Attaques en Normandie
- Il est prévu de déployer le
K-Verband dès le début de l'invasion, mais
des retards dans la production et la formation sur les
différents appareils de mer font qu'aucune unité
n'est opérationnelle avant la fin du mois de Juin.
- La K-Flotilla 361 traverse l'Allemagne par la route le
13 Juin 1944 avec 60 Neger. La flottille quitte Rudolstadt
en Thuringe à bord de 92 poids lourds en direction de
Paris puis de la Normandie. Le premier groupe arrive à
Trouville le 28 Juin et trouve à Villers sur Mer un abri
protégé dans le bois de Favrol. Le second groupe
arrive le 05 Juillet de Pont l'Évêque. Le chef des
opérations est le KptzS Fritz Böhme.
- En raison d'une pénurie de personnel, les pilotes sont
renforcés par 12 volontaires de la Waffen-SS
détachés au SS-Jagdverbände du SS
Sturmbannführer Otto Skorzeny à Oranienburg. Il
s'agit de condamnés à des peines allant
jusqu'à dix ans d'emprisonnement, à qui l'on a
offert la possibilité de se réinsérer et de
bénéficier d'une remise de peine.
- Cette fois, l'opération est mieux
préparée. Böhme a réquisitionné
une ferme et caché les Neger dans des
étables. Le temps est bon et deux compagnies du
génie ouvrent des brèches dans les défenses
de la plage et les champs de mines pour permettre le passage de
tous. Des rampes de lancement en bois ont été
construites pour que les Neger puissent être
transportés dans des eaux suffisamment profondes pour les
faire flotter. Pendant la journée, les rampes sont
cachées sous des filets de camouflage.
- Les 04 et 05 Juillet, le service d'observation radio
(B-Dienst) signale cinq convois différents ayant
débarqué 6 280 hommes, 5 336 tonnes de
ravitaillement et 1 291 véhicules. Böhme est
opposé à une opération Neger car il
pense qu'il est probable que les convois doivent se battre pour
aller et revenir. La phase de démarrage peut durer trop
longtemps et dans le dernier tiers, il n'y a aucune garantie de
contact avec l'ennemi. Les torpilles des porteurs ne peuvent
être lancées que dans l'obscurité et au
reflux pour les transporter vers la zone d'attaque. Les pilotes
doivent mener leurs attaques puis profiter du flux pour revenir.
Chaque mois, il n'y a que trois ou quatre jours où ces
conditions de marée prévalaient. La première
de ces opérations eut lieu dans la nuit du 05 Juillet
1944.
- L'ObltzS Krieg se trouve dans un hôpital militaire
après avoir été grièvement
blessé à la tête dans un accident de camion
et l'ObltzS Leopold Koch pend le commandement de la K-Flotilla
361. Dans la soirée du 05 Juillet, 26 Neger
descendent en grondant la cale en bois pour leur première
opération contre la Trout-Line, la ligne
avancée de patrouilleurs protégeant les ports
Mulberry des Alliés. Deux Neger subissent
des dommages au moteur et sont contraints de revenir. Les 24
autres atteignent la zone cible et attaquent entre 03h00 et 06h30
le 06 Juillet.
- À 03h07, un pilote lance sa torpille sur une
péniche de débarquement. Elle passe sous la
chaloupe ML 151 et poursuit sa route vers le navire de
débarquement LCG 681. Le ML 151, qui a
aperçu le Neger, se dirige vers lui avec
l'intention de l'éperonner, mais est contraint de
s'éloigner lorsque les navires de débarquement
LCF 21 et LCG 681 ouvrent le feu. Le ML 151
arrose la zone avec des obus explosifs de 2,3 kg. Le dragueur de
mines H.M.S. Orestes tire sur un autre Neger avec
des oerlikons et des fusils. Un pilote retrouvé dans l'eau
près du dragueur de mines est emmené à bord
et fait prisonnier.
- Après 02h00, le pilote Walter Gerhold croise huit grands
navires marchands et 20 à 25 péniches de
débarquement. À 03h04, il lance sa torpille sur un
navire de guerre. Au bout de 40 secondes, il voit la torpille
toucher l'arrière du navire, provoquant une énorme
explosion, de grandes langues de feu poignardant le ciel
nocturne. La victime est la frégate H.M.S.
Trollope. Les Britanniques commencent à tirer
sauvagement. Le H.M.S. Stevenson prend à bord les
survivants de la frégate en train de couler tandis que des
destroyers et des corvettes ratissent la mer. Gerhold
échappe à ses poursuivants et les soldats allemands
le sortent de l'eau à Honfleur. Les Britanniques n'ont
aucune idée de ce sur quoi ils sont censés tirer.
La confusion règne. Malgré la capture d'un
Neger à Anzio et la publication d'une description
détaillée dans le Weekly Intelligence Report
du 09 Juin 1944, personne dans l'East Flank Support
Squadron n'a digéré le contenu.
- À 03h53, le dragueur de mines H.M.S. Magic est
torpillé et coule avec 25 de ses hommes. Le H.M.S.
Cato sauve de nombreux survivants avant d'être
lui-même torpillé et coulé. Environ 26
membres de son équipage périssent.
- Le pilote du Neger Horst Berger se souvient :
- Nous partons à environ 10 kilomètres de la
baie de Seine. Ils nous poussent dans l'eau en descendant une
rampe de poutres. 14 pilotes sont revenus. Le lendemain, 30
autres sont envoyés. Aucun ne revient. Qu'ils aient
été capturés ou noyés, je n'ai jamais
su. Nos quartiers sont sur la plage de Villers-sur-Mer. La
veille, nous avons vu les navires, nos cibles, depuis le rivage.
Ils s'étendent comme une grande île. Tant de navires
! Naturellement, tout le monde veut couler le plus gros. Beaucoup
de nos personnels de soutien sont très heureux de ne pas
avoir à prendre la mer cette nuit-là.
- Quand je pars, je suis très excité, même
si c'est ma deuxième opération. Je navigue vers la
flotte d'invasion pendant deux ou trois heures sans que rien ne
se passe. Les vagues sont hautes. Ma tête dans la coupole
est sous l'eau la moitié du temps. La lune brille. Le pire
est de n'avoir aucun contact avec le monde extérieur.
Chacun doit compter entièrement sur lui-même.
- Dans la nuit, je vois passer de nombreux navires à
une grande distance. Je n'ai aucune chance de les atteindre. Je
ne navigue qu'à 3 nœuds. Pendant mon voyage,
j'entends de nombreuses explosions au loin. C'est comme un feu
d'artifice à Treptow. Lentement, les heures passent. Puis,
à 05h45, j'ai un navire devant moi. Je commence mon
approche d'attaque. Je suis sur le point de lancer ma torpille
lorsqu'il y a une explosion. Des éclairs jaillissent
à bord, puis le navire se désintègre. Je me
détourne immédiatement pour chercher une autre
cible. Plus tard, je découvre qu'un de mes camarades a
coulé le navire. C'est un 3 000 tonnes.
- Ma chance arrive 15 minutes plus tard. Je commence mon
attaque et je tire ma torpille. Je pense d'abord que j'ai
raté mon coup. Au bout d'une minute environ, je vois et
entend une explosion. Un coup au but! J'ai dû toucher son
arrière. Ce rafiot est plus gros que l'autre.
- Entre-temps, il fait très clair. J'ai hâte de
rentrer le plus vite possible. Je vois des avions au loin. Je me
fais peur. Vers 09h30, un chasseur-bombardier me tire soudain
dessus avec ses mitrailleuses. Mon Neger est touché et
coule. Je sors rapidement et je nage pendant deux heures et demie
avant d'atteindre le rivage. Je suis totalement
épuisé et tremblant lorsque j'atteins la terre
ferme. Pendant que je nage, aucun avion ne me tire dessus. Je
suis heureux d'avoir survécu. Plus tard, je suis promu
Bootsmannsmaat. L'Admiral Beye, notre chef du K-Verband, me remet
la Croix allemande en or.
- L'Oberfähnrich Potthast, lui, n'a pas de chance lorsque sa
torpille d'attaque commence à se remplir d'eau. Le
Neger se retrouve alors presque à la verticale dans
l'eau. Pour éviter d'être entraîné vers
le fond, Potthast tire la torpille d'attaque. Elle se
détache mais la dérive heurte le Neger,
provoquant une voie d'eau. L'eau s'infiltre. Potthast
réussit à abandonner le bateau. Une heure plus
tard, il atteint l'estuaire de l'Orne à la nage.
Après avoir traversé les défenses statiques
de la plage et marché quatre kilomètres, il trouve
une unité d'infanterie allemande.
- Au cours de la matinée, les pilotes survivants
retournent un par un à leur quartier, un petit
château normand. Walter Gerhold rapporte avoir coulé
le croiseur léger polonais Dragon. Il s'agit d'une
erreur d'identification, le Dragon sera coulé le
lendemain, sa victime est la frégate H.M.S.
Trollope. Seuls 14 hommes reviennent de
l'opération, dix sont perdus à cause d'une erreur
de navigation, d'une capture, d'une attaque MTB ou de tirs
défensifs de péniches de débarquement.
- L'opération Neger suivante a lieu le lendemain.
À 22h25 le 07 Juillet, 21 Neger se glissent dans l'eau et
se dirigent le long de la côte vers le secteur de
débarquement Sword. Les Britanniques
aperçoivent pour la première fois un Neger
à 03h07. Cela annonce le début d'une grande
confusion, car à la mi-journée du 09 Juillet, 31
Neger sont aperçus, soit plus que le nombre de ceux
qui sont partis. Les canons antiaériens tirent à
tout va, les charges de profondeur explosent partout.
- À 04h30, l'Oberfähnrich Potthast lance sa torpille
sur un destroyer. Il est touché et voit des flammes
jaillir du destroyer. L'étrave du destroyer est
arrachée, il brûle, s'incline et coule. Peu
après, le porteur de Potthast est repéré par
le dragueur de mines H.M.S. Orestes qui ouvre le feu avec
une rafale de mitrailleuse. Potthast, grièvement
blessé, parvient à s'échapper. Un officier
britannique le repêche dans l'eau. Un autre pilote de
Neger, un matelot, est également grièvement
blessé et sauvé par les Britanniques. Après
que Potthast ait coulé le destroyer polonais
Dragon, à 06h50, un autre Neger torpille le
dragueur de mines H.M.S. Pylades. L'explosion à
l'avant est si puissante que l'étrave du navire se
retrouve à la verticale dans l'eau.
- Malgré ces succès individuels et la confusion que
les Neger sèment parmi les défenses
alliées, les pertes de la K-Flotilla 361 sont
importantes. Aucun des appareils ne revient. Tous sont
coulés par des navires de surface ou des avions de la RAF
et des forces aériennes françaises libres. Quatre
pilotes, dont Fritz Poltz, un Autrichien, sont capturés.
En conséquence de ces pertes, le commandement du
K-Verband décide d'abandonner les opérations
Neger.
- Ce qui reste de la K-Flotilla 361 est
transféré au Reich. Les opérateurs
survivants sont inscrits sur la liste d'entraînement des
Marders nouvellement livrés et
améliorés à Dorfkoppel (Eckernförde).
Comme les hommes sont « épuisés » et
que les dirigeants pensent que des débarquements
alliés peuvent avoir lieu dans la région
norvégienne et danoise, à la fin de l'automne 1944,
ils sont transférés avec 60 Marder à
Skagen, sur la pointe Nord du Jutland, puis à Asaa,
où ils sont prêts à intervenir. La
K-Flotilla 361 n'est cependant plus jamais
opérationnelle.
- En Octobre 1944, les hommes de la K-Flotilla 361 ont
dû passer de longues heures dans des « essais assis
» dans le Marder à Saalburg, le lieu de
fabrication, la raison étant que des fuites se produisent
dans les conduites fixes. La pression dans les réservoirs
d'air chute de manière disproportionnée, augmentant
le risque d'incendie. Le médecin du K-Verband
souligne qu'il faut d'abord introduire de l'oxygène dans
les réservoirs d'air, puis de l'air comprimé.
- Dans la nuit du 02 Août 1944, à Houlgate en
Normandie, une attaque combinée est lancée contre
les ports Mulberry par des Marder de la
K-Flotilla 362 et des bateaux explosifs Linse de la
K-Flotilla 211 appuyés par des bombardiers
allemands. La K-Flotilla 362 se divise en deux groupes en
quittant l'Allemagne. Du point de lancement, un petit bois
près de l'estuaire de l'Orne entre Houlgate et Trouville,
58 Marder partent et se dirigent vers les Mulberry.
L'attaque principale est concentrée sur
l'extrémité Nord de la Trout Line afin de
réduire les risques de contact avec les patrouilleurs
alliés. Pendant la nuit, une violente bataille s'ensuit
avec de lourdes pertes des deux côtés.
- Tout commence avec la péniche de débarquement
britannique LCG 1 et la vedette ML 131 qui engagent
un Marder sans succès. À 03h10, une torpille
manque de peu le destroyer H.M.S. Duff. À 03h25, le
chalutier armé H.M.S. Gairsay est torpillé
et coulé. La péniche de débarquement
armée LCT 764 est coulée par une torpille
Marder. Les navires de transport de troupes Fort de
Lac et Samlong sont torpillés et
endommagés, le Liberty Ship Samtucky, 7 219 tonnes
brutes, est coulé. Le croiseur léger H.M.S.
Durban est si gravement endommagé qu'il est
radié et condamné à servir de navire de bloc
pour renforcer les brise-lames de Mulberry
- À 0610, un Marder est coulé par la vedette
HDML 1049. Le destroyer de la flotte H.M.S.
Blencathra capture un spécimen intact avec sa
torpille encore attachée, mais alors que l'appareil est
hissé à bord, la torpille explose et cause
d'importants dégâts. Les Britanniques ont plus de
chance avec un autre Marder capturé qu'ils envoient
en Grande-Bretagne pour examen. Les Marder qui survivent
à la bataille sont pris en chasse par les
chasseurs-bombardiers Spitfire du 132 Squadron de la
RAF et au moins six d'entre eux sont détruits. Sur les 58
Marder qui ont pris la mer, seuls 17 reviennent, un taux
de pertes effroyable. Parmi les survivants de cette
opération se trouvent les pilotes ObltzS Winzer et
Schiebel, le lieutenant Haun, l'Oberfähnrich Pettke,
l'Obersteuermann Reuschoff, le Steuermannsmaat Schroeger, le
Maschinenmaat Gushi et les Matrosen Glaubrecht et Roth.
Glossaire
Source : HITLER'S SECRET COMMANDOS
