H.M.S. "Blackwood"


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Type
Chantiers de Construction
Boston Navy Yard, Massachusetts (U.S.A.)
Mise sur cale
22 Septembre 1942
Lancement
23 Novembre 1942
Mise en service
27 Mars 1943
Caractéristiques techniques
Longueur : 88,23 mètres
Largeur : 10,66 mètres
Tirant d'eau : 2,74 mètres
Déplacement : 1140 tonnes
Propulsion
4 x moteur General Motors 278A 16 cylindres
Groupes électrogènes GE de 7 040 ch (5 250 kW)
Générateurs de 4 800 kW
Moteurs électriques GE de 4 500 kW
2 x hélice
Vitesse maxi
20 nœuds
Autonomie
5 000 nautiques à 15 nœuds
Armement
3 × canon de 3 pouces (76mm)/50 Mk.22
1 × monture double Bofors de 40mm Mk.I
7-16 x canons Oerlikon de 20mm
Lanceur Mark 10 Hedgehog A/S
Charges de profondeur
1 x canon de marine QF 2 livres
Senseurs
Radar de Type SA & SL
Asdic de Type 144
Antenne MF de Direction Finding
Antenne HF de Direction Finding Type FH 4
Équipage
156 hommes
Commandant
Lt Cdr. L. T. Sly RD RNR
Victimes/Survivants
58/105 environ

- Mis sur cale le 22 Septembre 1942, lancé le 23 Novembre et achevé le 27 Mars 1943, le H.M.S. "Blackwood" est construit au Boston Navy Yard comme tous les navires de son sous-groupe sauf deux. Sa mise en service est retardée par le fait qu'il sert de banc d'essai pour résoudre les problèmes de bloc de propulsion communs à l'ensemble du sous-groupe. Après avoir fait ses essais aux Bermudes, le "Blackwood" rejoint le 4th Escort Group en tant que leader, naviguant de là avec son premier convoi le 30 Juin. Basé par la suite à Belfast, le travail de convoi du 4th EG le mène au sud jusqu'à Dakar, de nouveau dans l'Atlantique Nord, puis dans le Golfe de Gascogne où le "Blackwood" participe au naufrage de l'U-648 le 23 Novembre, puis à celui de l'U-600 deux jours plus tard. En Décembre, il est transféré au 3rd Escort Group nouvellement formé, également basé à Belfast. Les missions de convoyage dans le golfe de Gascogne et sur le trajet de Gibraltar culminent en Janvier 1944 avec l'escorte de navires importants à Port Saïd via la Méditerranée. Après d'autres missions dans l'Atlantique et une remise en état à Belfast en Mars, l'invasion imminente de la France fait que les mois d'Avril et de Mai sont largement occupés par des balayages anti-sous-marins des Western Approaches et de la partie Sud du canal de St George, le 3rd EG étant basé à Devonport. Avec le début de l'opération "Neptune", le volet naval d'"OVERLORD", à partir du 07 Juin (jour J+1), le 3rd EG est chargé de patrouiller les voies maritimes entre Portland et Cherbourg contre l'attaque attendue des U-Boote. En fait, la première semaine de la campagne de Normandie donne lieu à de nombreuses alarmes mais aucun contact réel avec les U-Boote, et le soir du 14 Juin, le "Blackwood" se ravitaille tranquillement en carburant dans les Portland Roads. À 07h00 le lendemain matin, il appareille pour reprendre ses fonctions. À 70 nautiques de la baie de Weymouth, le désastre frappe.

- Le Haut Commandement Allemand ne prend connaissance de l'invasion de la France qu'aux premières heures du 06 Juin 1944, le jour J lui-même. Le débarquement en Normandie démontre la puissance écrasante de la marine et de l'aviation alliées : plus de 4 000 transports et péniches de débarquement défendus par 1 200 navires de guerre, tous opérant sous un parapluie de 6 000 chasseurs et bombardiers. Les unités de surface allemandes ne comptant pas plus de quatre destroyers, neuf torpilleurs et trente E-Boote, on attend beaucoup de l'U-Boot-Waffe, mais même la nouvelle technologie du "Schnorchel" ne peut lui donner l'avantage espéré sur les Alliés. Néanmoins, le groupe "Landwirt" (fermier) est réuni et compte quarante-trois U-Boote (dont quinze équipés du "Schnorchel") auxquels Dönitz donne ces ordres à glacer le sang : 'Chaque navire participant au débarquement ... est une cible de la plus haute importance qui doit être attaquée sans tenir compte des risques .... Tout bateau qui inflige des pertes à l'ennemi pendant qu'il débarque a rempli sa fonction première, même s'il périt ce faisant'. En l'espace de quatre jours, les hommes qui se trouvent dans les vingt-huit bateaux "non-Schnorchel" n'ont pas beaucoup de chance de voir leurs efforts récompensés : cinq d'entre eux sont coulés en l'espace de quatre jours et cinq autres sont tellement endommagés qu'ils atteignent avec peine le port. Ces circonstances entraînèrent la suspension des opérations dans la Manche pour ces bateaux, laissant le fardeau à la charge des quinze bateaux équipés de "Schnorchel" qui ont appareillé des bases françaises. L'un d'entre eux, l'U-764 de l'Oblt.z.S. Hanskurt von Bremen, appareille de Brest le 06 Juin avec l'ordre d'attaquer les navires ennemis sur les routes clés entre l'Angleterre et la Baie de la Seine. Aux premières heures du 09, l'U-764 se retrouve envahi par un grand nombre de navires, à la suite de quoi von Bremen tire quatre torpilles à une profondeur inférieure à celle du périscope, en se basant sur les données acoustiques. Toutes ont manqué leur cible. Au matin du 15, l'U-764 a atteint un point situé au Nord de Cherbourg, juste avant la zone opérationnelle à laquelle il a été assigné, mais il fait alors brusquement demi-tour en direction de Guernesey, enregistrant le besoin de recharger les batteries et de donner à l'équipage une journée de repos bien nécessaire. Cependant, cette action a amené l'U-764 à entrer en contact avec des unités du 3rd Escort Group, comprenant les frégates H.M. "Duckworth" (officier supérieur), "Blackwood" et "Essington". Les trois navires sont en train de former une ligne de front pour effectuer un balayage 'gamma' en début de soirée lorsqu'une des torpilles de von Bremen trouve sa cible.
- Extrait du KTB de l'U-764.




50°13'N 02°15'O selon une autre source


- La torpille de l'U-764 a frappé le "Blackwood" sur le côté tribord, près de la soute à munitions avant, l'heure étant notée par le "Essington" et le "Duckworth" comme étant respectivement 19h09 et 19h11. Du point de vue du Lt Cdr W. Lambert RNVR du "Essington", à trois nautiques par le travers tribord du "Blackwood", ce dernier a subi une énorme explosion avant d'être obscurci par un dense nuage de fumée jaune. Une fois ce nuage dissipé, il est apparu que le "Blackwood" était toujours à flot bien que sa section avant ait été démolie par la détonation de la soute à munitions. Le mât s'est effondré, la structure du pont a été projetée en arrière, une forte odeur de cordite flotte dans l'air et les moteurs se sont arrêtés. Cependant, les efforts pour mettre en place des mesures de contrôle des dommages puis pour abandonner le navire ont été entravés par l'absence d'hommes qualifiés pour prendre le contrôle de la situation, la plupart des officiers du "Blackwood" ayant été tués ou incapables de le faire sur le pont et dans le carré des officiers. Le Temporary Surgeon Lt Brosnan RNR, qui non seulement n'était pas formé pour cette tâche mais n'avait rejoint le navire depuis le "Essington" que la veille au soir. Cela mis à part, Brosnan avait fort à faire pour soigner de nombreux hommes gravement blessés, tout en souffrant lui-même d'un choc et de blessures à la tête. Les documents qui ont survécu ne permettent pas de savoir qui a pris la responsabilité du contrôle des dommages, bien qu'un chef mécanicien anonyme, lui-même lors de son premier voyage à bord, ait connecté toutes les pompes disponibles afin de faire face à l'inondation de la salle des machines. Des mesures sont alors prises pour retirer l'équipage du navire et le "Blackwood" est totalement abandonné à 21h00. Avec un remorqueur de sauvetage en route depuis Plymouth, le Lt Cdr Lambert a envisagé de prendre le "Blackwood" en remorque une fois les survivants évacués, mais 'avec l'affaissement du milieu du navire, l'obscurité croissante et le vent qui se levait, il a considéré qu'il était déconseillé de mettre un groupe bord'. Le remorqueur "Miss Elaine" arrive sur les lieux à 04h15 le lendemain matin, mais trop tard : à 04h10, des 'explosions mineures accompagnées d'éclairs' ont été vues en provenance du "Blackwood" et le remorqueur a été mis en garde par crainte de dommages causés par les charges de profondeur. À 04h13, le "Blackwood" avait manifestement coulé, car le "Essington" ne pouvait plus obtenir de coordonnées radar.
- Aucune commission d'enquête (Board of Enquiry) n'a été convoquée pour la perte du "Blackwood" en raison du long rapport du Surgeon Lt Brosnan et de l'incapacité de tout autre officier à 'donner un compte rendu lucide de l'événement'. Un rapport sommaire du Cdr. R. G. Mills, officier supérieur du 3rd Escort Group, ajoute que 'des preuves non concluantes suggèrent que l'U-Boot attaquant a pu être détruit par le H.M.S. "Duckworth " (son propre navire), bien que le recul justifie sa prudence. Von Bremen ramena l'U-764 à Brest après avoir subi quelques dommages lors de l'attaque au 'Hedgehog' du "Duckworth" à 19h33, mais s'il s'attendait à des applaudissements après avoir coulé le "Blackwood", il était destiné à être déçu. Au contraire, le B.d.U. s'insurge contre la décision inexplicable de von Bremen de ne pas se rendre dans sa zone opérationnelle désignée, s'insurgeant contre le manque 'd'énergie et de volonté d'attaquer' du commandant qui l'a vu agir à l'encontre des instructions et se retirer vers Guernesey le 15' sans être particulièrement pressé par l'ennemi ... pour donner du repos à l'équipage'. Le Konteradmiral Eberhard Godt était également ulcéré face au 'gaspillage total' que représentait le tir de quatre torpilles (en réalité cinq, car l'une d'entre elles était un 'défaut de tube') le 09, sur la base des seules données de l'hydrophone. Sa colère s'est encore accrue lorsqu'il a appris que von Bremen ne pouvait pas être certain que les navires attaqués n'étaient pas en fait quatre destroyers allemands faisant route de Cherbourg à Brest, un mouvement dont il avait été informé quelques heures avant son 'tir aléatoire'.

- La détonation qui a détruit la section avant du "Blackwood" a fait plus de cinquante morts et autant de blessés. Le navire était à son poste de croisière et de nombreuses personnes se trouvaient sur les ponts du mess avant lorsque le coup au but a lieu, la force de l'explosion laissant des cadavres éparpillés dans la partie avant du navire, tant au-dessus qu'au-dessous du pont. Comme l'a fait remarquer le Cdr. Mills dans son rapport, 'on ne s'est pas rendu compte à ce moment-là que sur les 105 survivants, il n'y avait pas d'officiers ou d'hommes pleinement compétents pour faire face à l'urgence'. Parmi ceux qui se trouvaient sur la passerelle, le Lt Cdr Sly a survécu avec de graves blessures alors qu'il se trouvait dans la chambre des cartes, tandis que le Lt Garner, le premier lieutenant, a subi de graves blessures au dos, à la tête et au bras alors qu'il se trouvait sur le pont des embarcations entre les canons Oerlikon. D'autres officiers ont subi de graves commotions cérébrales, tandis que le mess des officiers mariniers à l'avant a été complètement détruit par l'explosion. Le Surgeon Lt Brosnan semble avoir été le seul officier à survivre du carré où les stewards commençaient à préparer le souper. Reprenant ses esprits sous un morceau de la table du carré, les tentatives de Brosnan pour se rendre sur le pont l'ont conduit à des scènes de mort aussi atroces que celles relatées dans ces pages - des corps suspendus sur le côté bâbord et qui dégagent du sang, des hommes morts éparpillés sur le pont, un cadavre près des râteliers des charges de profondeur avec de multiples fractures aux bras et aux jambes et un autre suspendu par les pieds à l'armoire Asdic. Brosnan ordonne à un certain nombre de soutiers d'aller à l'avant pour chercher d'autres hommes blessés. Après avoir rencontré le préposé au banc des malades, il a été convenu que ce dernier concentrerait les blessés à l'arrière où Brosnan s'occuperait d'eux. Brosnan se souvient, 'La plupart des blessures étaient des blessures à la tête ou des membres cassés. Ils étaient tous froids, choqués, trempés et complètement malheureux'. Une équipe de recherche envoyée sur le pont du mess des marins, sous le carré des officiers, n'a trouvé que trois hommes en vie, mais l'un d'entre eux est mort avant d'avoir pu être libéré de l'épave. Les autres flottaient et étaient soit morts, soit noyés. Peu après l'explosion, le Lt Cdr Lambert, du "Essington", a aperçu deux vedettes de sauvetage air-mer à l'horizon et leur a fait signe de s'approcher à leur meilleure vitesse et d'embarquer les survivants. Bien que l'embarquement des blessés ait pris un certain temps, les vedettes ont réussi à faire monter à bord tous les survivants, soit un total d'environ 110 hommes. La mort de trois matelots en route vers Portland, tous victimes de 'graves blessures à la tête et autres', porte le bilan à cinquante-huit hommes.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 403, 404 et 405 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


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