H.M.S. "Firedrake" (H79)


H.M.S. Firedrake (© IWM)
H.M.S. "Firedrake" (© IWM)


Type
Destroyer de Classe E
Chantiers de Construction
Vickers-Armstrong yard, Walker-on-Tyne
Commandé
17 Mars 1933
Mise sur cale
05 Juillet 1933
Lancement
28 Juin 1934
Mise en service
30 Mai 1935
Caractéristiques techniques
Longueur : 100,27 mètres
Largeur : 10,13 mètres
Tirant d'eau : 2,59 mètres
Déplacement : 1428 tonnes
Déplacement maxi : 1970 tonnes
Propulsion
3 x chaudière Admiralty
2 x ensemble turbo-réducteur Parson de 36000 ch
2 x hélice
Combustible
446 à 470 tonnes de mazout
Vitesse maxi
35,5 nœuds
Autonomie
5500 nautiques à 15 nœuds
Armement
4 x 120mm
1 x 76mm
2 x 4 12,7mm puis 2/4 x 20mm
2 x 4 tube lance-torpilles de Ø 533mm (été 1940: 1 affût remplacé par le 76mm)
1 x grenadeur
2 x mortier (38 à 70 charges de profondeur
1 x Hedgehog
Détection
Asdic Type 121 puis 144
Radars Type 271, 286 puis 291 (veille air surface)
HFDF
Équipage
145 hommes
Commandant
Cdr. E. H. Tilden DSC RN
Victimes/Survivants
171/25+
Notes
Devise : Virtute ardens




- Commandé dans le cadre du budget de 1932, le destroyer de classe 'F' "Firedrake" est construit au chantier de Vickers-Armstrong à Walker-on-Tyne en Juillet 1933, lancé en Juin de l'année suivante et achevé en Mai 1935. Répétition de la classe 'E' (comme le H.M.S. "Exmouth"), le "Firedrake" et ses sister-ships sont entrées en service au sein de la 6th Destroyer Flotilla, Home Fleet en automne 1935. Mis à part les remises en état, le "Firedrake" passe sa carrière de temps de paix en patrouilles dans les eaux espagnoles et y reste pendant la guerre civile. Le 23 Avril 1937, il participe avec le croiseur de bataille "Hood" à la levée du blocus de Bilbao, écartant avec arrogance les efforts des unités de la marine nationaliste pour empêcher l'entrée de trois navires marchands britanniques dans ce port. Renumérotée 8th DF en Avril 1939, la flottille se retrouve en patrouille et en escorte avec la Home Fleet à Scapa Flow au début de la guerre. Le "Firedrake" est bientôt en action, le début d'une guerre exceptionnellement occupée. Le 11 Septembre, il navigue avec le porte-avions "Ark Royal" au sein de l'un des groupes de 'hunter-killer' anti-sous-marins conçus par l'Amirauté. Trois jours plus tard, une attaque infructueuse de l'"Ark Royal" par l'U-39 se solde par une attaque aux charges de profondeur par les "Foxhound", "Faulkner" et "Firedrake" et son équipage est fait prisonnier et la Royal Navy obtient son premier naufrage de la guerre. À la fin de ce mois, le "Firedrake" participe à l'opération pour ramener le sous-marin endommagé "Spearfish" de la mer du Nord. À l'exception d'un carénage sur la Clyde en Novembre, les patrouilles et le service d'escorte avec la Home Fleet se poursuivent jusqu'au 28 Mars 1940, date à laquelle le "Firedrake" est endommagé en s'approchant du destroyer "Icarus" à Invergordon, un accident qui le maintient en réparation à Cardiff pendant une grande partie du mois d'Avril. Le retour du "Firedrake" coïncide avec la campagne de Norvège au cours de laquelle il participe à la prise de Narvik, l'escorte de convois et enfin l'évacuation des troupes de Bodö et Harstad. Les dégâts causés par les bombes nécessitent des réparations sur la Clyde à la mi-Juin, à la suite de quoi il est temporairement affecté à la 4th DF, Home Fleet, avec laquelle il couvre l'extension de la barrière anti-mine de la côte Est à travers le Moray Falls par le 1st Minelaying Squadron.
- De retour à la 8th DF, il rejoint fin Août l'escorte de l'opération "Hats", le passage de matériel de guerre et de renforts navals de Grande-Bretagne vers Malte et Alexandrie, le "Firedrake" accompagnant le convoi jusqu'à Gibraltar. Il reste au sein de la Force 'H', patrouillant la côte de l'Afrique du Nord tenue par Vichy pour empêcher le passage des navires français, escortant les convois et menant le combat contre l'Axe jusqu'à l'été 1941. Le 18 Octobre 1940, alors qu'il escorte le convoi HG 45, il participe avec les destroyers H.M. "Hotspur" et "Wrestler" et deux hydravions "Saunders-Roe London" à une attaque réussie contre le sous-marin italien "Durbo" (classe "Adua") qui est abandonné puis sabordé à l'Est de Gibraltar. Le fait qu'un deuxième sous-marin italien, le "Lafolé" (un autre classe "Adua"), soit revendiqué au Sud-Est de l'île d'Alborán le 20, c'est grâce à l'initiative des hommes du "Firedrake" et du "Wrestler" qui réussirent à récupérer des documents confidentiels indiquant les dispositions italiennes avant que le "Durbo" ne sombre. En quelques semaines, le "Firedrake" est impliqué dans l'opération "Collar", le passage d'un convoi vers Malte et de nouveaux renforts navals pour la Méditerranée orientale, qui se solde le 27 Novembre par la bataille peu concluante du Cap Spartivento. Le 01 Janvier 1941, le "Firedrake" participe à l'interception d'un convoi de ravitaillement de Vichy composé de quatre navires, qui est capturé intact et escorté jusqu'à Gibraltar. Plus tard dans le mois, il participe à l'opération de convoyage transméditerranéen sous le nom de code "Excess", puis rejoint la force 'H' pour "Result", le bombardement de Gênes le 09 Février. Cependant, le 01 Mars, il s'échoue dans un épais brouillard au large de Malaga, perdant son dôme Asdic et causant des dommages à ses hélices. Il doit être renfloué et amarré à Gibraltar avant de partir pour des réparations permanentes à Chatham fin Avril. À peine avait-il terminé ces réparations à Devonport qu'il retourne à Gibraltar au début du mois de Juillet qu'il est embarqué dans l'opération "Substance", le premier convoi fortement controversé vers Malte. En atteignant le goulet sicilien, dans la soirée du 23, le "Firedrake" est manqué de peu par une bombe italienne de 100 kilos qui explose sur le côté tribord au milieu du navire, causant de graves dommages structurels et inondant les chaufferies n°1 et n°2, les chaudières elles-mêmes étant soulevées de leur supports. Le 29 Septembre, le "Firedrake" entre à Gibraltar sous la remorque du H.M.S. "Eridge", où l'on prépare sa traversée de l'Atlantique pour des réparations complètes à Boston. Le 13 Septembre, il appareille de Gibraltar pour la dernière fois.
- Lorsque le "Firedrake" sort de son dernier carénage et de ses dernières réparations en Janvier 1942, les circonstances le destinent à la mission de convoyage dans l'Atlantique. Le travail d'escorte commence avec le Western Approaches Command et se poursuit avec des carénages périodiques sur la Clyde jusqu'au début du mois de Mai, lorsqu'il rejoint le 7th Escort Group à Londonderry. Après des réparations à Belfast fin Juillet et début Août, le "Firedrake" escorte le premier d'une série de convois ON et SC qui se termine par sa perte en Décembre.

- Le 11 Décembre 1942, le convoi lent ON 153 appareille de Liverpool à destination de New York. Après avoir traversé le canal du Nord, il est rejoint par le British 7th Escort Group composé des destroyers "Firedrake" (officier supérieur de l'escorte) et "Chesterfield" et des corvettes "Alisma", "Pink", "Snowflake" et "Sunflower". Sa traversée au cours des jours suivants va être gênée d'abord par l'une des pires tempêtes de l'Atlantique de mémoire récente, puis par le groupe de douze "Raufbold" qui attend à quelque 450 nautiques à l'Ouest de l'Irlande. Le 15, le convoi ON 153 est repéré par l'U-609 (Kptlt Klaus Rudloff) qui se trouve au centre du groupe "Raufbold" et réussit à amener une demi-douzaine de bateaux vers le convoi pendant la nuit. Les U-Boote sont aussi perturbés par la météo que l'ON 153, mais une fois le contact établi, car l'Asdic est pratiquement inutile dans de telles conditions et le repérage visuel improbable. Trois navires sont perdus le 16 : le pétrolier norvégien "Bello" et le britannique S.S. "Regent Lion" sont coulés par l'U-610 (Kptlt Walter von Fryberg-Eisenberg-Allmendingen) et le belge S.S. " Emile Francqui" à l'U-664 (Oblt.z.S. Adolf Graef). Le "Bello" et l'"Emile Francqui" coulent immédiatement mais le "Regent Lion" reste à flot et, à la tombée de la nuit le 16, le "Chesterfield" et l'"Alisma" restent à l'arrière du convoi, vraisemblablement pour prêter assistance. À 17h05, le convoi est à nouveau attaqué, ce qui entraîne l'ordre de lancer l'opération "Raspberry", c'est-à-dire le tir d'un barrage de fusées éclairantes pour tenter de forcer les U-Boote à plonger où ils peuvent être chassés par l'Asdic ou peut-être perdre tout simplement le contact. Alerté de l'activité des U-Boote au Nord, le Cdr. E. H. Tilden place le "Firedrake" en position solitaire à environ quatre nautiques au large du travers tribord du convoi, dans une mer démontée et un violent coup de vent de force 9-10. Peu avant 22h00 le 16, heure des Alliés (01h00 le 17, heure allemande), le bruit des hélices du "Firedrake" est capté par les hydrophones de l'U-211 (Kptlt Karl Hause) qui est en plongée. En remontant en surface pour enquêter, l'U-211 aperçoit le "Firedrake" qui ne fait que quatre nœuds dans une mer de face.
- Extrait du KTB de l'U-211.





- Frappant le côté tribord à côté de la chaufferie n°1 à 22h10 le 16, heure des Alliés, l'impact de l'U-211 fait fortement gîter le "Firedrake" sur tribord. En l'espace d'une minute, il se redresse puis se brise en deux au niveau de la cloison avant de la chaufferie n°3, la partie avant chutant sur tribord avant d'être emportée par le reste du navire. En saillie à vingt pieds au-dessus de la surface, elle est restée à flot pendant encore vingt ou trente minutes, tandis que les survivants de la section arrière regardent avec effroi les restes de leur navire. Conscients de leur situation, les survivants s'efforcent de consolider la cloison avant de la salle des machines, ce qui les empêche de partager le sort de ceux de la section avant. Des torpilles, des charges de profondeur et d'autres poids lourds sont largués de la section arrière qui reste, mais la fin ne peut pas tarder. À 00h45 le 17, les éléments ont fait leur victime : la cloison s'est effondrée et ce qui restait du "Firedrake" a coulé en quelques minutes, deux heures et demie après l'attaque. Le survivant le plus gradé, le lieutenant D. J. Dampier, a déclaré que la section arrière aurait pu rester à flot pendant des jours si le temps avait été moins violent, mais que les chances de sauvetage étaient nulles dans les conditions qui prévalaient.
- Le fait que Hause ait coulé un destroyer est reconnu par le B.d.U., mais le verdict de cette dernière sur la deuxième patrouille de première ligne de l'U-211 est loin d'être flatteur. Le rapport déplore la timidité de Hause en d'autres occasions, se laissant chasser des convois ou restant immergé bien plus longtemps que nécessaire. En guise de conclusion, le B.d.U. exprime l'espoir que 'l'heureux succès de l'U-211 auprès des destroyers aura renforcé l'assurance, la confiance et l'esprit d'attaque de son commandant'.

- La détonation et la désintégration successives du "Firedrake" causent la mort de la plupart des membres de son équipage, y compris le Cdr. Tilden, et ne laissent que trente-cinq hommes dans la section arrière. Des hommes sont vus en train de s'accrocher à la section avant jusqu'à ce qu'elle disparaisse, mais il n'y a aucune possibilité de leur porter secours et aucun n'a survécu de cette partie du navire. La corvette "Sunflower", qui se trouve alors de l'autre côté du convoi, va enquêter après avoir été incapable de joindre le "Firedrake" par radio et a finalement trouvé la section arrière vers 00h15 le 17. Le Capt. J. T. Jones RNR refuse de prendre le risque d'amener son navire le long de l'épave dans une forte houle (de nombreux survivants se souviennent de 'vagues de 60 pieds') et décide de tourner autour de lui jusqu'au lever du jour dans l'espoir que le temps se calme. Mais le "Firedrake" ne verra pas une autre heure, et encore moins une autre aube. À 0h45, la cloison de la salle des machines s'effondre et les trente-cinq survivants abandonnent le navire à l'aide des flotteurs Carley. Les chances de les ramener à bord semblent douteuses dans les conditions qui prévalent jusqu'à ce qu'un matelot de Terre-Neuve, l'Able Seaman George Furey, attache une ligne autour de sa poitrine, descend le filet de sauvetage du "Sunflower" et plonge dans le maelström pour tenter de les atteindre. Ayant atteint un filet de liège flottant auquel s'accrochent un certain nombre de survivants, Furey s'enroule dans le filet et ainsi permet aux personnes à bord du "Sunflower" de les hisser le long du filet de sauvetage. Furey est resté dans l'eau, nageant à plusieurs reprises vers des personnes isolées et les ramène vers le "Sunflower". Si deux douzaines d'hommes ont pu être sauvés, c'est en grande partie grâce aux efforts de cet homme dont le seul souvenir de l'événement est le regret de ne pas avoir pu en sauver davantage. Furey a reçu une mention dans les dépêches.
- Le Lt Dampier conclut son rapport officiel sur le naufrage en exprimant la vive 'admiration des survivants pour le sens marin et l'habileté dont a fait preuve le commandant [du "Sunflower"] dans des conditions très difficiles'. Ce n'est pas la première ni la dernière fois que l'Amirauté choisit de renoncer à une commission d'enquête car il n'y avait pas de questions en suspens auxquelles on pouvait s'attendre à des réponses.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 309, 310 et 311 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


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