HMS/m Spearfish


H.M.S. Spearfish (© British Pathé)
H.M.S. Spearfish (© British Pathé)



- Bien armés, dotés d'une bonne endurance et d'une excellente manœuvrabilité, les sous-marins de patrouille de la classe 'S', dont soixante-deux sont finalement achevés dans diverses sous-classes, représentent la première conception véritablement performante à entrer en service dans la Royal Navy. Unité du deuxième groupe de la classe, le HMS/m "Spearfish" est construit chez Cammell Laird de Birkenhead en Mai 1935, lancé en Avril 1936 et mis en service en Septembre de la même année. Il entre en service dans la 5th Submarine Flotilla à Portsmouth avant d'être affecté à la 6th SF à Portland en Mai 1937. Commandé par le Lt T. H. Eaden, le 25 Août 1939, le "Spearfish" quitte Portland pour ce qui devient sa première croisière de guerre, une patrouille au large d'Obrestad (Norvège) qui aboutit à une attaque par un U-Boot non identifié à l'Est d'Egersund le 03 Septembre. C'est le début d'une guerre brève mais riche en événements. Deux jours plus tard, il rejoint le 2nd SF à Dundee et le 20 Septembre, il appareille pour prendre sa place dans le Kattegat, entre la Norvège et le Danemark. Le 22 Septembre, il subit une attaque prolongée par les chalutiers anti-sous-marins allemands au large du Horns Reef. Après de nombreuses heures passées au fond, il refait surface et se dirige vers sa base à l'aide d'un seul moteur électrique, incapable de plonger et avec sa radio temporairement hors service. Lorsque l'Amirauté apprend finalement sa situation difficile le 25 Septembre, toute la puissance de la Home Fleet appareille pour le ramener. Le 26 Septembre, le "Spearfish" est accueilli et escorté jusqu'à Rosyth par le 2nd Cruiser Squadron et six destroyers, tandis que les principales unités de la Home Fleet font leurs premières armes en matière d'attaques aériennes en mer. Réparé à Newcastle upon Tyne et placé sous le commandement du Lt Cdr J. H. Forbes, le "Spearfish" passe la seconde moitié de Mars 1940 à effectuer ses essais à Scapa Flow avant de rejoindre le 6th SF à Blyth. Retournant dans les eaux allemandes, il attaque le 'cuirassé de poche' "Lützow" au large de Hantsholm dans le Skagerrak, détruisant sa poupe d'une seule torpille et le mettant hors service pendant près d'un an. Le "Spearfish" survit à une chasse lancée par l'escorte de "Lützow" qui l'endommage, il atteint Blyth le 17. Trois autres patrouilles depuis Blyth ont permis de repérer deux bateaux de pêche danois près du Dogger Bank le 20 Mai, avant que le "Spearfish" ne rejoigne le 3rd SF à Rosyth en Juillet. Le 31, le "Spearfish" quitte Rosyth avec l'ordre de patrouiller au large de Stavanger. Une carrière tumultueuse touche à sa fin.

- Le naufrage du destroyer H.M. "Whirlwind" au Sud de l'Irlande le 05 Juillet marque le début d'une période remarquable pour l'U-34 dans les Western Approaches, au cours de laquelle le Kptlt Wilhelm Rollmann détruit sept autres navires en l'espace de neuf jours. Cette série de succès peut s'expliquer en partie par le fait que le B-Dienst, le service de surveillance et de renseignement radio de la Kriegsmarine, a brisé plusieurs des codes administratifs et opérationnels de l'Amirauté. Quoi qu'il en soit, après avoir fait escale à Lorient pour y prendre des torpilles et du ravitaillement le 18, l'U-34 coule quatre autres navires du convoi OB 188 à l'Ouest de l'Irlande avant de se diriger vers Wilhelmshaven avec une seule torpille en réserve. L'occasion de l'utiliser se présente le 01 Août, à mi-chemin entre la Norvège et l'Écosse. Peu avant le coucher du soleil, l'U-34 repère un sous-marin ennemi qui croise en surface sur une trajectoire convergente. Il s'agit du H.M.S./m "Spearfish" qui a quitté Rosyth la veille pour reprendre ses patrouilles au large des côtes norvégiennes et qui se trouve maintenant en danger de mort face à un ennemi en plongée.

- Il n'y a pas grand-chose à ajouter au journal de Rollmann qui montre clairement que le "Spearfish" a connu une fin immédiate et catastrophique lorsque la torpille de l'U-34 a trouvé sa cible. Le fait que la détonation ait été fortement ressentie à près d'un nautique de distance donne une idée de la force de l'explosion qui l'a détruit.
- Le survivant, AB William Pester, de Bournemouth, venait de rejoindre le "Spearfish" pour un 'pierhead jump' (1). Pester se souvient que le quart à la passerelle était composé de lui-même, du Lt Cdr Forbes et d'un autre officier lorsque le "Spearfish" a été touché, l'heure de l'attaque n'étant pas enregistrée. La détonation a projeté les deux officiers par-dessus la baignoire et Pester venait de se pencher pour leur porter secours lorsque ce qui restait du "Spearfish" a glissé sous les vagues. Pester a tenté d'atteindre la surface, mais la courroie de ses jumelles s'est accrochée au répétiteur gyroscopique et il a été entraîné avec l'épave. Alors qu'il avait perdu tout espoir, une grande bulle d'air a émergé du massif, sa force à une telle profondeur étant suffisante pour détacher la sangle et le propulser à la surface. Recueilli par l'U-34, Pester se rappelle avoir été bien traité à bord (notamment pour ses blessures au cou) avant d'être transféré à la caserne navale de Wilhelmshaven, puis dans une succession de camps de prisonniers de guerre. Les cinq années qui suivent donnent à Pester de nombreuses occasions de raconter son histoire aux autres prisonniers. Rapatrié en Grande-Bretagne en Juin 1945, Pester, né en Australie, n'a pas eu le temps de profiter de sa liberté. Il fut tué le 03 Juillet lorsque la moto qu'il avait achetée avec une partie de la gratification reçue lors de sa démobilisation entra en collision avec un trolleybus de Bournemouth. Sa petite amie, qui chevauchait le passager, a également perdu la vie.

1) Affectation à un navire juste avant le départ du navire. Le terme dérive de l'occasion où un marin quitte un navire qui vient d'accoster, puis rejoint un autre navire qui navigue immédiatement. (Source : ReadyAyeReady.com)


Libre traduction par l'auteur du site des pages 53 et 54 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


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