Etappe Mittel- Und Südamerika

L'Amérique centrale et l'Amérique du Sud, qui ont fourni de bons services dans le système de ravitaillement pendant la Première Guerre mondiale, ne peuvent remplir cette fonction que dans une mesure limitée pendant la Seconde Guerre mondiale. Il y a plusieurs raisons à cela :
- La Grande-Bretagne et le Canada ont mis en place des services de patrouilles efficaces devant de nombreux ports et côtes afin d'empêcher les départs de ravitailleurs.
- Plusieurs pays d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud sont beaucoup plus dépendants des États-Unis sur le plan économique.
- L'US Navy patrouille également devant de nombreux ports et accompagne les navires allemands en partance, ce qui entraîne souvent leur arraisonnement par des navires anglais ou canadiens.
- Dans le golfe du Mexique, de nombreux navires allemands ont trouvé refuge en raison de l'ordre mal compris des « 4 jours ». Aucun d'entre eux ne peut être utilisé comme ravitailleur. Même le pétrolier Emmy Friedrich, en service depuis le 25 Août 1939 sous les ordres de la Kriegsmarine, qui est le premier ravitailleur de l'Etappe américaine le 15 Octobre 1939, est arraisonné avant d'avoir rempli sa mission. Le navire doit être transformé de la combustion de charbon à la chaufferie au pétrole avant d'être utilisé à Tampico, car il n'est pas possible de se procurer du charbon pour l'exploitation propre du navire au Mexique. Ce pétrolier doit approvisionner le Panzerschiff Admiral Graf Spee en huiles spéciales et en gaz carbonique dont il a un besoin urgent, effectuer le premier ravitaillement de U-Boote en mer et acheminer sa cargaison de 40 000 barils de gasoil vers l'Etappe allemande aux îles Canaries.
- Environ un an plus tard, un autre navire allemand est envoyé depuis un port mexicain, Manzanillo, sur la côte Pacifique, pour ravitailler le croiseur auxiliaire l'HSK 1 Orion. Ce navire, le Weser, est également victime des patrouilles.
- Les tâches de ravitaillement de l'Emmy Friedrich sont reprises par un navire de l'étape chilienne, le M/S Dresden, mais également sans succès, car aucune rencontre n'a lieu. Le 15 Novembre 1939, le navire entre dans le port brésilien de Santos.
- Malgré l'attitude généralement amicale des autorités, l'équipement en carburant au Chili n'est possible que difficilement et en très petites quantités. En Décembre 1939, le Düsserdolf NDL reçoit donc l'ordre de se rendre à Antofagasta avec 700 tonnes de pétrole comme dépôt de carburant. Il quitte Valparaiso le 13 Décembre, mais le 15, le croiseur britannique H.M.S. Despatch l'intercepte et le capture - la tentative de sabordage échoue.
- Il est significatif, compte tenu de la situation critique du carburant dans l'étape chilienne, que le M.S. Portland, avec une précieuse cargaison de cuivre, doit quitter Talcahuano en Janvier 1941 avec un approvisionnement minimal en carburant. Ce n'est qu'à partir du Troßschiff Nordmark qu'il peut entièrement mazouter le 11 Février. Le Portland reprend simultanément 327 prisonniers de l'Admiral Scheer. Ceci est révélateur du changement de fonction des Etappenschiffe par rapport aux opérations de la Première Guerre mondiale. À cette époque, le principal problème est l’approvisionnement en carburant des bateaux à vapeur express (Schnelldampfer), gourmands en charbon, qui perturbent principalement les échanges commerciaux. Les prisonniers peuvent facilement être hébergés sur ces navires. À quelques exceptions près, les Handelsstörer de la Seconde Guerre mondiale sont les bateaux à moteur économiques qui se contentent d'un nombre relativement restreint de fournisseurs de carburant. Cependant, l'hébergement et le transport des prisonniers sont un problème qui nécessite une solution constante et est donc souvent la seule tâche des Etappen-V-Schiffen. Cette tâche n’est pas sans danger, comme le montre l’exemple du Portland. Lors du voyage vers Bordeaux, les prisonniers tentent de prendre possession de ce navire. La révolte est écrasée et Bordeaux est atteint le 14 Mars 1941.
- Fin 1941, le Portland est envoyé au Japon en tant que Blockadebrecher et retourne à Bordeaux pour la deuxième fois le 10 Mai 1942. Avec le Blockadebrecher Osorno, le Portland est le premier Etappen-V-Schiff à recevoir des appareils FuMB. En 1943, le navire est prévu pour le ravitaillement en carburant de l'Etappe Japan et en même temps comme ravitailleur pour le HSK 10 Coronel. Celui-ci doit cependant interrompre son voyage après avoir été endommagé par un bombardement dans la Manche. En raison de la situation difficile de l'ennemi, le départ du Portland est repoussé jusqu'au 29 Mars 1943, date à laquelle il réussit. Cependant, dans l'Atlantique Sud, le navire est pris en chasse par le croiseur français Georges Leygues le 13 Avril et se saborde.
- Cinq autres cargos sont directement acheminés du Chili vers l'Etappe Japan, sans servir de ravitailleur. Le Havelland (6 334 BRT) de Punta Arenas passe par Manzanillo (Mexique), d'où les deux petits navires d'apport (Zubringer) de la NDL, Quito et Bogota (1 231 BRT chacun), remorquent le navire avec des machines en panne à travers le Pacifique jusqu'à Yokohama. En 1941, l'Osorno de Talcahuano et le Rhakotis d'Antofagasta suivent. Le Rhakotis, Bogota et Quito ensuite assurent des missions de ravitaillement lors de l'Etappe Japan.
- Le 04 Avril 1940, le M/S Königsberg, amarré à Belem (Brésil), reçoit l'ordre d'appareiller de l'attaché naval de Buenos Aires. Il prend en charge 1 280 tonnes de gasoil de la Standard Oil et est prévu pour l'approvisionnement du Lützow, de l'Orion et du Widder. Le mazoutage du Widder est effectué le 06 Juin. Le commandant du croiseur auxiliaire, le capitaine von Ruckteschell, écrit ce qui suit dans son KTB :

Le Kapitän du Königsberg, le Kapt. Seegert, est un marin expérimenté qui était officier de prise sur le croiseur auxiliaire Kronprinz Wilhelm pendant la guerre mondiale et qui a à son bord un officier de prise de l'Amiral Graf Spee comme bras droit. Il veut prendre le pétrole en avançant à côté. Mais comme la composante maritime de mon navire n'est pas de premier ordre, je m'en tiens à mon plan et remorque le Königsberg selon une procédure connexe. Hormis une fuite au niveau du flexible qui a laissé une trace d'huile, la prise en charge s'est déroulée sans problème. Une manœuvre quelque peu imprudente d'un officier de quart lors d'un petit virage dans l'après-midi a endommagé deux tuyaux et le dispositif d'amarrage sur le Königsberg, sans, Dieu merci, affecter longtemps le mazoutage.
Le Konigsberg pompe 50 tonnes de pétrole par heure au début, et même 80 tonnes vers la fin de l'opération. Je navigue à 5 nœuds, avec lui en remorque, je fais effectivement 4 nœuds. Il fait lui-même des rotations de 3 nœuds dans l'eau. L'extenseur, fabriqué à partir d'un épais rostre de manille sur le modèle de l'Altmark, et en général tout ce que nous avons appris de l'Altmark, fait ses preuves sans problème. Les préparatifs jusqu'au pompage complet durent toutefois quatre heures. C'est une perte de temps douloureuse pour cette courte journée tropicale. Peu après 20h00, nous avons pris en charge 675 tonnes de pétrole et rempli nos citernes. Les ordres de désarrimage sont donnés dans l'obscurité en criant avec le mégaphone, ce qui a déjà été répété dans la clarté. A 22h30, les deux navires sont séparés. Sans l'utilisation d'une prise pliante ou d'une quelconque lampe de poche, toutes les manœuvres ont été effectuées sans trop de heurts.

- Le ravitailleur est ensuite modifié comme Blockadebrecher avec sa précieuse cargaison de cuivre et de caoutchouc, mais est rattrapé par un croiseur auxiliaire français dix jours plus tard. Le Kpt. Seegert réussit à éviter que le navire ne soit démoli par sabordage. Le Rio Grande à Rio Grande do Sul est prêt avec 1 000 tonnes de fioul à partir du 03 Mai 1940 comme fournisseur de réserve pour le croiseur auxiliaire Orion. Le navire n'est utilisé qu'en Octobre, lorsque le KSK 4 Thor a un besoin urgent de pièces de rechange pour sa machine défectueuse. Celui-ci est acheminé à Rio de Janeiro par des hydravions italiens et livré au Rio Grande. Avec le soutien du capitaine du port brésilien, le navire peut appareiller le 31 Octobre. Le 09 Novembre 1940, le croiseur auxiliaire se trouve au point « Meise » (28°S/20°W). Après le ravitaillement, de l'espace est créé pour 350 prisonniers et le navire est camouflé, entre autres, le mât très caractéristique situé entre les écoutilles 2 et 3 a été incendié et le nom du navire est changé par celui du navire jumeau Belgrano. L'objectif est d'éviter des complications pour le gouvernement brésilien et des effets négatifs sur l'Etappe Brasilien si le navire est déployé comme ravitailleur. Cependant, il s'avère plus tard que plusieurs des marins britanniques ont immédiatement reconnu le navire grâce à sa bôme de 80 tonnes. Le retour à la maison se déroule sans incident et le navire entre en Gironde le 13 Décembre 1940.
- Le navire a effectué un autre voyage Bordeaux-Kobe-Bordeaux en tant que Blockadebrecher du 21 Septembre 1941 au 10 Avril 1942. Le voyage suivant commence le 01 Octobre 1942 et mène à Yokohama et Batavia. Au retour, le navire est pris en chasse par le croiseur américain U.S.S. Omaha dans l'Atlantique Sud et coulé par l'équipage.
- Au printemps 1941, les deux derniers Etappen-V-Schiff quitte le Brésil. Lors de son départ le 28 Mars, le Dresden transporte environ 2 500 tonnes de fuel pour le ravitaillement du croiseur auxiliaire HSK 2 Atlantis, ainsi que de l'eau potable, de l'huile de graissage et du bois. Du 16 au 18 Avril, deux rencontres ont lieu entre les navires. Là encore, le ravitailleur prend en charge de nombreux prisonniers (341) et les ramène sains et saufs à Saint-Jean-de-Luz le 20 Mai. Environ un an plus tard, le Dresden effectue un autre ravitaillement en tant que Etappe Heimat.
- Dernier navire de l'étape de Santos, le M.S. Babitonga quitte le port le 24 Avril 1941, également destiné à l'Atlantis. Camouflé en M.S. Japara néerlandais, le ravitailleur opère du 04 au 30 Mai avec le croiseur auxiliaire et prend finalement en charge les prisonniers. Ils doivent être transférés vers l'un des tankers d'escorte l'Egerland ou l'Esso Hamburg, qui ont cependant déjà été victimes du « big round up » des Anglais. Ils ont pu être remis au M.V. Alstertor le 14 Juin, mais les deux navires sont victimes de la même action dans les jours qui suivent.
- Le Pérou est également prévu comme une zone de ravitaillement en Amérique du Sud, mais n'ai jamais utilisé. Même si suffisamment de carburant et de provisions sont disponibles en grande quantité à Callao, l'équipement cause de grandes difficultés. Au début de 1941, le gouvernement péruvien adopte une attitude particulièrement hostile. Le München et l'Hermonthis quittent ensuite Callao le 01 Avril sans être autorisés, poursuivis par un avion militaire péruvien qui renseigne vraisemblablement le croiseur auxiliaire canadien Prince Henry. Le 02 Avril, le München est retrouvé en feu par le croiseur péruvien Almirante Grau à 200 nautiques au large de Callao puis coule. Un peu plus tard, le croiseur rencontre le Prince Henry, qui rapporte la position de l'Hermonthis, qui brûle également. Le croiseur amène l'équipage de ce navire à Casma en tant que prisonniers. Le Monserrate et le Leipzig qui se trouvent à Callao sans carburant, sont incendiés par les équipages le 01 Avril lorsque l'armée péruvienne tente d'occuper les navires. Aucun de ces cargos destinés à être des Etappen-V-Schiffe ne peuvent remplir cette fonction.

Bâtiments de l'Etappe Südamerika (inclus le Mexique) :
- S.T. Emmy Friederich.
- M.S. Weser.
- M.S. Dresden.
- M.S. München.
- M.S. Leipzig.
- M.S. Düsseldorf.
- M.S. Portland.
- M.S. Königsberg.
- M.S. Rio Grande.
- M.S. Babitonga.
Bâtiments de l'Etappe Südamerika :
- M.S. Monserrate.
- M.S. Hermonthis.

Source : Tanker und Versorger der Deutschen Flotte 1900-1980.

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