H.M.S. Eagle



H.M.S. Eagle
www.navyphotos.co.uk



Type
Porte-avions britannique
Chantiers de construction
Armstrong
Mise sur cale en Octobre 1911
Mis en chantier pour le Chili, sous le nom de "Cochrane" comme super-dreadnought.
Il est modifié en porte-avions par la Royal Navy lors de la Première Guerre Mondiale.
Entre en service en 1917.
Refondu en 1932
Mise en service
08 Juin 1918
Caractéristiques techniques
Longueur : 203,40 mètres
Largeur : 32 mètres
Tirant d'eau : 7,80 mètres (8,20 mètres en pleine charge)
Déplacement : 27664 tonnes
Vitesse maxi
24 nœuds
Propulsion
32 chaudières Yarrow
turbines à engrenages Brown-Curtiss
5000 cv
4 hélices
3750 tonnes de mazout
Armement
4 canons de 102 mm
9 canons de 152 mm
16 canons de 40 mm AA
13 mitrailleuses
Avions : 24 ("Swordfish" et "Sea Hurricane")
Équipage
1160 hommes
Commandant
Capt L. D. Mackintosh D.S.C. RN
Victimes/Survivants
162/929
Notes
- Il est affecté au théâtre méditerranéen.
- Il participe à plusieurs expéditions avec la Royal Navy, pour secourir Malte.
- Il est coulé par l'U-73 (K.L. Helmut ROSEMBAUM), le 11 Août 1942 au Sud de Majorque lors de l'opération "PEDESTAL".


- En Juillet 1912, le gouvernement chilien commande deux cuirassés armés de canons de 14 pouces à la firme Tyneside Armstrong Whitworth &Co.
- Après quelques retards pour obtenir les fournitures nécessaires d'acier le second d'entre eux, l'Almirante Cochrane, a sa quille posée à Elswick le 24 Février 1913.
- En Août 1914, la coque et les machines sont en grande partie terminées, mais le déclenchement de la guerre avec l'Allemagne apporte un arrêt brusque à la construction.
- La construction reprend un mois plus tard. Les deux navires sont repris par la Royal Navy avec la promesse qu'ils seront restitués aux Chiliens après la cessation des hostilités.
- La première unité, l'Almirante Latorre, a été commandée sous le nom de H.M.S. Canada en 1915 mais le besoin urgent d'armes lourdes a pour résultat que des pièces prévues pour l'Almirante Cochrane ont été détournées ailleurs et aucune mesure n'a été par la suite prise pour y remédier.
- En 1917, cependant, le développement de l'aviation et la dépense énorme impliquée dans la production de cinq autres montages de canons de 14 pouces incite l'Amirauté à acheter la coque pour la conversion à un transporteur d'hydravions.
- Les travaux reprennent en Janvier 1918, le navire est renommé Eagle en Mars de la même année.
- Bien que lancé en Juin 1918, le rythme de travail ralentit quand il devient évident qu'il ne pourra pas être achevé avant la fin de la guerre et il faut attendre Avril 1920 pour que l'Eagle soit prêt pour les essais préliminaires et comme étant le premier véritable porte-avions du monde.
- Les essais en question, qui comprennent 143 appontages, établissent la caractéristique de conception qui est devenue la norme standard dans la construction : l'îlot doit se situer sur le côté tribord du pont d'envol.
- Recetté en Novembre 1920 au Portsmouth Dockyard, l'Eagle n'est pas commissionné avant Février 1924.
- Le H.M.S. Eagle passe une grande partie de l'entre-deux-guerres en service extérieur, initialement en Méditerranée (1924-1931) où il porte une aide notable aux victimes du tremblement de terre de Corinthe en 1928, puis il est stationné en Chine (1933-1935 et 1937 à 1939).
- Au printemps de 1931, lui et le destroyer Achates effectuent une croisière prolongée dans les eaux de l'Amérique du Sud à l'appui de l'Exposition du Commerce de l'Empire britannique à Buenos Aires.
- Il passe en radoub en 1926, en 1929, de 1931 à 1932 et en 1936.
- Le déclenchement de la seconde guerre mondiale trouve l'Eagle à Singapour d'où avec et un certain nombre de croiseurs il est affecté à la Force I qui participe à la chasse aux raiders allemands en Octobre 1939.
- Sa mission lui fait parcourir 30 000 nautiques à travers l'Océan Indien, y compris une brève escale à Durban en Décembre.
- Pendant la première partie de 1940, il escorte des transports de troupes dans l'océan Indien, mais le 14 Mars, il subit une explosion dans son compartiment à bombes qui coûte la vie à quatorze hommes d'équipage et qui exige des réparations à Singapour jusqu'en Mai.
- Ce même mois l'Eagle rejoint la flotte de la Méditerranée à Alexandrie, la première action pour son escadre aérienne le 05 Juillet est une attaque sur des bâtiments italiens se dirigeant vers Tobrouk, qui entraîne le naufrage du destroyer Zeffiro et de trois navires marchands, y compris le paquebot Liguria.
- Le 09 Juillet 1940, ses avions attaquent la flotte italienne près de la Région de Calabre, mais sans aucun résultat.
- Toutefois, une attaque sur le port sicilien d'Augusta, le lendemain envoie par le fond le destroyer Leone Pancaldo alors qu'un deuxième raid sur Tobrouk le 20 Juillet coule un navire marchand et les destroyers Ostro et Nembo.
- Ces succès sont suivis par le naufrage du sous-marin "Iride" et de son navire-dépôt Monte Gargano dans le golfe de Bomba (Libye) le 22 Août.
- À partir de la fin de ce mois l'Eagle participe à l'effort pour renforcer Malte et la Mediterranean Fleet de l'Ouest, nom de code de l'opération : HATS, ses avions effectuent une attaque de diversion sur l'aérodrome italien de Maritsa sur l'île de Rhodes le 04 Septembre 1940.
- En Octobre 1940, deux autres tentatives de ravitailler Malte sont lancées, cette fois de l'Est, au cours desquelles le groupe aérien de l'Eagle attaque des bases aériennes italiennes sur Rhodes et sur la côte libyenne.
- Puis le 11 Novembre 1940, cinq de ses "Swordfish" s'envolent du H.M.S. Illustrious dans le cadre d'une attaque de la flotte italienne à Tarente, au cours de laquelle trois cuirassés sont mis hors de combat.
- L'Eagle n'a pas participé à cette opération lui-même, car il n'a pas encore réparé les dommages subis à son système de carburant d'aviation lors d'attaques aériennes près de Regio de Calabre en Juillet.
- Il participe à la couverture de convois dans l'Est de la Méditerranée et à l'appui de la Crète ainsi qu'à des sorties contre les aérodromes italiens et participe également à l'approvisionnement jusqu'à ce qu'il reçoive l'ordre de se diriger vers le Sud par le Canal de Suez en Mars 1941.
- Le 03 Avril 1941, il est devant Port-Soudan (Soudan), son groupe aérien mène des attaques sur le port Érythréen de Massaoua qui détruisent des bâtiments italiens et des attaques en Mer Rouge. Le groupe aérien réclame trois destroyers et deux torpilleurs envoyés par le fond en collaboration avec la R.A.F.
- Après une période passée à Simon' Town (Afrique du Sud) en Mai 1941, l'Eagle se dirige vers Freetown (Sierra Leone) pour opérer contre les raiders et les bâtiments de commerce allemands dans l'Atlantique Sud.
- Le 06 Juin 1941, ses avions bombardent le forceur de blocus Elbe, qui aussitôt se saborde, mais neuf jours plus tard le navire ravitailleur Lothringen » est repéré à mille nautiques dans l'Ouest du Cap-Vert et est capturé intact par le croiseur léger H.M.S. Dunedin.
- Cependant, le 20 Septembre 1941, l'Eagle subit un incendie majeur dans le hangar aviation qui détruit ou endommage treize "Swordfish" et l'oblige à mettre cap sur Gibraltar pour y effectuer les réparations.
- C'est ainsi que le besoin d'une remise en état de son équipement l'amène à Birkenhead à la fin Octobre 1941.
- En Février 1942, l'Eagle retourne en Méditerranée pour remplacer le H.M.S. Ark Royal et reprend ses fonctions d'escorte de convoi.
- À fin Février 1942, il commence la première des dix opérations de convoyage d'avions au cours desquelles un total de 183 "Spitfire" sont livrés pour la défense de Malte.
- Le mois d'Avril 1942 est passé en réparations à Gibraltar, en Juin les "Sea Hurricane" de l'Eagle forment la couverture aérienne de l'Opération HARPOON qui doit ravitailler Malte, opération durant laquelle deux destroyers et quatre des six bâtiments marchands sont envoyés par le fond. Pour l'Eagle, c'est seulement un avant-goût des choses à venir.

- Le 02 Août 1942, les quatorze bâtiments marchands du convoi WS 21S quittent la Clyde pour Gibraltar (arrivée le 10 Août 1942), la dernière démonstration de la volonté du gouvernement britannique pour réapprovisionner l'île de Malte. Dans sa phase finale à travers le convoi WS 21S en Méditerranée occidentale, désormais renforcé par une importante escadrille de navires de guerre britanniques et de navires de soutien, est devenu le centre de l'une des grandes batailles navales de la Seconde Guerre mondiale : Opération PEDESTAL. L'escorte, commandée par le Vice-Admiral E.N. Syfret, est composée des cuirassés H.M.S. Nelson et Rodney, des croiseurs H.M.S. Sirius, Phoebe, Scylla, du H.M.S. Nigeria, du H.M.S. Kenya, du H.M.S. Manchester et du H.M.S. Caire et de pas moins de vingt destroyers, soutenus par quatre corvettes, deux pétroliers et un remorqueur, dont beaucoup vont directement jusqu'à Malte. En plus, la couverture aérienne doit être fournie par les porte-avions H.M.S. Victorious, H.M.S. Indomitable" et H.M.S. Eagle de Bizerte à l'entrée du détroit de Sicile, la partie la plus dangereuse du voyage. Cette force, commandée par le Rear-Admiral A. L. St G. Lyster embarqué sur le Victorious, porte le nombre total de navires d'escorte du convoi WS 21S à quarante et un. D'autres mesures sont aussi en place. Le 10 Août au matin, tout comme le convoi WS 21S passe le détroit de Gibraltar, un convoi leurre part de Port-Saïd en Méditerranée Orientale. Même s'il y a une légère confusion, les Allemands et les Italiens sont conscients depuis longtemps du convoi planifié de l'Ouest.
- Bien que la principale force de l'Axe attend l'Opération dans le Sud de la Sardaigne et au-delà, le F.d.U Italie a déjà déployé l'U-73 (K.L. Helmut ROSENBAUM) et l'U-331 (K.L. Freiher Hans-Dietrich von TIESENHAUSEN ) pour patrouiller dans les eaux entre Majorque et Alger. Le 08 Août 1942, l'U-331 est surpris en surface et endommagé par un "Hudson" de la R.A.F., mais le 11 Août au matin les hydrophones de l'U-73 enregistrent le son caractéristique d'une force importante naviguant dans l'Est à environ quatre-vingts nautiques au Nord-Est d'Alger.
- Extrait du KTB de l'U-73

Position du naufrage de l'Eagle


- On peut excuser Rosenbaum pour son utilisation libre des points d'exclamation (une caractéristique de son journal de bord en général) car il n'y a pas d'autres cas dans la Seconde Guerre mondiale où un U-Boot a frappé un navire de guerre avec les quatre torpilles des tubes avant à partir du même point. Ce n'est pas sans raison que le commandant de l'escorte du convoi, le Vice-Admiral Syfret, a estimé qu'il n'y avait rien à gagner à tenir une commission d'enquête sur le naufrage de l'Eagle. Les quatre torpilles, qui ont frappé avec de 'fortes explosions sourdes' à des intervalles de quarante pieds à l'avant entre les canons de bâbord N°3 et N°2, ont scellé le destin de l'Eagle en quelques secondes. Après avoir pris une gîte de cinq degrés sur bâbord après le premier tir de torpille, cette gîte est passée à quinze degrés après le quatrième tir, après quoi l'Eagle 'a continué à gîter rapidement jusqu'à 30 degrés, puis s'est stabilisé'. À ce moment-là, la gîte était suffisante pour faire basculer les "Sea Hurricane" du pont d'envol et les faire tomber dans l'eau, tandis que des hommes se précipitaient désespérément sur la coque. L'Eagle a sombré si rapidement que les entretiens avec les survivants n'ont permis d'obtenir qu'une évaluation approximative des dommages subis par les zones clés. Ces entretiens ont révélé que plusieurs cloisons de l'aile bâbord s'étaient effondrées, entraînant l'inondation complète de la salle des machines de l'aile bâbord et des salles des chaudières 'A', 'C' et 'D'. La salle des chaudières 'B' s'était effondrée. Le fait que la salle des chaudières 'B' ait également été inondée a été déduit de l'absence de survivants parmi ceux qui y travaillaient. La vitesse à laquelle le côté bâbord a été inondé a empêché toute mesure de contrôle des dommages et l'Eagle a coulé en six à huit minutes selon les estimations, bien qu'une note sur le tracé de l'attaque de Rosenbaum estime qu'il a coulé en quinze minutes.
- Le H.M.S. Eagle n'était que la victime la plus notable de l'opération "Pedestal" qui a perdu neuf de ses quatorze navires marchands ainsi que les croiseurs Manchester et Cairo et le destroyer Foresight sous les attaques aériennes, de surface et sous-marines incessantes de l'Axe. Le porte-avions Indomitable et les croiseurs Nigeria et Kenya ont également été endommagés. Cependant, si l'on se souvient de "Pedestal comme d'une victoire stratégique, c'est parce que parmi les cinq navires qui se sont battus pour entrer à Malte se trouvait le pétrolier Ohio avec 10 000 tonnes de carburant d'aviation. Comme le raconte Roskill dans The War at Sea, cette cargaison allait avoir un impact significatif sur le cours de la guerre en Afrique du Nord : 'Le carburant qu'il transportait permettait de relancer les frappes aériennes depuis Malte, au moment où Rommel se préparait à l'offensive destinée à chasser fermement les Alliés d'Égypte. Les pertes de l'ennemi dues aux attaques aériennes augmentèrent immédiatement, et l'offensive dut être reportée en raison du manque de ravitaillement'. Au lieu de cela, la British 8th Army entama en Octobre 1942 l'offensive qui se termina sept mois plus tard par la capitulation de toutes les forces de l'Axe en Afrique du Nord. Dans cette mesure, le H.M.S. Eagle n'a pas été perdu en vain.
- Pour le Dr Goebbels, en revanche, le naufrage de l'Eagle était un triomphe heureusement exempt de l'embarras qui avait accompagné la perte de l'Ark Royal en Novembre précédent. Rosenbaum fut décoré de la Croix de Chevalier et la machine de propagande de Berlin fit un énorme profit de cet incident, le dixième et dernier British capital ship à être perdu pendant la Seconde Guerre mondiale. La seule question soulevée par les Britanniques, à savoir l'incapacité de l'écran à détecter l'U-73, n'a pas été jugée utile, car les problèmes de détection de l'Asdic en Méditerranée avaient été documentés dans une série de rapports de naufrage, tandis que le bruit et la vitesse du convoi avaient exclu la possibilité d'une détection par hydrophone.

- La rapidité du naufrage et l'absence de tout moyen de communication autre que le bouche à oreille ont empêché la transmission efficace de l'ordre d'abandon du navire. Si autant d'hommes ont survécu (plus de 900 sur près de 1 100), c'est non seulement grâce à l'initiative de ses officiers qui n'ont pas hésité à dire aux hommes rassemblés à leur poste d'abandon du navire de sauter pour sauver leur vie, mais aussi grâce au fait que tout l'équipage du navire était en mouvement lorsque les torpilles ont frappé, passant du poste de combat aux postes de défense. Malgré tout, le taux de survie était impressionnant, étant donné qu'aucune des embarcations du navire n'était utilisable, celles de bâbord ayant été submergées en trois minutes et celles de tribord étant impossibles à lancer en raison de la gîte. AB Bill Loades se souvient de son évasion :
   J'étais sur le pont, à tribord, et nous avions beaucoup de mal à descendre au niveau de la mer pour nager. Comme le navire a coulé en huit minutes, cela ne nous a pas laissé beaucoup de temps, même si cela nous a semblé une éternité. Nous avons attendu qu'il fasse un angle d'environ 45° à bâbord et nous avons glissé le long du côté tribord - ce qui n'était pas si facile car il y avait de nombreuses ouvertures dans la coque du navire. Lorsque nous sommes descendus, nous avons eu le problème d'escalader les renflements des bulges qui étaient également à 45° mais dans l'autre sens, formant ainsi un V, et très gluants. Une fois dans la mer, nous avons été confrontés à du mazout et à des plaques de carburant aviation, et sans flottabilité, il fallait nager sous ces plaques.
- Beaucoup ont été entraînés dans le naufrage de l'Eagle mais ont refait surface pour raconter l'histoire, les destroyers Lookout et Laforey se joignant au remorqueur Jaunty pour tirer des hommes trempés de pétrole des eaux chaudes de la Méditerranée. La plupart de ceux qui ont été repêchés ont été transférés sur les H.M.S. Venomous (qui a reçu 535 officiers et hommes dont le Captain Mackintosh), le Malcolm et le Keppel sont retournés à Gibraltar. Quatre appareils que l'Eagle avait fait décoller avant d'être frappé se posèrent sur l'Indomitable et le Victorious, leurs pilotes recevant par la suite des DSC pour leur service courageux au cours des jours suivants, bien que l'un d'eux, le Sub-Lt (A) M. A. Hankey, fut abattu et tué le 14.


Libre traduction par l'auteur du site des pages 257,258, 260 et 261 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.


gauche milieu

Homepage