U.S.S. "Gannet" (AM-41)


U.S.S. Gannet (© Bruce Taylor Collection)
U.S.S. "Gannet" (© Bruce Taylor Collection)


Type
Dragueur de mines de Lapwing-class
Chantiers de Construction
Todd Pacific Shipyards Corp. New York
Mise sur cale
01 Octobre 1918
Lancement
19 Mars 1919
Mise en service
10 Juillet 1919
Reclassifié
Small Seaplane Tender AVP-8, le 22 Janvier 1936
Caractéristiques techniques
Longueur : 57,22 mètres
Largeur : 10,82 mètres
Tirant d'eau : 2,97 mètres
Déplacement : 950 tonnes
Propulsion
2 x chaudière d'en-tête Babcock et Wilcox
1 x moteur à vapeur alternatif à triple expansion verticale à vapeur saturée de 200 psi Harlan et Hollingsworth de 1400 ch
1 x hélice
Vitesse maxi
14 nœuds
Armement
2 x canon de 3"
4 x mitrailleuse de 20mm A.A.
Équipage
72 hommes
Commandant
Lt Cdr. Francis E. Nuessle USN
Victimes/Survivants
16/61

- L'U.S.S. "Gannet" est à l'origine l'un des quarante-neuf dragueurs de mines de la classe "Lapwing" autorisés par le Congrès en Octobre 1917 pour déminer les mines allemandes aux abords des ports de la côte Est des États-Unis. Les navires qui en résultent, polyvalents et bien trouvés, sont également parmi les derniers de la marine américaine à être équipés d'un gréement à voile. Le "Gannet" est mis sur cale par la Todd Shipyard Corp. de New York en Octobre 1918, lancé en Mars 1919 et mis en service au chantier naval de New York le 10 Juillet de la même année sous le nom de dragueur de mines n°41. Terminé trop tard pour remplir son rôle, le "Gannet" commence sa carrière en étant affectée à la Pacific Fleet, quittant New York le 11 Août 1919 pour sa base de San Diego, qu'il atteint le 02 Novembre, après des essais à Guantanamo Bay, à Cuba. Compte tenu du numéro de coque AM-41, le "Gannet" est successivement affecté à Pacific Fleet's Fleet Train, au Aircraft Squadron, à la Battle Fleet, et puis à la Base Force, US Fleet. Son service est en grande partie celui de 'tender to aircraft' pour les escadrilles d'aéronefs et les fonctions connexes de remorquage, de transport et de transport de passagers le long de la côte Ouest et lors de manœuvres au large d'Hawaï, Panama et dans les Caraïbes. Les mois d'été de 1926, 1929 et 1932-1955 sont consacrés à des expéditions de prospection aérienne en Alaska et dans les Aléoutiennes. Déjà désigné comme dragueur de mines en service avec des aéronefs en Avril 1931, le 22 Janvier 1936, le "Gannet" est reclassé comme 'small seaplane tender' et reçoit le numéro de coque AYP-8. En Août 1937 son long séjour à San Diego prend fin lorsqu'il est affecté comme 'tender for aircraft' pour les escadrons d'avions de la Scouting Force sur la base navale américaine de Coco Solo sur la côte Caraïbe de la zone du canal de Panama. Ici, il reste jusqu'à ce qu'il reçoive l'ordre de se diriger vers Norfolk, Virginie en Juin 1939 comme 'tender' de la Patrol Wing 5, Aircraft Scouting Force, basée à Key West, aux Bermudes, à Sainte-Lucie et à Trinidad. En Septembre 1941, on lui ordonne d'établir une base d'hydravions avancée à Kungnait Bay, au Groenland, qui l'occupe jusqu'en Octobre. Le "Gannet" est ensuite affecté à Hamilton, aux Bermudes et c'est ici que l'attaque japonaise sur Pearl Harbor le trouve en train de s'occuper de l'avion chargé de patrouiller dans les eaux locales et de couvrir les approches de cette base. En Janvier 1942, il sert non seulement de 'tender' aux bombardiers de patrouille "Martin Mariner" du Patrol Squadron 74 (VP-74), mais aussi de centre de communications pour toutes les opérations aériennes locales.

- Le 01 Juin 1942, le cargo S.S. "Westmoreland" est torpillé par l'U-566 (Kptlt Dietrich Borchert) alors qu'il navigue non accompagné à 250 nautiques au Nord-Est des Bermudes. Avant que l'U-566 ne l'achève avec son artillerie, le "Westmoreland" est en mesure de transmettre un signal de détresse qui aboutit à une recherche aérienne lancée depuis les Bermudes pendant plusieurs jours. Le 02 l'U.S.S. "Gannet" reçoit l'ordre du Rear-Admiral Jules James, commandant de l'US Naval Operating Base, aux Bermudes, de se rendre à cinq nautiques à l'Est du Mount Hill Light avec le H.M.S. "Sumar" avant de se diriger vers le Nord pour se joindre à la recherche. Tôt le lendemain matin, le commandant de Gannet, le Lt Cdr Francis E. Nuessle, est surpris de découvrir que le "Sumar" (Lt G. E. Kernohan RC VR) n'est pas une corvette comme prévu, mais un yacht converti capable de pas mieux que dix nœuds. De plus, non seulement les deux navires n'ont pas de carnets de signaux communs et le "Gannet" pas d'appareil sonar, mais le "Sumar" est dans la position extraordinaire de n'avoir ni radio ni boussole précise. Les difficultés occasionnées par cette situation sont enregistrées par le Lt Cdr; Nuessle :

   Il est constaté qu'en raison d'un gyroscope défectueux, le "Sumar" a du mal à maintenir une trajectoire de base, déviant jusqu'à 10° de chaque côté. En raison de la nature de ses machines, il est impossible de maintenir sa position sur le "Gannet". Le "Gannet" garde donc la position sur le "Sumar", et l'intervalle entre les navires se rapproche à 500 yards (≈ 460 mètres). Étant donné que les deux navires ne possèdent aucun plan de zigzag commun, puisque le pilotage erratique du "Sumar" fournit le même effet à un degré modéré, et puisque l'absence d'une boussole précise met en danger la perte de contact du "Gannet" pendant l'obscurité si des manœuvres plus élaborées sont employées et si un plan de zigzag est commandé.

- Des lumières sont installées sur la poupe du "Sumar" et la proue du "Gannet" pour s'assurer que le contact ne sera pas perdu pendant les heures d'obscurité. Malgré une recherche intensive avec l’aide d’avions venus des Bermudes, aucun survivant de "Westmoreland" n’est retrouvé et, le 06 Juin, à 13h00, le "Gannet" et le "Sumar" reçoivent l’ordre de retourner aux Bermudes. À ce moment-là, cependant, ils sont suivis par l'U-653 du Kptlt Gerhard Feiler. L'extrait du journal de guerre de Feiler qui suit montre comment l'U-653 les a suivis pendant cet après-midi et jusqu'aux petites heures du 07 avant de lancer une paire de torpilles contre chaque navire à 04h20 heure allemande (02h20 heure alliée). Toutes les torpilles ratent leurs cibles mais ni celles-ci ni l'U-653 lui-même ne sont captés sur les hydrophones du "Sumar" ou d'ailleurs par son équipement Asdic, qui est désormais inutilisable. En même temps, cela permet à Feiler de lancer deux autres torpilles peu avant l'aube.
- Extrait du KTB de l'U-653.





- La torpille de l'U-653 frappe le "Gannet" à 05h50, heure alliée, au milieu du navire, juste au-dessous de la ligne de flottaison, détruisant les deux chaudières et rompant les cloisons avant et arrière de la salle de chauffe. Toutes les machines et le courant électrique sont immédiatement coupés et la salle des machines, les deux salles de chauffe et plusieurs des compartiments avant commencent à être inondés alors que le navire prend une gîte immédiate de quinze degrés à tribord. Le Boatswain (maître d'équipage) J. D. Jeffords (officier de pont à partir de minuit) signale la situation générale au Lt Cdr. Nuessle lorsque ce dernier apparaît sur la passerelle une minute environ plus tard et reçoit l'autorisation de descendre et d'évaluer l'état du navire. Ses conclusions au cours des deux minutes suivantes ne laissent aucune raison d'être optimiste : 'la cloison avant [de la salle des machines] est sur le point de s'effondrer, elle est toute bombée dans la salle des machines, certaines pompes sont détruites et de grands torrents d'eau affluent de la salle de chauffe'. L'équipage s'éloigne encore de l'épave lorsque le "Gannet" 'roule régulièrement, légèrement en bas par la proue' avant de couler la proue en premier, son hélice hors de l'eau. Quatre minutes seulement se sont écoulées depuis qu'il a été touché.
- Du point de vue des Alliés, le naufrage est surtout marqué par la disparition de la scène du H.M.S. "Sumar", malgré le tir de neuf fusées éclairantes à son profit à la fois avant le naufrage et après depuis les radeaux. Celles-ci sont notées par l'U-653 mais ne suscitent aucune réponse du "Sumar", qui est reçu à son retour aux Bermudes plus tard dans la journée avec une enquête immédiate des autorités britanniques et américaines. Une enquête sur l'événement révèle que son commandant, le Lt G. E. Kernahan, 'a décidé définitivement que l'explosion entendue à bord de son navire est celle d'un tir de canon', sur la base du fait que son équipage n'a obtenu aucune détection sonore ou hydrophone d'une explosion. Au lieu de cela, Kernahan 'a confondu la pyrotechnie pour des signaux de changement de cap et a pris l'explosion de la torpille pour des tirs de canon'.
- D'après la correspondance ultérieure entre le Commander-Chief de la Royal Navy America and West Indies, l'Amiral Sir Charles Kennedy-Purvis, et le Commandant of the US Naval Operating Base aux Bermudes, le Rear Admiral Jules James il est clair que l'événement est une source d'embarras aigu pour la Britannique, Kennedy-Purvis informant son homologue américain que Kernahan "reviendrait au Canada avec une recommandation selon laquelle il est considéré comme inapte à commander l'un des navires de Sa Majesté". En effet, une cour martiale est évitée uniquement parce que les officiers supérieurs du "Gannet" - qui doivent témoigner dans le cadre d'un tel processus - ont reçu l'ordre de rentrer aux États-Unis. Comme le souligne le Rear Admiral James, seuls cette décision et le départ de Kernohan pour le Canada évitent à toutes les personnes concernées 'l'embarras extrême de devoir faire comparaître des officiers et des hommes de la marine américaine comme témoins pour la poursuite d'une accusation aussi grave contre un officier de la marine britannique'. Mais le différend continue à se développer, révélant les tensions sous-jacentes entre les deux marines sur cette question, au-delà du naufrage du "Gannet". Une lettre de suivi de James fait remarquer qu'"il serait souhaitable que tous les navires anti-sous-marins présents aux Bermudes, ou qui pourraient y être affectés à l'avenir, soient commandés par des officiers capables d'entreprendre toute tâche à laquelle nous pourrions être confrontés". Lorsque Kennedy-Purvis répond en suggérant qu'«il serait apprécié que, à l'avenir, des navires tels que le "Sumar" ne soient pas détachés pour des opérations pour lesquelles ils ne conviennent pas, la patience de James craque. Non seulement un rapport en Avril 1942 'déclare clairement que [le "Sumar") était en préparation pour ce genre de responsabilité', mais le commandement de la R.N. aux Bermudes l'avait 'rapporté prêt et disponible pour cela' avant la sortie avec le "Gannet". De plus, la position splendide du "Sumar" au moment du naufrage indique également la justification et la sagesse de la manière dont il a été employé. En fait, il a été en mesure d'attaquer l'ennemi et enfin de sauver les survivants de son malheureux compagnon, et ce faisant, de se couvrir de gloire - la position idéale que nous nous efforçons si dur d'obtenir.
- Bien qu'il n'y ait aucune raison de croire que le "Sumar" était capable de détecter l'U-653 le matin en question, la frustration de James peut être facilement comprise.

- Un décompte après le naufrage du "Gannet" trouve soixante-deux survivants sur un effectif de soixante-dix-sept hommes, bien qu'un autre ait péri avant la fin de l'événement, portant le nombre de morts à seize. Le rapport officiel a conclu qu'"il est raisonnablement certain que la plus grande majorité d'entre eux, qui se trouvaient dans les salles de chauffe ou dans les espaces de vie, sont morts instantanément lors de l'explosion", bien que les morts comprenaient presque certainement un certain nombre d'hommes qui ont sauté du navire. La vitesse du naufrage empêche la descente des bateaux de sauvetage du navire, et aucun flotteur ne s'est dégagé malgré qu'ils aient été laissés détachés de leurs bossoirs 'et on pense que tous ont été transportés sous le mât et la bôme du bateau lorsque le navire a basculé et a coulé'.
- Le Lt Cdr. Nuessle, qui à peine échappé à l'aspiration de l'épave, rejoint les survivants rassemblés autour de trois radeaux de sauvetage donne aussitôt l'ordre de les amarrer avec les blessés hissés à bord. Avec le "Sumar" ayant quitté les lieux, les survivants se retrouvent dans une situation difficile. Par hasard, ils sont aperçus ce soir-là à 19 h00 par le lieutenant W. L. Pettingill USN lors d'une patrouille de routine à bord du "Mariner" 74-P2, l'un des avions pour lesquels le "Gannet" était le tender. Sans savoir qui ils sont et ne peuvent pas 'amerrir à des fins de sauvetage sans l'autorisation autorité supérieure', Pettingill cercle au-dessus de la scène pour signaler sa position à la Naval Operating Base des Bermudes et (selon les instructions données à l'époque) signalant aux survivants qu'ils seraient secourus le lendemain. Cependant, une fois qu'il prend conscience de ses propres observations et des gesticulations des survivants et qu'il y a des hommes gravement blessés dans le groupe, Pettingill décide de défier les ordres permanents et d'amerrir, il établit l'identité des survivants, prend onze hommes à bord (y compris des blessés graves, dont un mortellement), et se dirige vers les Bermudes, rapportant ses découvertes en cours de route. Quelques heures plus tard, les autres sont aperçus par le Lt Cdr J. W. Gannon USN à bord du "Mariner" 74-P7 qui guide le dragueur de mines rapide U.S.S. "Hamilton" sur les lieux plus tard dans la soirée, où les deux se partagent la tâche de sauvetage avant de renvoyer les survivants aux Bermudes, onze par avion et quarante par mer. Comme l'indique le rapport officiel du sauvetage, 'compte tenu de la tempête qui a couvert la région le lendemain, il est certain que si les opérations de sauvetage avaient été reportées, pas un seul homme n'aurait survécu' - et pour de nombreux blessés, la décision du Lt Pettingill de défier les ordres d'amerrir a été tout aussi vitale. C'est ainsi qu'à bord du U.S.S. "Gannet" et des "Mariner" 74-P2 et 74-P7, les rôles de tender et d'assistance ont été inversés au profit des deux.
- La discipline et la bravoure dont a fait preuve l'équipage du navire du "Gannet" ont été notées tout au long de la chaîne de commandement, mais le Commander-in-Chief Atlantic Fleet, le Vice Admiral Royal E. Ingersoll, a rejeté les recommandations visant à accorder une reconnaissance spéciale à tous les hommes sauf un, faisant remarquer que pour la plupart d'entre eux, il ne voyait pas 'd'action allant au-delà du devoir'. L'exception est le Carpenter's Mate 3/c Harry Smith O'Donnell, l'un des nombreux hommes expulsés du navire par l'explosion de la torpille. En remontant à la surface, O'Donnell, étourdi, entendit un homme blessé se débattre dans l'eau encore plus loin du navire. Ignorant que le "Gannet" était condamné, O'Donnell nage pour retrouver le Shipfitter 3/c Guilford J. Ruman avec de multiples fractures et privé de son gilet de sauvetage. Pendant plus d'une demi-heure, O'Donnell garde Ruman à flot jusqu'à ce que l'un des radeaux puisse être attiré sur les lieux, 'un acte courageux et désintéressé qui aboutit sans aucun doute à sauver la vie de Ruman'.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 239, 240, 241 et 242 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


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