H.M.S. "Medway"


Le H.M.S. Medway (© BfZ)
Le H.M.S. "Medway" avant-guerre (© BfZ)


Type
Navire dépôt pour sous-marins
Chantiers de Construction
Vickers Armstrong à Barrow-in-Furness
Mise sur cale
Avril 1927
Lancement
19 Juillet 1928
Mise en service
03 Juillet 1929
Caractéristiques techniques
Longueur : 176,78 mètres
Largeur : 25,90 mètres
Tirant d'eau : 5,63 mètres
Déplacement : 14650 tonnes
Déplacement maxi : 18362 tonnes
Propulsion
Moteurs Diesel MAN
5 x générateur Diesel de 560 kW pour l'énergie électrique
Dispositifs spéciaux pour recharger les batteries de sous-marins
2 x hélice
Puissance : 8000 ch
Gasoil
820 tonnes
Vitesse maxi
15 nœuds
Armement
2 × canon anti-aériens QF 4 pouces
4 x canon de 4 pouces A.A. Mk 4
Blindage
Pont : 38mm
Cloisons: 38mm
Équipage
400 hommes + 1335 supplémentaires
Commandant
Capt. P. Ruck-Keene CBE RN
Victimes/Survivants
18/1105

- Premier grand navire auxiliaire spécialement construit pour la Royal Navy, le navire de dépôt de sous-marins "Medway" est également l'un de ses premiers grands navires à être propulsés par des moteurs Diesel. Conçu comme le navire-mère de dix-huit sous-marins (augmenté à 21 au moment de sa perte) des classes "O", "P" et plus tard "R", le "Medway" est capable de stocker jusqu'à 144 torpilles de 21 pouces (533mm) avec trois canons de rechange de 4 pouces et 1880 tonnes de carburant diesel. Le choix du diesel pour sa propre propulsion semble provenir d'un désir d'économiser sur le stockage du carburant, mais l'expérience n'est pas répétée. Au-delà des 400 hommes nécessaires pour la servir, les fonctions de base et de navire de réparation auprès de plusieurs flottilles de sous-marins à l'étranger l'oblige à fournir un logement et un espace de travail pour pas moins de 1335 personnes supplémentaires. Le H.M.S. "Medway" est mis sur cale chez Vickers-Armstrong à Barrow-in-Furness en Avril 1927 et lancé en Juillet 1928. Il est mis en service à Barrow en Juillet 1929 et, après de longs préparatifs à Portsmouth, il appareille vers l'Est avec quatre sous-marins de classe "O" en Mai 1930 pour remplacer le vieux H.M.S. "Titania" et ses bateaux de classe "L" à la China Station. Ces fonctions le maintiennent à Hong Kong et à Weiheiwei (aujourd'hui Weihai) sur la mer Jaune pendant les dix années suivantes. Le déclenchement des hostilités le trouve au radoub à Singapour, à l'issue duquel il est affecté à la Mediterranean Fleet pour servir de navire-dépôt à la 1st Submarine Flotilla. Le 02 Avril 1940, le "Medway" quitte Hong Kong pour la dernière fois et atteint Alexandrie le 03 Mai, où il reste jusqu'en Juin 1942.

- À la fin du mois de Juin 1942, les fortunes des Alliés sur le théâtre d'Afrique du Nord sont au plus bas. À l'usure constante des navires par les attaques aériennes et sous-marines s'ajoute une série de revers désastreux sur terre, qui culminent avec la reddition de Tobrouk le 20 Juin et le retrait de la 8th Army à El Alamein, à seulement soixante miles à l'Ouest d'Alexandrie. Bien que cette tournure des événements soulage la Royal Navy du fardeau de l'approvisionnement de Tobrouk, la chute d'Alexandrie - son principale base dans la Méditerranée orientale - devient une possibilité. En conséquence, la décision est prise de commencer une évacuation préliminaire du port avec le transfert des navires vers Port-Saïd, Haïfa et Beyrouth. Parmi ceux-ci se trouve le H.M.S. "Medway" qui appareille pour Beyrouth via Haïfa le 29 Juin avec une précieuse cargaison de quatre-vingt-dix torpilles. Avec lui se trouve le navire dépôt pour sous-marins Grec "Corinthia", et c'est une mesure de la valeur accordée à ces unités que le croiseur anti-aérien "Dido" et un écran de huit destroyers sont affectés pour les escorter. Le lendemain matin, leur présence est détectée via un hydrophone par l'U-372 qui avait plongé quelques heures plus tôt pour révéler ce qu'il identifie comme un destroyer de Classe "Hunt". S'approchant l'escadre britannique, le Kptlt Heinz-Ioachim Neumann mène une attaque audacieuse rappelant celle de l'U-331 sur le H.M.S. "Barham" six mois auparavant, brisant l'écran du destroyer à la profondeur du périscope et lâchant une salve complète de quatre torpilles qu'il a réglé avec une portée de 1500 mètres. Cependant, lorsque l'U-372 est secoué par la première d'une succession de détonations à peine vingt-cinq secondes plus tard, il est clair que Neumann a donné son ordre de tirer à une portée suicidaire trop proche de sa cible.
- Extrait du KTB de l'U-372.






Naufrage du H.M.S. Medway (© IWM)
Naufrage du H.M.S. "Medway" (© IWM) vu du H.M.S. "Hero"

- Trente secondes avant que son navire ne soit touché à 09h25 le Capt. Ruck-Keene, alors sur le pont inférieur, 'voit le tourbillon du lancement des torpilles, ou éventuellement où le massif brise la surface à environ 300-400 mètres sur le travers tribord de "Medway"'. Avant que l'écran puisse être alerté et que des mesures d'évitement puissent être prises, le "Medway" est touché sur le côté tribord par deux, probablement trois torpilles. La première explose à côté de la salle des moteurs diesel, faisant un grand trou dans le flanc du navire. La deuxième frappe l'extrémité arrière de la salle des machines, ainsi qu'une troisième, probablement à l'arrière. L'éclairage et l'alimentation électrique se sont immédiatement interrompus, à l'exception du circuit de faible puissance, car le "Medway" prend une gîte de 17 degrés sur tribord. Les moteurs, arrêtés par le telegraph d'ordre moteurs immédiatement après les coups au but, ne peuvent pas être remis en marche car les salles des machines et du diesel se sont remplies d'eau. Les tentatives pour limiter l'inondation s'avèrent infructueuses, le "Medway" se remplissant rapidement sur la moitié de sa longueur, de la salle des torpilles à l'avant vers les chambres froides à l'arrière. En dix minutes, la gîte atteint d'abord vingt-quatre puis trente degrés sans que le navire ne se stabilise. Quinze minutes après la détonation, le "Medway" est sur son barrot et il coule par l'avant deux minutes plus tard à 09h42. Quarante-sept de ses torpilles sont retrouvées flottant à la surface, puis récupérées par le destroyer d'escorte "Aldenham", mais beaucoup de matériel précieux a coulé avec lui et la 1st Submarine Flotilla, privée de munitions, ne prend que 800 tonnes de navires ennemis en Juillet 1942.
- Le grand volume de notes et de rapports concernant le naufrage de Medway n'a jamais été soumis à une commission d'enquête. Non seulement il était évident qu'il avait été endommagé au-delà de tout espoir de sauvetage, mais deux membres clés de l'écran, les destroyers "Zulu" et "Sikh", sont restés fortement engagés et ont finalement été perdus au large de Tobrouk, succombant respectivement aux attaques aériennes et aux tirs de la batterie côtière le 14 Septembre. Cependant, la perte du "Medway" n'a pas été sans controverse. L'argument a fait rage au sujet de l'efficacité de l'escorte anti-sous-marine en Méditerranée et des tactiques idéales contre les attaques sous-marines (voir "Barham" et "Partridge"). L'Admiralty's Deputy Director of Anti-Submarine Warfare, le Capt. C. P. Clarke, a vivement réagi à la suggestion selon laquelle l'incident du "Medway" indiquait une incompétence générale de la part des escortes britanniques, arguant que ce point de vue a 'une résonance de "poisson puant" à ce sujet. : Le D[irector of] A[nti-] S[ubmarine] W[arfare] a l'impression qu'en général les écrans britanniques ont été bien plus efficaces que les écrans italiens pour contrecarrer les attaques sous-marines. Peut-être que la 'trompette' ne sonne pas assez fort chaque fois que l'Asdic fait son travail'. Lui et d'autres ont réitéré le fait que la variation marquée des couches de température de l'eau qui caractérisent la Méditerranée en été compromettait grandement le fonctionnement efficace de l'équipement Asdic de la marine, en particulier, comme ici, là où le Nil débouchait dans la mer.
- Tout en rappelant l'impressionnant bilan du "Medway" dans le ravitaillement de la 1st Submarine Flotilla, Ruck-Keene a également rendu un hommage appuyé à son ennemi juré : 'si [le "Medway"] a dû être coulé, il était tout à fait approprié qu'il ait été coulé par un sous-marin, qui a sans aucun doute mené une très belle attaque invisible en passant à travers un solide écran Asdic'. Pour sa part, la conviction du Kptlt Neumann qu'il avait coulé un important transport de troupes est restée le point de vue allemand jusqu'à ce que la perte du "Medway" soit finalement annoncée en Septembre. Sa place prévue à Beyrouth a finalement été prise par le navire-dépôt H.M.S. "Talbot", transféré de Malte et renommé "Medway II" en son honneur.

- Lorsque la gîte du "Medway" atteint vingt-quatre degrés cinq minutes après l'attaque, le destroyer H.M. "Hero" reçoit l'ordre de retirer le personnel non essentiel sur son côté bâbord. Le "Hero" se tient à l'écart du "Medway" car l'équipage de ce dernier a reçu l'ordre de sauter par-dessus bord et de dériver vers l'arrière. Alors que la gîte passe à trente degrés, le Capt. Ruck-Keene ordonne à tous les hommes autres que le charpentier naval, les équipes de contrôle des avaries électriques et de la salle des machines d'abandonner le navire. En fait, la gîte continue à augmenter de façon si spectaculaire que ceux-ci sont également ressortis clairement quelques minutes plus tard. Aucun bateau de sauvetage ne peut être mis à l'eau et les gens du "Medway" s'enfuient du mieux qu'ils peuvent pendant qu'il chavire, la plupart du côté bâbord. Sautant à l'eau de l'autre côté de pont arrière, son aumônier, le révérend Francis Lampen, regarde la fin depuis un morceau de l'épave :

   À ce moment-là, il a dit: 'Le voilà! Et le navire vire à droite et puis son étrave pointe en l'air. C'est un spectacle formidable et même les hommes épuisés et en train de se noyer semblent tranquilles pendant quelques minutes. L'air siffle autour de lui. Il y a deux ou trois hommes assis à califourchon sur des parties du bateau - pauvres gars, je suppose qu'ils ne savent pas nager - l'un saute en glissant de plus en plus bas. Je m'attends à une explosion mais aucune ne vient.

- Mais il y a des explosions - des charges en profondeur lâchées dangereusement près des survivants par des destroyers de l'écran. Comme Lampen le rappelle, 'L'eau dansait devant nous et il semblait qu'on était frappé à l'estomac avec un coup de poing'. Malgré cela et le grand nombre d'hommes dans l'eau, pratiquement toutes les victimes mortelles du "Medway" sont considérées comme étant survenues dans les explosions de torpilles. Le bilan final de seulement dix-huit morts pour un équipage de 1123 représente un taux de survie inhabituellement élevé pour un navire touché par plusieurs torpilles et coulé en moins de vingt minutes. Les conditions de mer calme et chaude jouent sans aucun doute leur rôle, ainsi que le fait qu'au moins un bateau de sauvetage et un 'flotteur Carley' sont laissés à la surface après la naufrage du "Medway" avec de grandes quantités de morceaux d'épave et de débris. Les secours ne sont pas non plus retardés longtemps, le "Hero" et le "Zulu" étant présents pour récupérer les survivants. Ruck-Keene note que 'les officiers et les hommes se comportent de manière exemplaire, conformément aux meilleures traditions du service', bien que l'effectif du "Medway" ne soit pas entièrement masculin depuis l'embarquement d'un détachement du WRNS (Women's Royal Naval Service). Parmi les personnes récupérées par le "Hero" se trouve le Third Officer Audrey Coningham qui reçoit une mention dans les dépêches pour avoir donné son gilet de sauvetage à un marin en détresse et l'avoir soutenu jusqu'à l'arrivée des secours.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 254, 255 et 256 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


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