La B.S.M. de Bordeaux
(suite)
Construction de l'U-Bunker en automne 1942 (©
BA/KO)
- Le 24 Juillet 1940, la Marine royale
italienne (Regia Marina) offre au B.d.U. l'utilisation d'un plus
grand nombre de sous-marins dans l'Atlantique. Bordeaux est
choisi comme base par accord mutuel. Les sous-marins italiens
disposent du bassin portuaire n° 1 avec des installations
d'amarrage.
- Les trois premiers bateaux arrivent à Bordeaux en
Septembre 1940. Le 09 Octobre 1940, le premier sous-marin italien
("Malaspina") quitte Bordeaux pour l'Atlantique. Il est suivi en
Octobre par les "Dadolo", "Otaria", "Barbarigo", "Finzi",
"Baracca, "Bagnolini, "Marconi" et "Faca di Bruno"..
- Au cours de l'été 1941, le B.d.U. décide
d'établir une cinquième base sous-marine allemande
sur la côte atlantique française à Bordeaux
avant la fin de 1942. Le personnel et le matériel du
K.M.W. sont fournis par Blohm & Voss. Bordeaux sert de base
à la 12.U-Flottille
nouvellement créée en Janvier 1943. La flottille
est constituée de grands bateaux des types XIV, X B et IX
D. L'U-178 arrive à Bordeaux le 09
Janvier 1943.
- Depuis Avril 1943, des bateaux d'autres flottilles passent par
Bordeaux, puisque le chantier naval de l'U-Bunker n'est que peu
fréquenté par les bateaux de la 12.U-Flottille. Au
total, 47 bateaux (5 anciens bateaux italiens, 3 VII-F, 22 IX-D2,
2 IX-D1, 6 X-B, 9 XIV) sont rattachés à la
12.U-Flottille depuis l'installation en Octobre 1942
jusqu'à la dissolution en Août 1944. Sur ces 47
bateaux, seuls 18 bateaux (sept XIV, quatre X-B, deux IX-D1, cinq
IX-D2) ont connu la base de Bordeaux. La majeure partie des
bateaux sont perdus lors du premier voyage contre l'ennemi, une
partie en Août 1944 lors de la première patrouille.
Ces bateaux sont attachés à la 33.U-Flottille à Flensburg
après la dissolution de la 12.U-Flottille. Sur un total de
dix bateaux du type XIV, neuf ont été parfois
rattachés à la 12.U-Flottille. Jusqu'à cinq
U-Tankers sont restés simultanément à
Bordeaux (du 09 au 22 Juillet 1943 l'U-459, l'U-462, et
l'U-488). Jusqu'à la dissolution
du K.M.W. de Bordeaux en Août 1944, l'U-Bunker n'a jamais
été entièrement occupé. Début
Juin 1943, le pic d'occupation est atteint avec onze
bateaux.
- Au total, le chantier naval de l'U-Bunker de Bordeaux a
réparé 54 sous-marins. Ce chiffre comprend à
la fois les révisions courtes d'une journée et la
conversion de l'U-180 (du 02 Juillet 1943
- 20 Août 1944) et l'U-195 (du 23
Juillet 1943 -20 Août 1944) en sous-marins de transport. De
la mi-Avril 1944 au 24 Mai 1944, seuls trois bateaux (l'U-180,
l'U-l95, l'U-219) et l'UIT 21 déclassés se trouvent
dans l'U-Bunker de Bordeaux. Le croiseur sous-marin japonais I-29 (nom de code "Kiefer") reste à
Bordeaux du 13 Mars au 16 Avril 1944. Il est arrivé
à Bordeaux avec une précieuse cargaison de
matières premières en provenance du Japon [1].
À l'origine, le I-8 devait arriver
à Bordeaux en Août 1943. Les alvéoles de
l'U-Bunker sont trop petites pour lui. Avec une longueur utile de
102 mètres, le bateau de 108 mètres de long est
redirigé vers Brest, car les longueurs utilisables
correspondantes sont disponibles ici.
- Le 24 Mai 1944, l'U-178 (IX-D2) arrive
à Bordeaux. Il vient de l'Extrême-Orient et apporte
107 tonnes d'étain et 7 tonnes de caoutchouc en France. Le
19 Juin 1944, l'U-188, également
chargé de matières premières, suivit de
façon surprenante. À bord, l'émetteur est
tombé en panne (le signal d'entrée doit être
donné avec l'émetteur d'urgence), de sorte que le
bateau n'a pas donné sa position pendant une longue
période de temps et a été
considéré comme disparu. L'U-188 est un IX-C de la
2.U-Flottille de Lorient.
Cependant, il doit passer à Bordeaux en raison de la
faible teneur en huile lubrifiante (qui a même dû
être prolongée par des graisses comestibles). Les
deux bateaux sont complètement révisés.
Malgré tous les efforts du personnel du chantier naval et
des équipages, les bateaux ne sont pas remis en
état de naviguer et les deux bateaux sont sabordés
dans l'U-Bunker le 20 Août 1944.
- Walter Schöppe, journaliste PK sur U178, rapporte les
derniers jours de l'U-l78 :
« L'U-178 est retourné à Bordeaux
après sa dernière patrouille, avec des batteries
complètement épuisées, pas de 'Schnorchel',
pas d'équipement radar moderne, et des chemises de pistons
des moteurs diesel totalement usées. De nouvelles
batteries, de nouveaux revêtements, un 'Schnorchel' et
d'autres équipements électroniques modernes vont
être installés. L'équipage rentre à
Bordeaux après des permissions et travaille
fébrilement à la réparation du bateau. Le
'Schnorchel' est installé, les chemises des pistons sont
en route, et il suffit d'attendre les batteries. Quand elles sont
finalement arrivées, elles sont détruites dans la
nuit entre l'arrivée et le ramassage dans la station lors
d'un attentat à la bombe. Maintenant, tout le travail a
été vain. Il n'y a pas de sauvetage pour l'U-178.
Le 'Schnorchel' est démonté et mis sur l'U-534. L'équipage de l'U 178 n'a rien
à voir avec l'explosion. Une force opérationnelle
(Sonderkommando) utilise des têtes de torpilles pour le
faire exploser. L'équipage espère de l'aide de
l'Allemagne jusqu'à la fin. L'équipe de la machine
travaille sans relâche avec l'aide des gens du chantier
naval pour réparer le bateau. Les hommes dorment à
bord. Ils vivent comme des gitans. Après l'explosion, ils
traversent l'U-Bunker et regardent leur bateau. C'était
leur habitat, leur maison depuis des années. Le bateau
s'est couché sur le côté dans l'U-Bunker avec
son étrave déchiquetée. »
- À la fin Août 1944, après l'invasion des
armées au Nord de Paris et inexorablement au Sud vers
Lyon, l'ordre est donné de dégager la base. Une
partie du personnel du chantier naval marche jusqu'à La
Pallice, tandis que les 600 membres du personnel de la
12.U-Flottille essayent de se rendre en Allemagne avec les
travailleurs restants du chantier naval. Les deux derniers
sous-marins (U-534, U-857) quittent
Bordeaux le 25 Août 1944.
- Une escouade de démolisseurs (Sprengkommando) tente
à la hâte de faire sauter l'U-Bunker avec des
têtes de torpilles. Comme il n'y a pas eu de temps pour les
préparatifs, les charges sont simplement placées
à côté des murs du bunker. Lors de la
détonation des têtes de torpilles, le bunker
disparait dans une immense colonne de fumée, après
que le nuage de fumée se soit dissipé, il est comme
avant. En raison d'un manque de colmatage, les murs
intérieurs n'ont pas pu être détruits.
- Les derniers Allemands quittent Bordeaux le 28 Août 1944.
Peu après, les partisans occupent l'U-Bunker
abandonné.
[1] Il est à noter que selon d'autres sources aucun
sous-marin japonais n'est jamais venu à Bordeaux.
Traduit librement de l'ouvrage "Die deutschen Ubootbunker und
Bunkerwerften" de Sönke Neitzel chez Bernard & Graefe
Verlag
