H.M.S. "Somali"


H.M.S. Somali (© BfZ)
H.M.S. "Somali" (© BfZ)


Type
Chantiers de Construction
Swan Hunter & Wigham Richardson à Wallsend-on-Tyne
Commandé
19 Juin 1936
Mise sur cale
27 Août 1936
Lancement
24 Août 1937
Mise en service
12 Décembre 1938
Caractéristiques techniques
Longueur : 114,91 mètres
Largeur : 11,12 mètres
Tirant d'eau : 2,74 mètres
Déplacement : 1960 tonnes
Déplacement maxi : 2259 tonnes
Propulsion
2 × turbine à vapeur
2 × hélice
Puissance : 33000 kW
Vitesse maxi
36 nœuds
Autonomie
5700 nautiques à 15 nœuds
Armement
4 × canon double QF de 120mm Mk XII
1 × canon quadruple QF 2 A.A.
2 × quadruple QF 12,7 mm Mk III mitrailleuse A.A.
1 × tube lance-torpilles quadruple de Ø 533mm
20 × charges de profondeur
1 x rack
2 × lanceurs
Détection
Asdic
Équipage
190 hommes
Commandant
Lt Cdr. C. D. Maud DSC RN
Victimes/Survivants
82/155+

- Unité de la classe "Tribal", le H.M.S. "Somali" est construit au chantier de Swan Hunter & Wigham Richardson à Wallsend-on-Tyne le 26 Août 1936 et lancé presque un an jour pour jour plus tard. Achevé en Décembre 1938, il est mis en service comme navire de tête de la 2th Tribal destroyer Flotilla (renommée par la suite 6th Destroyer Flotilla) dans la Home Fleet, avec laquelle il est affecte le reste de sa carrière. Ses premiers mois sont marqués par la malchance : il est éperonné par le paquebot néerlandais "Sibajak" alors qu'il est ancré à Gibraltar en Février 1939 et, après avoir été réparé à Portsmouth, il se retrouve comme navire de commandement lors des efforts désespérés pour sauver les personnes piégées dans le sous-marin "Thetis" après qu'il ait coulé au fond de la baie de Liverpool le 01 Juin. En Août, le "Somali" est déployé pour des missions de blocus et d'interception dans l'Atlantique Nord et, deux heures après le début des hostilités, le 03 Septembre, il remporte la première prise de la guerre, le cargo allemand "Hannah Böge", qu'il intercepte à 350 nautiques au Sud de l'Islande. Le service avec la Home Fleet se poursuit, notamment le sauvetage du HMS/m "Spearfish" en mer du Nord les 26-27 Septembre et l'escorte du premier convoi de troupes Canadiennes en Décembre. Après des réparations de la turbine et de l'évaporateur chez Smith's Dock Co. de Middlesbrough entre Janvier et Mars 1940, le "Somali" rejoint la Home Fleet à temps pour participer à la campagne de Norvège qui débute le 09 Avril, le navire servant pendant un certain temps comme navire de quartier général au général de Sir Adrian Carton à Namsos. Des tâches variées de soutien aux mouvements de troupes et aux opérations à terre se poursuivent jusqu'au 01 Mai, date à laquelle le "Somali" est endommagé lors d'une série d'attaques aériennes sur Åndalsnes, ce qui l'oblige à se rendre à Scapa Flow pour des réparations. Cependant, il est de retour à sa position le 08 au moment où les développements militaires à terre rendent la position alliée intenable et la supériorité aérienne allemande pose un danger croissant pour les opérations navales. Le 15, le "Somali" sert de soutien anti-aérien au navire de troupes Polonais "Chrobry" qui a été bombardé dans le Vestfjord la veille avec des éléments du 1st Battalion Irish Guards à son bord. Plus tard dans la journée, le "Somali" et son compagnon, le destroyer français "Foudroyant", sont eux-mêmes bombardés en piqué dans le Trænfjorden, le premier étant touché à la ligne de flottaison, à l'avant droit, et les deux se rendant ensuite à Scapa Flow. Après des réparations à Liverpool, le "Somali" rejoint la 6th DF en Septembre et passe l'hiver 1940-1 à opérer avec la Home Fleet. En Mars 1941, il participe au raid sur les îles Lofoten, au cours duquel du matériel de chiffrement d'une grande importance pour le déchiffrage du code Enigma est récupéré sur le chalutier réquisitionné "Krebs". Puis, le 07 Mai, le "Somali" est le fer de lance de la capture du chalutier météorologique allemand "München" au large de Jan Mayen, dans la mer du Groenland, ce qui permet de récupérer une autre quantité importante de documents pour les décrypteurs de Bletchley Park. Avant la fin du mois, il est en action contre le cuirassé "Bismarck", menant la 6th DF dans des attaques à la torpille sur des navires de guerre le 26.
- Après avoir passé l'été 1941 à un réaménagement à Southampton, le "Somali" retourne dans les eaux du Nord, le début d'une année d'activité intense qui se terminera par sa perte. Août le voit escorter le cuirassé "Prince of Wales" à Placentia Bay, Terre-Neuve pour les rencontres entre Churchill et Roosevelt qui aboutissent à la charte de l'Atlantique, avant de participer à l'envoi de chasseurs "Hurricane" à Arkhangelsk à la fin du mois. En Décembre, il participe à un deuxième raid sur les îles Lofoten et rejoint en Janvier le premier des dix convois russes, le PQ 8, au cours duquel son sister-ship le "Matabele" explose après avoir été torpillée par l'U-454. Le 15 Mai 1942, le "Somali" embarque le Rear-Admiral Stuart Bonham-Carter du croiseur mutilé "Trinidad" après avoir été bombardé dans la mer Arctique et avoir participé deux mois plus tard au fiasco du convoi PQ 17. C'est une mesure de l'étendue des ressources de la Royal Navy qui le trouve en Août comme escorte pour l'opération "Pedestal" en Méditerranée, le "Somali" étant de nouveau appelé à secourir les survivants d'un autre navire accidenté, cette fois le croiseur "Manchester". De retour dans les eaux du Nord, le 02 Septembre, le "Somali" appareille du Loch Ewe comme escorte rapprochée du convoi PQ 18, étant détaché le 16 sur un convoi de retour déjà en mer le QP 14. Ce sera sa dernière affectation.

- Bien que le QP 14 traverse le méridien de Greenwich avec son voyage vers le Loch Ewe à moitié terminé, le soir du 20 Septembre, un certain nombre de sous-marins effectuent une lente attrition du convoi et de son escorte, y compris l'U-255 du Kptlt Reinhart Reche qui a torpillé le cargo "Silver Sword" vers 17h15, heure du convoi, et l'U-703 du Kptlt Heinz Bielfeld qui a appareillé du Skjomenfjord dans le Nord de la Norvège le 14. Comme le démontre le journal de Bielfeld, la présence du porte-avions d'escorte "Avenger" a obligé l'U-703 à un après-midi frustrant de plongée pour échapper aux avions de patrouille qui n'arrêtent qu'à la tombée du jour. À ce stade, le commandant d'escorte, le Rear-Admiral Robert Burnett, ordonne à l'"Avenger" et à son propre croiseur le "Scylla" de se détacher du corps principal du convoi tout en déplaçant son pavillon sur le destroyer "Milne", et c'est pendant que ces ordres sont exécutés que Bielfeld aperçoit le "Somali" sur le bâbord du convoi et fait mouvement pour l'attaquer.
- Extrait du KTB de l'U-703.




75°12'N 01°00'O selon une autre source


- Peut-être parce que le "Somali" est en train de modifier son retour sur tribord de son zigzag, un seul coup au but de Bielfeld le touche, le coup est enregistré sur le côté bâbord 'vers 18h56 ½', heure britannique. Cela explose au ras de la salle des machines, le plus grand compartiment du navire, endommageant les cloisons des espaces adjacents (chaufferie n°3 et salle des réducteurs) qui sont tous inondés en quelques minutes. En plus de la panne de courant électrique, le "Somali" prend rapidement une gîte de quinze degrés sur tribord et s'enfonce par la poupe jusqu'à ce que la plage arrière soit inondée. Après avoir inspecté le lieu de l'explosion lui-même et consulté son Chief Engineer, le Lt Cdr. C. D. Maud exprime des doutes quant à l'aptitude du "Somali" à être remorqué, mais a néanmoins accepte qu'une aussière soit passée de l'"Ashanti", une manœuvre qui commence dans l'heure suivant l'attaque de l'U-703. Une équipe d'environ soixante-dix hommes reste à bord, la partie arrière du navire est détachée et abandonnée, le poids supérieur est largué et les cloisons endommagées sont étayées dans la mesure du possible. Pendant un peu plus de trois jours, le remorquage se poursuit, parcourant 450 des quelque 650 nautiques qui doivent être parcourus pour que le "Somali" atteigne Akureyri, dans le Nord de l'Islande, où le Capt. R. G. Onslow de l'"Ashanti", a l'intention de l'échouer. L'"Ashanti" est ravitaillé par le pétrolier RFA "Blue Ranger" le 22, le remorquage étant escorté par l'"Eskimo", l'"Intrepid", l'"Opportune" et le "Lord Middleton". Le 23, cependant, le temps change, la température chute et le vent fraîchit de l'Ouest. L'"Onslow" commence à pomper le pétrole de l'"Ashanti" par-dessus bord à raison d'une tonne par heure pour empêcher une mer de travers modérée de déferler sur le "Somali" (littéralement, verser du pétrole dans des eaux troubles). Mais à l'approche du soir, la brise se transforme en un coup de vent arctique dont l'"Onslow" rappelle plus tard la férocité dans une prose mémorable :

   C'est arrivé sans avertissement - pas de chute soudaine du baromètre, pas de tempête de nuages d'orage à l'horizon. C'est arrivé comme un derviche enragé, criant et hurlant dans le gréement, fouettant les crêtes des vagues qui montaient et les poussant sous le vent dans une nappe ininterrompue de poussière. Le glissement de l'air vers le bas les pentes de glace et les glaciers du Groenland était devenu un torrent, une avalanche, un... un ouragan de froid.

- Même s'il fait encore jour, la navigation dans la neige réduit la visibilité à une centaine de mètres et le changement de conditions annonce la fin pour le "Somali". À 02h30 le 24, la remorque se détache, l'arrière du "Somali" se brisant simultanément. Les extrémités avant et arrière se soulèvent, chacune prenant une position presque verticale. La partie arrière coule immédiatement mais la partie avant reste à flot jusqu'à environ 02h50. La position officielle de naufrage est citée par l'Amirauté comme 69°11'N, 15°32'O, à environ 180 nautiques au Nord de Raufarhofn dans le Nord-Est de l'Islande.
- L'Amirauté écrit à Maud (promu commandant en Décembre 1942) pour l'informer de 'l'appréciation chaleureuse de "Leurs Seigneuries" (Their Lordships) pour la détermination et les ressources montrées à cette occasion par lui et tout son équipage'. La seule critique technique est que le largage du poids des extrémités du navire a peut-être contribué à la tension au milieu du navire.

- Le Lt Cdr Maud a estimé que cinq hommes seulement ont été tués dans l'explosion initiale, quatre du Engineering Department et un matelot 'qui se trouvait probablement sur le pont supérieur'. Cependant, étant donné l'écart entre le nombre de ceux enregistrés comme ayant péri lors du naufrage réel trois jours plus tard (cinquante) et la liste finale des victimes détenue par l'Admiralty's Naval Historical Branch (quatre-vingt-deux), le bilan initial était probablement beaucoup plus élevé. Certains ont eu une chance exceptionnelle : trois matelots sur le pont des 'pompom' ont été projetées par-dessus bord par la force de l'explosion, mais ont pu grimper sur un flotteur Carley qui avait subi un sort similaire. Le quart de tribord a reçu l'ordre de quitter le navire pour se rendre sur le chalutier "Lord Middleton" qui était venu par la hanche tribord, et d'autres ont été évacués dans l'heure qui a suivi, laissant le Lt Cdr Maud et son équipe de soixante-dix hommes. Lorsque le "Somali" a coulé aux premières heures du 24, un certain nombre de radeaux et de flotteurs ont été mis à l'eau avec succès. En effet, tous les hommes étaient prêts à abandonner le navire immédiatement, après avoir survécu trois jours sous une bâche sur le pont après que Maud ait interdit à chacun de s'aventurer en bas sauf en cas de stricte nécessité. Cependant, les conditions dans lesquelles le sauvetage a eu lieu étaient si effroyables que seuls dix-sept d'entre eux ont survécu pour être récupérés dans une mer 'très raide et très furieuse'. Le "Lord Middleton", l'"Ashanti" et l'"Eskimo" ont eu la tâche quasi-impossible de s'approcher assez près pour sauver les hommes sans les écraser. Le "Lord Middleton", premier sur les lieux, a sauvé la plupart de ceux qui ont survécu, mais pour l'"Ashanti", l'"Eskimo" et l'"Opportune" c'était un "travail désolant" dans une température ambiante d'un degré Celsius et des eaux enregistrées à quatre degrés (40°F), mais toujours d'un froid glacial. Comme le rappelle le Capt. Onslow de l'"Ashanti",
   Le navire roulait comme ivre et nous dérivions si vite que certains de ceux qui se trouvaient dans l'eau étaient inévitablement piégés sous notre bouchain (partie bordée d'un bateau) avant que nous ne puissions les attraper. Et quelques-uns sont passé devant notre proue ou notre poupe alors que si nous avions bougé cela aurait signifié perdre ceux que nous avons failli avoir. Nous ne pouvions que prier pour que les navires au vent les voient dans la neige aveuglante et la dérive. J'étais fier de nos hommes ce soir-là. Beaucoup d'entre eux ont fait preuve de beaucoup de courage et d'endurance, en particulier ceux qui sont passés par-dessus bord au risque d'être pris sous le bouchain. Mais leur courage était de peu d'utilité. Parmi ceux qu'ils [les hommes d'Ashanti] ont amenés à bord, aucun ne respirait encore, et un seul a répondu à la respiration artificielle. C'était le Captain.

- Glacé et inconscient, le Lt Cdr Maud semblait avoir succombé... mais a été ramené à lui. Néanmoins, la disparition du "Somali" a pesé lourdement sur la conscience d'Onslow. Conscient que sa coque avait 'grogné piteusement' alors que la mer se levait le 23, Onslow s'est maudit plus tard de ne pas avoir ordonné [aux hommes du "Somali"] d'abandonner le navire pendant que la situation était favorable. Je me suis dit que personne n'aurait pu prévoir le début soudain de la tempête. Mais j'ai pensé qu'après plus de 20 ans en mer - la plupart à bord de destroyers - j'aurais dû être assez marin pour le faire.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 276, 277 et 279 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


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