais selon le type de réparation, il faut d'abord se procurer les pièces de rechange appropriées.
- À partir de Septembre 1941, la réparation des sous-marins se déplace vers l'U-Bunker fini. Le 25 Août 1941, l'U-123 (K.L. Reinhard HARDEGEN) effectue un hissage d'essai dans la première phase de construction du complexe du bunker "Kéroman" (cinq places). Le premier bateau révisé à "Kéroman I" est l'U-67 (K.L. Günther MÜLLER-STOCKHEIM), qui est amarré ici du 04 au 08 Septembre pour enlever les plaques de caoutchouc du revêtement "Alberich". À partir de Décembre, la deuxième partie de l'installation (sept places) peut être utilisé. Dans "Kéroman II" il y a une caserne pour 1000 hommes. Cependant, elle n'est utilisée à plus grande échelle que lors de l'encerclement de Lorient. La majorité des ouvriers du chantier sont logés dans un campement à Hennebont au Nord de Lorient. Toutefois, l'installation des cales sèches ne convient qu'aux réparations principales de sous-marins. Pour l'équipement des bateaux, un U-Bunker d'équipement spécial (U-Bunker du Scorff) avec quatre places est construit dans l'arsenal français. Dans ce bunker, les bateaux embarquent les torpilles et du mazout, effectuent des charges batteries et autres. Une partie de l'équipement des bateaux se déroule jusqu'en 1943 sur une jetée de l'arsenal français. Avec les bunkers de "Kéroman" et l'U-Bunker du Scorff, le chantier naval est en mesure de réviser et d'équiper tous les bateaux sous la protection complète de bunker dès l'automne 1941. Cependant, il y a une exception. Pour le démontage d'un ou des deux moteurs diesel, le bateau doit être déplacé sur l'un des quais de l'arsenal, afin de disposer d'une capacité de grue suffisante. Les travaux restants sont ensuite repris dans une alvéole asséchable ou dans un bassin à flot de l'U-Bunker du Scorff.
- Le K.M.W. Lorient est en mesure de fournir tous les éléments imaginables pour effectuer des travaux de réparation sur les sous-marins. Néanmoins, en 1942, certains bateaux sont renvoyés pour être révisés (par exemple l'U-43, l'U-123). Les considérations de capacité et le fait que le bateau doit inévitablement se passer de la protection du bunker pendant un certain temps (démontage diesel par exemple) peut jouer ici. Le 05 Août 1942, le sous-marin japonais I 30 arrive à Lorient. L'I 30 reste dans l'U-Bunker du Scorff pendant son séjour à Lorient. En raison de sa taille inhabituelle, le bateau fait saillie d'environ 10 mètres à l'arrière du bunker et s'échoue à marée basse. Le quai réservé pour l'amarrage du bateau n'a pas à être utilisé. Aucun dommage important n'est causé. Le bateau est repeint. Les travaux de réparation du safran de la barre de plongée arrière - remplacement d'une vis de fixation - sont effectués par des plongeurs allemands. À partir de l'automne 1942, l'augmentation du nombre de bateaux (arrivée de la 10.U-Flottille à Lorient) justifie la construction du bunker "Kéroman III". Dans sept alvéoles, l'U-Bunker offre des possibilités de révision pour 13 bateaux, de sorte que la capacité de réparation de Lorient passe à 29 bateaux. La construction des ateliers dans le bunker commence fin Septembre 1942 avec l'achèvement de la première alvéole. À partir d'Octobre 1942, les deux premières alvéoles sont probablement utilisées. Le premier bateau a entré dans "Kéroman III" est l'U-66 (K.L. Friedrich MARKWORTH) le 15 Novembre 1942. Après l'achèvement de toutes les alvéoles à l'intérieur de "Kéroman III", elles deviennent entièrement utilisables à partir de Février 1943. L'extension prévue de la capacité de Lorient à 50 sous-marins par la construction de l'installation "Kéroman IV" n'est pas réalisée. L'U-Bunker "Kéroman III" est maintenant complètement indépendant des stations de réparation non protégées. Désormais, les démontages des périscopes et les démontages de moteurs diesel peuvent être effectués dans l'U-Bunker. Cependant, l'U-Bunker du Scorff est encore utilisé comme bunker d'équipement. Les deux "Dom-Bunkers" du port de pêche sont désormais inutiles avec l'achèvement de "Kéroman I et Il". Le 18 Novembre 1942 le Slipway est détruit par un raid aérien américain [1]. Depuis lors, les "Dom-Bunkers" sont utilisés comme magasins de matériaux du chantier naval.
- Comme à Brest, il y a aussi à Lorient un cas de réparation qui se distingue de la masse des travaux occasionnels. L'U-505 (K.L. Peter ZSCHECH) est gravement endommagé par des bombes dans les Caraïbes le 10 Novembre 1942. Une bombe frappe le bateau derrière le massif sur le canon de 3,7 cm Flak. Des dommages importants sont causés à l'ensemble du bateau, dont un trou dans la coque épaisse au-dessus du compartiment diesel, et le diesel bâbord n'est remis en fonction que le 28 Novembre. Le bateau arrive à Lorient le 12 Décembre après une réparation de fortune qui limite la plongée. La réparation dure toute la première moitié de 1943. Ce n'est que le 03 Juillet, après 6 mois et demi au port, que le bateau peut repartir. Peu de temps après le départ, il y a des difficultés avec le radiogoniomètre. Il ne peut être rétracté, de sorte que la préparation complète à la plongée ne peut plus être faite. De plus, comme le G.H.G. (Voir Senseurs) tombe en panne et que le bateau perd du gasoil derrière lui, le commandant décide le 08 Juillet de faire demi-tour. De retour à Lorient le 13 Juillet, le bateau est au chantier naval du 14 au 31 Juillet. Les dégâts trouvés sont réparés et le 01 Août l'U-505 est ressorti. Deux jours plus tard, le bateau est de nouveau dans le bassin à flot. Au cours d'un test de plongée profonde, le bateau a commencé considérablement à craquer. Les craquements ont été suivis d'une entrée d'eau audible. Comme aucune explication aux bruits n'a pu être trouvée et que l'entrée d'eau n'a pu être localisée, le bateau est retourné à Lorient. Malgré des instructions précises, le chantier naval ne peut détecter une fuite. Le 14 Août, le bateau effectue sa troisième tentative d'entrer dans la zone d'opération. Lors de l'essai de plongée profonde de routine, le craquement est revenu à l'ancienne position. Lorsqu'il y a un problème sur le tube d'air, le commandant décide de revenir au port. Le tube d'air est ensuite équipé d'une nouvelle section centrale à Lorient. L'équipage devient nerveux, puisque les raids aériens lourds causent de nouveaux dommages, la "mise à la casse" serait probablement la plus facile ", pensent certains. Lorsque l'U-505 appareille de nouveau le 21 Août, il y a une trace d'huile après lui, il retourne à Lorient un jour plus tard. Le 18 Septembre, c'est le départ pour la cinquième patrouille contre l'ennemie, le bateau quitte "Kéroman III". Dans le Golfe de Gascogne, des dommages au radiogoniomètre se sont de nouveau produits, le 28 Septembre, le moteur de la pompe d'assèchement principale tombe également en panne. Le K.L. Peter ZSCHECH doit à nouveau ordonner le retour à Lorient.
- Outre l'U-505, les révisions de longueur supérieure à la moyenne (plus de trois mois) comprennent les révisions de base de l'U-66 (du 01 Septembre 1943 au 16 Janvier 1944), de l'U-103 (du 22 Juin au 21 Octobre 1942 et du 26 Mai au 23 Septembre 1943) et l'U-124 (du 26 Juin au 25 Novembre 1942). L'U-105 se trouve au chantier naval du 06 Juillet au 23 Novembre 1942 pour réparer les dommages de combat. Le bateau avait été tellement endommagé par un "Sunderland" qu'il a dû se réfugier dans le port espagnol d'El Ferrol. Il est mis à sec pour réparations. Peu de temps après, la traversée vers Lorient est un succès. L'équipage a été très chanceux d'être confronté à de lourds dégâts: une fissure de 2 mètres de long dans la coque épaisse, une des barres de plongée partiellement démolie, les superstructures perforée et bosselée, des fissures dans les ballasts, le diesel tribord arraché.
- Établi comme base principale des sous-marins allemands à l'été 1940, le chantier naval de Lorient effectue la plupart des réparations des U-Boote (492) à partir des cinq chantiers navals de guerre sur l'Atlantique. À partir de juillet 1943, le nombre de bateaux dans le chantier naval diminue. En Novembre 1943, le chantier naval atteint son plus bas niveau historique avec seulement cinq bateaux pendant huit jours.
- Les navires de surface sont également déplacés vers les bunkers de Kéroman. Dans "Kéroman III", les chasseurs de mines cherchent à se protéger des raids aériens ennemis et pendant le siège de Lorient contre les tirs d'artillerie. Les M-Boot doivent couper leur mât pour pouvoir rentrer dans le bunker. L'entrée et la sortie ne peuvent être effectuées qu'à marée basse. En outre, plusieurs chasseurs de sous-marins sont réparés sur le slip dans "Kéroman I".
- Le journal de Peter Charton, chef du département de génie mécanique (département IV), illustre ce qui s'est passé à Lorient de mai 1944 à mai 1945 :

« En Mai 1944, les rumeurs d'une invasion imminente s'intensifièrent. Les activités des terroristes s'intensifient; tous les quelques jours, il y a un acte de sabotage. La ligne ferroviaire Auray-Lorient est interrompue une à deux fois par semaine, ce qui entraîne une perte de travail notable en raison de la persistance des travailleurs français et de l'arrivée tardive du personnel des chantiers navals allemands. L'entrepôt de pièces détachées de la station de construction navale de Baud est attaqué et partiellement détruit. Les deux magasiniers âgés ne peuvent rien faire contre les troupes lourdement armées ; ils rampent dans le grenier et s'en sortent la peau intacte. Les bus des chantiers navals qui amènent les cuisiniers français des villages environnants doivent avoir des gardes. En Languidic, on tire sur un bus et un soldat est tué. Le petit train à destination de Locminé doit être conduit par nous-mêmes, avec une garde du train renforcée. Il sera bientôt interrompu, car l'effort n'en vaut pas la peine. Les unités militaires sont beaucoup trop faibles pour affronter efficacement les terroristes. Étonnamment, il n'y a pratiquement pas de sabotage dans le chantier naval lui-même. Une attaque contre la chaufferie de l'Arsenal l'a détruit à moitié. Une chaudière reste opérationnelle, car une charge explosive ne s'est pas déclenchée. La fixation d'une charge explosive sur le compresseur mobile 'Junker' ne fait que détruire le système de refroidissement; les dommages sont vite réparés. En revanche, l'alimentation du réseau à haute tension est souvent interrompue et des dommages mineurs se produisent dans un poste de transformation. Le 06 Juin à 03h15, l'alarme est déclenchée pour la première fois. Nous allons à Lorient selon les ordres et nous nous présentons au bunker de commandement du chantier naval. Les nouvelles sont mauvaises. En tout état de cause, il est clair que, dans l'affaire il n'y a pas eu de débarquement sur nos côtes. Niveau d'alarme I encore la nuit suivante; la situation semble évoluer favorablement. Le directeur du chantier naval exige maintenant que les chefs de service dorment la nuit dans le bunker pour que le cas échéant ils soient en place immédiatement. Comme l'avancée attendue de l'invasion ne réussit pas et que la situation du trafic devient de plus en plus tendue - le transport matériel entre Paris et Lorient n'a lieu qu'avec des camions - la décision est prise d'évacuer le personnel féminin. Le 12 Juin, une caravane avec 80% des filles est envoyée à Strasbourg sous la direction d'un Oberleutnant où elle arrive sans problème. Seules des filles sont laissées pour les besoins les plus urgents, y compris celles qui ont été désignées par le commandant de la forteresse comme téléphonistes et opérateurs radio. Mais après qu'il y renonce, le reste du personnel féminin, dirigé par le contremaître Zeigerer, est emmené en bus à Paris le 08 Juillet, d'où ils atteignent l'Allemagne par le train. Seul le personnel garde encore deux femmes et quelques opérateurs téléphoniques qui restent à Lorient.»
- La situation tendue du trafic cause de graves problèmes de pièces de rechange au chantier naval, en particulier pour ce qui est des 'Schnorchel'. Un rapport sur la situation des chantiers navals de l'Atlantique en Juillet 1944 dit du K.M.W. de Lorient :
« Les chaudronniers sont surchargés de travail pour l'installation du 'Schnorchel' sur les bateaux de type IX. La tentative d'obtenir des coudes de tuyaux pré-cintrés de Wilhelmshaven échoue. En raison des difficultés de transport, le but doit être d'avoir des collecteurs centraux faits pour les chantiers navals dans une usine de la région. Lorient essaie de commander chez Deschimag pour la version II (Type IX-C) des sections de tube usinées prêtes à l'emploi, qui doivent être livrées pré-courbées aux différentes bases.»
- Brandérion est évacué en hâte entre le 02 et le 04 Août. Le 03 Août le camp d'Hennebont est abandonné. Les hommes sont logés dans le camp de rocher (Ploemeur) ou dans le bunker. Les gens ont besoin d'entrer Kéroman. Le 03 Août, l'anniversaire de l'amiral est célébré à l'Arsenal avec un repas de homard comme dernier repas. Les 05 et 06 Août, les M-Boote de la 2ème Flottille de Lorient partent vers le Sud pour y être mis hors service là-bas. Les équipages doivent se rendre en Allemagne par voie terrestre. Cela nous donne l'occasion de mettre certains de nos gens - en particulier des maîtres et des contremaîtres compétents - à la disposition de notre pays. Le 05 Août, 103 hommes quittent Lorient. Le lendemain, les gens de Ressort II et III suivent. Immédiatement après l'embarquement le 06 Août, un raid aérien lourd sur Kéroman a lieu, au cours duquel, pour la première fois, on dit que ce sont des "bombes sismiques" de 6 tonnes qui sont utilisées. Les U-Bunkers tiennent bon, mais ils sont légèrement endommagés. Dans K III, le coffrage du plafond s'est enfoncé et le slipway de K I est touché. A côté de K II, des camions avec des munitions explosent. Un poste de commandement à l'entrée de Kéroman explose. Il y a plusieurs pertes, même parmi le personnel du chantier naval. L'entrepôt de pièces détachées d'Hennebont n'a pas encore été déblayé. Le 07 Août, les gens travaillent encore normalement. Vers midi, les chars américains passent. Certains membres du personnel peuvent encore retraiter à travers les champs par le pont ferroviaire avant qu'il n'explose. Les vieux policiers des chantiers navals et deux vieux magasiniers deviennent fous et partent en captivité. Le même sort est subi par trois membres du personnel G... La garde Hako de 30 hommes de l'usine d'oxygène Lochrist peut encore passer à travers. Au cours du 07 Août, l'enceinte sera fermée. Les chars américains ont évidemment deux objectifs en tête: 1) Maîtrise de la route Vannes - Hennebont - Quimperlé - Brest. 2) Prendre par surprise la 'Festung' Lorient.
- Le premier objectif stratégique est atteint tandis que l'autre objectif est contrecarré par la supériorité de l'artillerie de la brigade navale de défense antiaérienne (Flak). La Bretagne fait partie des défenses de l'AOK 7 (Général Dollmann). Dans notre région se trouve le XXV Corps d'Armée (Pontivy, 30 km à l'est de Lorient), qui comprend les troupes des îles anglo-normandes à St Nazaire. Le commandement général doit se retirer à Brest début d'Août. Puisque cette ville est déjà encerclée, le XXVe Corps d'armée se décide pour Lorient où il arrive le 03 Août avec « Sacs et paquets » (Sack und Pack). Une ligne colorée de voitures et de camions avec des meubles, des filles, etc. roule dans les rues. De l'approvisionnement, des Goliath et d'autres armes sont abandonnés. Le KptzS Kals de la base des U-Boote arrête une voiture et demande: « Qu'est-ce que c'est ce cirque ? ». Le commandement général s'empare immédiatement de la moitié des bunkers, qui doivent être nettoyés par nos hommes. Naturellement aussi dans K II encore des espaces appropriés sont exigés. Les alvéoles sont occupées par des véhicules et des troupes. Les jeunes troupes de combat sont envoyées sur le front Nord ».

- Heinz Lehninger, membre de la 77e Division d'infanterie, est l'une des personnes déplacées qui arrivent à Lorient dans la nuit du 03 au 04 Août 1944. Il se souvient :

« Nous, c'est-à-dire sept dispersés (toujours à la recherche de leurs unités - cinq hommes de ma compagnie de radio, un chauffeur d'une voiture d'état-major de division et un sous-officier qui était aussi notre porte-parole (ayant le grade le plus élevé de la "troupe"), sommes arrivés à Kéroman vers 23 heures, car nous avons quitté l'ancien siège de la XXV Armée à Pontivy, seulement après 21h00. Quand nous nous sommes arrêtés dans la semi-obscurité sur la zone devant les bunkers gigantesques, nous étions bien sûr impressionnés en tant que «nouveaux venus» par ces bâtiments. Sur le terrain ainsi qu'à l'intérieur du bunker devant nous (K III) il y avait une "grande compagnie" des nouveaux arrivants. Sans autre orientation, nous avons rejoint le bunker. Nous avons d'abord vu un escalier menant à l'entrée. Nous nous sommes retrouvés au deuxième ou au troisième étage. Nous nous étions déjà mis d'accord de nous tenir debout devant nos véhicules en cas de perte le lendemain matin à 09h00. Je me vois encore assis à une table ronde sur le palier. Deux ou trois hommes de mon unité ont une conversation animée avec un ou deux ouvriers du chantier naval qui voulaient en savoir plus sur la situation générale, notamment sur la situation militaire en Normandie et en Bretagne. Et encore et encore les questions: "Comment cela va continuer?" A deux heures du matin, j'ai accepté l'offre d'un ouvrier de descendre vers les sous-marins. Entre-temps, la "tempête" s'était calmée, parce que tout le monde avait hâte de trouver un endroit pour dormir. Je me souviens d'une large route devant le bunker menant aux deux sorties. De la route, plusieurs bassins sont ouverts vers la mer. Dans le premier bassin, j'ai vu un sous-marin amarré à droite, dans les alvéoles suivantes, il y avait des bateaux dans l'eau, mais maintenant je suis fatigué. En remontant, j'ai trouvé une place pour dormir dans le cinéma presque complet ».

- Le journal de Peter Charton continue :

« Après le chantier naval est fermé et tous les hommes sont déployés dans leurs compagnies d'alarme de chantier naval (WAK). Le 16 Août, il y a un autre transport maritime important. Y compris le dernier personnel féminin, dans la mesure où il ne travaille pas à des fins hospitalières. Une fois la situation clarifiée, les hommes retournent aux ateliers. Seul le 1.- 3, WAK reste. Caractéristique de la situation à Paris: Sur notre FT, on apprend que la réparation des U-Boote s'est arrêtée et que les gens de la WAK sont utilisés, vient la question classique "Pourquoi Lorient est-elle attaquée? ».
- Le chantier naval est chargé de terminer l'entretien des sous-marins pour le 05 Septembre au plus tard, ce qui est un succès. Les bateaux hors service l'U-123 et l'U-129 restent sans surveillance. Avec les bateaux qui partent, nous pouvons toujours donner des hommes. Malheureusement, tout le monde n'arrive pas à la maison en toute sécurité. Le 26/27 août, l'amiral Marinebaurat envoie UMLAUF avec l'U-853 dans son pays d'origine, après quoi je prends en charge le département III. Le 05 Septembre le dernier U-Boot qui appareille est l'U-155 sous les ordres du Lt Ludwig von FRIEDEBURG. Les deux bateaux arrivent sains et saufs à la maison. Le Commandement général n'est pas du tout confiant. Au début on nous prévoit 3 à 5 jours, mais la ligne de front devient stable et ils prévoient un peu plus de calme. Les stocks et les fournitures sont enregistrés. Il en résulte une prise en charge de 55 jours, puis 85 jours, puis le rendez-vous est fixé du 01 Janvier 1945 au 01 Avril 1945 et finalement on essaie de rester avec la nouvelle récolte jusqu'en Août 1945. La 'Festung' contient environ 25000 Allemands et 3000 Français...
- Au sein du chantier naval, le problème du logement doit d'abord être résolu, ce qui est devenu particulièrement urgent en raison de la confiscation partielle des casernes du bunker. Les hommes du département IV sont pour la plupart placés dans le camp de Ploemeur. La liaison se fait avec une petite ligne de chemin de fer. Le reste utilise les bureaux vides et des ateliers de l'alvéole 11. A l'origine, nous avions prévu l'atelier des compresseurs Junker comme abri d'urgence. Ma chambre sert d'infirmerie. Les cadres et les employés ainsi que les fonctionnaires dorment dans leurs bureaux. Les hommes du Département III sont beaucoup plus malheureux dans les pièces annexes de l'atelier. Les pièces sont humides et la situation est tentante pour se partir Ce n'est qu'en Février 1945, qu'il est possible d'installer trois grandes baraques à côté du Slip de K I. L'amiral se déplace d'abord avec son état-major dans les locaux des torpilles du K II. Bien sûr, les chambres doivent être préparées "de manière appropriée". Cependant, l'installation d'une chaudière a l'avantage que ma pièce peut également être raccordée... En outre, l'amiral reprend la maison de l'OT Oberbaurats Hepp en ville. Tout le personnel de l'Organisation Todt est parti, malgré le manque de moyen il a pu emporter une grande partie du matériel. Au début de 1945, lorsque les tirs d'artillerie ont augmenté dans la ville, l'amiral a fait construire une villa à Lomener sur la plage et a déménagé. Je suis l'un des rares imbéciles qui se passent d'un tel confort et se contentent de leur bureau avec un confort spartiate.
- Pour les habitants de Kéroman, un tuyau (entre Kl et la centrale électrique) est utilisé pour créer un système de douche, en plus de K I, une connexion à la chaufferie à vapeur est effectuée. Nous ferons en sorte que l'installation K III soit utilisée pour les soldats.
- Alors qu'à l'origine seulement trois WAK étaient stationnés, le chantier naval est constamment poussé par le Commandement Général à remettre plus de personnel pour les unités de combat. En même temps, nous sommes surchargés de tâches vitales et ne pouvons, comme les unités du front, faire de l'agriculture et du calvados. On me dit que ce sont des troupes entraînées qui, en cas d'urgence, sont immédiatement disponibles, alors que les gens du chantier naval ne sont pas entraînés. Au fil du temps, environ 400 hommes seront retirés des 1000 hommes, mais il n'y aura plus d'unités de chantier naval. Les vieux et les faibles sont mis à la disposition du bureau de poste du chantier naval, qui dépendait autrefois des aides français...
- Fin Décembre, une liaison aérienne entre l'Allemagne et Saint-Nazaire est établie, suivie d'autres besoins en personnel. Comme il ne s'agit que de fonctionnaires et d'employés, l'amiral envoie aussi des contremaîtres plus âgés à ma suggestion. Dans l'ensemble 21 hommes sont ainsi recrutés par le Département III/IV. Le reste de la main-d'œuvre est réparti en quatr catégories W.A.K, dont deux sont utilisés pour la démolition de Kéroman et de l'arsenal. Par la suite toutes les compagnies doivent rejoindre le Bataillon Mik et défendre Kéroman. Les munitions explosives sont déjà disposées dans l'arsenal, car les zones sont très étendues... Je reprends la 10ème W.A.K. (compagnie de déminage de Kéroman) et découvre ainsi la défense planifiée de Kéroman, que je trouve assez mal conçue. Les trois compagnies régulières (deux troupes de forteresse et l'une de la 14e flottille de chasseurs de sous-marins) ont occupé des positions étendues. Les W.A.K. sont à peine formée au combat, des progrès doivent être effectués. Les WAK reçoivent une formation d'une demi-journée tous les 14 jours, ils ne possèdent pas d'armes lourdes. Dieu merci, ce n'est pas encore le combat ! Je suppose que c'est le point de vue du commandant de bataillon sur ses hommes. Le chantier naval est entièrement occupé par le travail. Tout d'abord, les sous-marins et les navires sont terminés. Ensuite, le Bataillon est entièrement utilisé pour renforcer la forteresse. Les services publics sont construits (moulin, boulangerie, boucherie, etc.). Le point culminant est sans aucun doute l'achèvement et la mise en service de la centrale à vapeur, qui l'Organisation Todt avait laissé à moitié fini. La production d'électricité était initialement possible uniquement à travers la centrale diesel. Outre le fait que les diesels ne sont pas adaptés à un fonctionnement continu, le stock de gasoil est très rare. Le maintien de l'alimentation électrique est décisif pour l'entretien de la forteresse. Sur la base des résultats et des plans incomplets (le contremaître superviseur n'est pas revenu d'un voyage d'affaires en Juillet), nous essayons d'achever la mise en place de turbines et de chaudières. Fin Octobre 1944, nous pouvons fièrement envoyer le 1.kWh dans le réseau. Il s'agit d'une turbine de 2500 kVA de l'ancienne Base Lorient, qui est exploitée par les chaudières destinées à l'origine uniquement au chauffage. De La Pallice, nous recevons deux fois du mazout de chauffage. Puis le pétrolier "Mary" est envoyé par le fond pendant un transit. Notre système de combustion de mazout supplémentaire construit par nos soins fonctionne de manière satisfaisante. D'ailleurs, tous les restes de charbon de la forteresse sont raclés ensemble. Le coke est broyé dans des moulins en pierre. La plupart des charbons ne sont que de la terre noire. Les traverses de chemin de fer sont également brûlées en continu. Une société russe entière est occupée à se procurer et à déchiqueter les 110 traverses nécessaires quotidiennement.
- Dans un premier temps, l'électricité est fournie en continu, nous aurons bientôt besoin de coupures. Tout d'abord, à 23h00 puis à 21h00. À partir de Janvier 1945 il ne reste de l'électricité que de 07h30 à 17h30. Comme environ 2000 hommes vivent dans la zone des bunkers de Kéroman, c'est bien sûr très dur. Un éclairage de secours est installé dans les bunkers, mais il manque une batterie pour le faire fonctionner. Cette question peut être bien résolue en se branchant sur l'U-123. En dehors de Kéroman, seuls les services publics et les postes de commandement importants reçoivent de l'électricité pendant la journée ; lorsque le branchement direct n'est pas possible ou que les lignes d'alimentation ne peuvent être raccordées, des batteries de torpilles ou celles des U-Boote sont installées. Une tentative avec trois remorqueurs à vapeur convertis en centrales électriques ne réussit pas parce que le degré d'irrégularité des moteurs à vapeur sans contrôleur est trop grand pour les générateurs synchrones. Même une grosse locomobile, qui est installée pour la brigade antiaérienne, ne dégage guère de puissance utile par le chauffage au bois. De nombreuses unités utilisent notre aide pour installer des roues hydrauliques, des locomotives, des machines à vapeur et des éoliennes. Cependant, seules quelques éoliennes fonctionnent de manière satisfaisante. Bien sûr, nous avons aussi beaucoup de travail à faire sur l'alimentation électrique et la distribution dans toute la zone de la forteresse. En Février 1945, nous devons passer au diesel pour quelques semaines de plus. Il y a eu un embrassement dans un des roulements. Nous commandons des bobines de rechange en provenance d'Allemagne, mais en même temps, nous essayons de réparer les dégâts nous-mêmes. L'auto-assistance réussit bien, puisque la livraison de remplacement de l'Allemagne n'arrive pas. Le suivi de la consommation d'électricité est assuré par une commission de l'énergie comprenant des représentants de la marine et du département du district. La direction est assurée par le KptzS (Ing) Richter du Ressort I. Après sa nouvelle affectation c'est le KptzS Kals qui prend la présidence. Plus tard la commission est dissoute par l'amiral.
- L'approvisionnement en eau est plus ou moins contrôlé par moi en coopération avec le Département de la Marine. Les usines d'eau de Lochrist et de Pont Scorff sont situées à l'extérieur de la forteresse. Tout d'abord, nous nous contentons du stock de Keryado, pour lequel il existe encore une petite usine d'alimentation. Plus tard Plomeur est relié à Kéroman. Le prélèvement est strictement rationné. La plupart des unités dépendent de l'approvisionnement par des puits. Par la suite Keryado tombe sous le feu de l'artillerie et Plomeur est souvent en dérangement. Nous sommes alors seuls à Kéroman et nous comptons sur un puits à Port Louis, d'où l'eau doit être apportée par deux bateaux-citernes. L'un des deux est envoyé par le fond par l'artillerie. L'eau est disponible 3 fois par jour pendant 1/2 heure avec des possibilités de prélèvement limitées. Nous passons à l'eau de mer qui, bien sûr, ne fonctionne qu'à l'heure actuelle. Le consommateur principal est l'usine de chaudière. Tout d'abord, je peux fournir au bunker 1000 m³ d'eau douce provenant de Lochrist. Plus tard, nous devons mettre de l'eau 'dure' provenant de Lorient, mais une inspection intermédiaire de la chaudière montre peu tartre...
- L'usine d'oxygène de Lochrist est perdue. Nous essayons de rendre fonctionnelle l'usine d'arsenal. Nous réussissons à le faire, mais elle est ensuite détruite par les bombardements. Nous ne recevons que de temps en temps de l'oxygène de Saint-Nazaire, pour lequel nous devons livrer du carbure (composé chimique du carbone) là-bas...
- Une question épuisante est la lutte pour chaque endroit du bunker. Bien qu'il soit certain que les véhicules à moteur du commandement général ne puissent plus être utilisés en grande partie à cause du manque de carburant, les alvéoles sont demandées comme salles de stockage. Le chantier naval, par contre, continue de garder ses navires à l'extérieur de manière décentralisée et bien conduite. Particulièrement émouvant est l'IVb (médecin senior Dr. Riecke), qui voudrait faire de tout Lorient un hôpital. Même s'il faut s'attendre à des combats décisifs et que certains sont arrivés de Brest (Oblt Jenne, l'adjudant du commandant de la mer Bretagne, est venu à Lorient peu avant la fin avec un bateau de pêche de Brest), le Dr Riecke exagère évidemment ses exigences. Les principaux sites de campement sont: l'Hôpital maritime, le bunker "Hundius" et "Salzwedel", l'hôpital de l'Ile de Groix, l'atelier des compresseurs Junker de KII, l'alvéole 5 de K I, les salles du commandement des torpilles en K III. Avec beaucoup d'efforts vers la fin même le sanatorium de Kergas est réquisitionné. Les chambres d'hébergement pour les médecins sont visibles partout. Bien sûr, il n'y a pas de coupures d'électricité là-bas non plus. Bien que la marine, avec le KptzS Richter, soit le Commissaire du Bunker, en cas de doute l'armée prend le pas sur le commandant de la forteresse...
- Le chantier naval contribue largement à la mise en place des hôpitaux susmentionnés. Nous fabriquons également des béquilles, des attelles, des civières, tout type d'équipement et même des pinces chirurgicales spéciales. Le laboratoire fabrique des produits d'anesthésie à partir du 'Calva' dont les stocks sont épuisés.
- Pour le reste, nous devons faire ce qui suit : Révision d'un ancien char Renault français trouvé sur l'aérodrome, construction de canons automoteurs blindés et de voitures de reconnaissance blindées, transformation de voitures en véhicules de reconnaissance M.T.W. en deux groupes de réserve. Le char a même reçu un lance-flammes que nous avons fabriqué. En raison d'un manque de carburant, cependant, le groupe blindé n'est maintenu en attente et n'est pas utilisé. Production de canons pour le regroupement des canons antiaériens, construction d'un canon sur rail, installation de boucliers de protection, construction de bases d'entraînement pour les canons de tous calibres ; les sous-marins ont apporté des Panzerfäuste et des projectiles pour les canons blindés. Les tubes pour cela sont fabriqués au Ressort II. En outre, la production de lance-flammes, la révision de Goliaths, la construction de Panjewagen (sorte de charrette hippomobile) en utilisant des essieux de camion, la fabrication de harnais de cheval, fers à cheval, 6000 piques d'infanterie, guêtres, 500 ustensiles de cuisine. Les pantalons bleu marine sont rendus utiles pour les unités d'infanterie en pulvérisant de la peinture de camouflage. En plus, bien sûr, des réparations de toutes sortes. Les camions sont convertis au gaz de bois sur une plus grande échelle, ce qui permet de produire des pièces en interne...
- L'activité aérienne de l'ennemi reste insignifiante. Après l'attaque majeure du 06 Août, une attaque combinée de chasseur-bombardiers sur Kéroman se produit le 13 Août, au cours de laquelle des bombes explosives sont lancées (porte 5 de K I bloquée). Sinon, seuls les observateurs d'artillerie et les attaques individuelles sur les positions des batteries se produisent. Le 30 Novembre 1944, un incident amusant s'est produit. Un "B-17" revenant de l'attaque de Leipzig apparaît au-dessus de Lorient, qui prend pour un aérodrome anglais. Alors qu'il fait le tour de l'aérodrome détruit, il est la cible d'amis et d'ennemis. Il fait alors un atterrissage sur le ventre, l'équipage s'en sort sain et sauf et est échangé contre d'autres prisonniers allemands. L'essence est une chose particulièrement précieuse. L'échange de prisonniers n'est pour nous à cet égard pas une mauvaise affaire car on peut faire entrer des gens dans la forteresse. De cette façon, deux médecins viennent à la forteresse. Au début de Mai 1945, il est indiqué que l'attaque de Lorient est imminente. Cinq divisions marocaines et 200 chars canadiens sont rassemblés. Ils sont censés attaquer le 10 Mai. Pendant ce temps, l'Allemagne se rend. Il y aura un cessez-le-feu le 08 Mai et le 10 Mai, la forteresse se rend au général américain Cramer.»

Ouest-France du 27-28 Février 2021


Glossaire.



[1] 13 B-24 du Group 93 attaquent Lorient à 12h03 et larguent 156 bombes de 500lbs à 17500 pieds. Sur le port de pêche 27 points de chute sont répertoriés et sont placés dans un rayon de 50 mètres dont le Slipway est le centre.


Traduit librement de l'ouvrage "Die deutschen Ubootbunker und Bunkerwerften" de Sönke Neitzel chez Bernard & Graefe Verlag.
Source pour les bombardements : "LA BRETAGNE BOMBARDÉE 1940-1944" d'Éric Rondel aux Éditions Ouest & Cie.



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