HNorMS "Montbretia"


HNorMS Montbretia (© IWM)
HNorMS "Montbretia" (© IWM)


Type
Chantiers de Construction
Fleming & Ferguson Ltd. (Paisley, É)
Mise sur cale
16 Novembre 1940
Lancement
27 Mai 1941
Mise en service
Septembre 1941
Caractéristiques techniques
Longueur : 62,48 mètres
Largeur : 10,06 mètres
Tirant d'eau : 3,51 mètres
Déplacement : 925 à 1170 tonnes
Déplacement maxi : 1200 à 1380 tonnes
Propulsion
Machine à vapeur alternative 4 cylindres 2 Chaudières Scotch de 2750 cv
Vitesse maxi
16 nœuds
Autonomie
3500 nautiques à 12 nœuds
5500 milles à 9 nœuds
Armement
1 canon de 120 mm
1 canon quadruple de 40 mm A.A.
2 canons de 20 mm A.A.
2 mitrailleuses
2 grenadeurs (60 grenades)
4 mortiers
1 Hedgehog (à partir de 1942)
Détection
1 × SW1C ou 1 radar 2C
1 × Type 123A ou 1 sonar de Type 127DV
Équipage
85 hommes
Commandant
Kapt.Lt H. Søiland KNM
Victimes/Survivants
47/27
Notes
Dérivés d'un modèle de baleinier de Smith Dock Co. Ltd., Middlesborough. Elles ne coûtaient que 90.000 £
Churchill a dit d'elles "Bon marché et méchantes - bon marché pour nous, méchantes pour les U-Boote".

- La corvette "Montbretia" de la classe "Flower" est construite au chantier de Fleming & Ferguson à Paisley sur la Clyde en Novembre 1940, lancée en Mai 1941 et achevée en Septembre de la même année est l'une des corvettes commandées par la Marine royale norvégienne, qui sert alors sous le sous le commandement opérationnel de l'Amirauté à Londres. Après sa mise au point au H.M.S. "Western Isles", l'établissement de formation anti-sous-marine de Tobermory, le HNorMS "Montbretia" est affecté au 7th Escort Group du Western Approaches Command à Liverpool et rejoint son premier convoi le 23 Octobre. Le service sans relâche dans l'Atlantique se poursuit jusqu'au 20 Janvier 1942, date à laquelle il s'échoue à Strangford Lough, sur la côte de l'Irlande du Nord, un accident qui le maintient à quai à Belfast jusqu'au 15 Mai. Affecté à la 6th EG à Londonderry, à peine était-il retourné à Tobermory pour se remettre en état qu'il s'échoue à nouveau, cette fois-ci nécessitant dix jours à Liverpool pour réparer les dégâts. Rejoignant son groupe, le "Montbretia" entame une seconde période de service dans l'Atlantique Nord qui voit le 6th EG se transformer en une unité parfaitement entraînée, gagnant ses galons lors de la féroce bataille pour le convoi SC 104 du 12 au 16 Octobre 1942. Au cours de cet engagement, le SC 104 subit la perte de sept navires marchands, ce qui coûte trois U-Boote à la Kriegsmarine, le "Montbretia" ayant failli en ajouter un quatrième dans la nuit du 14 au 15 Octobre lorsqu'il chasse l'U-615 à bout portant avec son canon de 4 pouces. Néanmoins, c'est un 6th EG plutôt réduit qui rejoint l'ON 144 en provenance de Londonderry vers le 07 Novembre; lorsqu'elle atteint St John's deux semaines plus tard, il est encore plus réduit.

- Le blocus forcé du détroit de Gibraltar, alors que la Kriegsmarine tente de contrer les débarquements alliés en Afrique du Nord au début de Novembre 1942, laisse à Donitz peu d'U-Boote pour attaquer les convois de l'Atlantique. Ce n'est qu'au milieu du mois qu'il est possible de former le groupe Kreuzotter ("vipère"), qui compte neuf bateaux le 15 Novembre. Alors que Bletchley Park n'a toujours pas réussi à déchiffrer le code Enigma à quatre rotors, le lent convoi ON144 se dirige directement vers la ligne des "Kreuzotter" dans le "Black Gap", à quelque 800 nautiques au Sud-Est du Groenland. Bien qu'il soit équipé du dernier radar à longueur d'onde centimétrique, le 6th Escort Group est considérablement affaibli par l'absence de ses deux destroyers, les H.M.S. "Fame" et "Viscount", tous deux en réparation après avoir éperonné des U-Boote en défendant du convoi SC 104 en Octobre. Il ne lui reste donc plus que cinq corvettes de classe "Flower", à savoir "Potentilla" (officier supérieur de l'escorte), "Rose", "Eglantine" et "Montbretia" (toutes de la Royal Norwegian Navy), ainsi que le H.M.S. "Vervain" de la Royal Navy en remplacement. La bataille qui s'ensuit atteint son point culminant dans la nuit du 17 au 18 Novembre, lorsque pas moins de douze U-Boote se rapprochent de l'ON 144, les corvettes limitant les possibilités d'attaque en écrasant contact après contact. Le "Montbretia" est au cœur de l'action pendant la majeure partie de la nuit, manquant de justesse une torpille de l'U-624 (Kptlt Ulrich Graf von Soden Fraunhofen) à 03h00, heure des Alliés. À 05h40, l'opérateur radar du "Montbretia" signale un contact sous-marin à soixante degrés de la proue tribord à une distance de 4200 mètres. Cinq minutes plus tard, alors que la distance de contact est tombée à 3600 mètres, le Kapteinlöytnant H. Søiland ordonne au navire de se rapprocher à pleine vitesse. Quelques minutes plus tard, la distance est tombée à environ 1200 mètres et à 05h50, un deuxième contact ferme est obtenu par l'opérateur Asdic à l'avant bâbord à une distance de 2000 mètres. Cependant, lorsque la première des torpilles frappe le "Montbretia" quelques secondes plus tard, elle l'a apparemment fait sur le côté tribord du navire.
- Extrait du KTB de l'U-262.





- Le survivant le plus gradé, Löytnant A. Tenvik KNM, est posté près des rails des charges de profondeur à l'arrière et vient de recevoir l'ordre de mettre les détonateurs à l'abri, étant donné que la proie du "Montbretia" est toujours en surface, lorsque le navire est secoué par une forte explosion. La torpille frappe à l'avant tribord, près du pont des mess, peu avant 06h00, heure des Alliés, la détonation arrache le blindage sur bâbord, sous le support du canon de 4 pouces, enflammant des munitions prêtes à l'emploi, et démolissant une grande partie de la timonerie et le local de l'Asdic. Déjà son étrave est bien enfoncée, le "Montbretia" continue à avancer à pleine vitesse lorsque la deuxième torpille apparemment frappe sur le côté bâbord, au milieu du navire, environ une minute après la première. Le lieutenant Tenvik se souvient, 'La cheminée a été coupée en deux et la partie arrière a été projetée dans l'eau. Le navire continuait à avancer à pleine vitesse avec l'hélice en l'air; il ne gîtait pas et suivait une trajectoire rectiligne. Une fumée noire s'est élevée dans l'air et le navire a coulé très rapidement. J'estime que le navire a coulé dans les trente secondes qui ont suivi la deuxième torpille'. Les témoins Alliés sont unanimes à dire que le "Montbretia" n'a pas tant sombré qu'il s'est enfoncé sous les vagues à grande vitesse.
- Le journal de guerre qui documente l'attaque de l'U-262 sur le "Montbretia" prête à confusion dans la mesure où il décrit le naufrage de deux navires (tous deux attaqués depuis leur côté tribord) alors que les archives alliées indiquent que seul le "Montbretia" a été touché à ce moment-là, mais une fois de chaque côté. Les preuves qui subsistent désignent l'U-262 comme l'auteur des deux attaques, l'Oblt.z.S. Heinz Franke n'a pas réussi à identifier correctement le "Montbretia" dans le second cas, ayant viré pour tirer avec le tube arrière. Cependant, ce scénario pose de sérieux problèmes, dans la mesure où il suppose que le relèvement du "Montbretia" a changé diamétralement par rapport à son assaillant dans la minute séparant les deux attaques, soit par ses propres mouvements (dont il n'existe aucune preuve), soit par la manœuvre de l'U-262 sur bâbord alors qu'il présente son arrière à la cible, soit par une combinaison des deux. Bien que les survivants du "Montbretia" aient catégoriquement nié qu'il a viré après le premier coup au but, il y a de fortes raisons de penser qu'il a pu gîter ou s'incliner sur tribord au moment du second coup au but, modifiant ainsi sa position par rapport à l'U-262 alors qu'il avance à grande vitesse. Une autre explication est qu'un deuxième U-Boot est impliqué, ce que le contact Asdic établi vers 05h50. Cependant, cette théorie, privilégiée par les survivants et par la Commission d'enquête (Board of Enquiry), ne trouve aucun appui dans les archives allemandes. De nombreux U-Boote ont tiré des torpilles sur l'ON 144 pendant la nuit en question, mais seul l'U-262 est enregistré comme l'ayant fait à ce moment-là. Il est possible que la réponse se trouve dans le journal de guerre de l'U-184, maintenant au fond de l'Atlantique avec le Kptlt Gunther Dangschat et son équipage, victimes présumées d'une attaque aux charges de profondeur par le HNorMS "Potentilla" quarante-huit heures après la destruction du "Montbretia". Cependant, l'absence de tout rapport de naufrage de la part de Dangschat rend cette hypothèse improbable, d'autant plus qu'il a envoyé une douzaine de messages radio au B.d.U. après le naufrage du "Montbretia" sans jamais faire référence à une attaque à ce moment-là. Le tableau reste donc obscur.

- La progression du navire sous la surface après le premier coup est si alarmante que le Kapt.Lt Søiland donne immédiatement l'ordre d'abandonner le navire. Certains de ceux qui se trouvent sur le côté tribord trouvent que le moyen le plus facile de s'échapper est de passer par le trou béant produit sur le côté bâbord du navire par la première torpille. Les tentatives d'abaisser le bateau de sauvetage de bâbord se terminent quand il atterrit sur le pont, s'avérant trop lourd pour être poussé par-dessus bord. Le Lt Tenvik et d'autres parviennent à libérer un flotteur Carley du côté bâbord, tandis que l'opérateur de l'Asdic, l'Utskreven dekksmann (matelot de 3e classe) G. A. Steimler, se retrouve à grimper sur les montants du pont à l'approche de la torpille suivante : 'Je me souviens avoir juré, mais je n'ai jamais entendu l'explosion. La prochaine chose dont je me souviens, c'est que j'ai fait un saut périlleux dans l'eau, et quand je suis remonté à la surface, j'ai vu la poupe du "Montbretia" s'enfoncer avec le drapeau qui flottait toujours'. Steimler reprend ses esprits sous une pluie d'acier chauffé à blanc, suivie immédiatement par une succession atroce de détonations des charges de profondeur :

   Ensuite, les charges de profondeur, qui étaient posées, ont commencé à exploser. Je me souviens que l'on m'avait dit que si l'on se trouvait dans cette position, il fallait se tourner sur le dos, croiser les bras sous le ventre et retenir sa respiration, ce que j'ai fait. Je savais, assis dans la cabane d'Asdic, que six charges avaient été posées, alors j'ai compté les explosions qui se sont arrêtées à cinq. (J'ai appris plus tard qu'un membre de l'équipage avait retiré une amorce). Le pire était peut-être d'entendre tous les appels à l'aide, les appels aux familles, les appels à Dieu de mes camarades proches de l'endroit où les charges de profondeur explosaient.

- De nombreux membres de l'équipage du "Montbretia" ont pu s'éloigner de l'épave avant qu'elle ne coule, mais les détonations des charges de profondeur et le nombre limité de flotteurs, radeaux et matelas de sauvetage ont fait des ravages au fil du temps. Comme le dit le Kapt. Lt Christian Monsen du "Potentilla", 'un certain nombre de membres d'équipage sont morts dans l'eau, gelés en moins d'une heure'. Le Lt Tenvik faisait partie de la douzaine d'hommes qui ont réussi à attacher quelques matelas de sauvetage et un flotteur Carley pour former une seule unité. Bien que les lumières et les cris de leurs camarades aient été vus et entendus dans l'obscurité, l'épuisement et l'exposition ont empêché le groupe de Tenvik de fournir une quelconque assistance. Les efforts pour signaler une corvette voisine (probablement le "Potentilla") ont d'abord été vains, et ce n'est que deux heures après le naufrage qu'elle a manœuvré le long des radeaux tandis que son canot pneumatique secourait ceux qui étaient encore dans l'eau, le dernier homme étant récupéré à 08h30. Sur les vingt-neuf hommes ramenés à bord du "Potentilla", deux sont morts presque immédiatement, laissant vingt-sept survivants qui ont été emmenés d'abord à St John's, puis à Halifax. Le bilan des décès comprend quarante de la Royal Norwegian Navy (dont le Kapt.Lt Søiland) et sept de la Royal Navy.
- La contribution du "Montbretia" à la bataille de l'Atlantique est largement reconnue, le nouveau Commander-in- Chief Western Approaches, l'Admiral Sir Max Horton, déclarant que 'la perte de ce vaillant navire qui a joué un rôle si éminent dans les récentes batailles de convois [...] sera fortement ressentie dans les deux marines'. L'Admiral Sir Charles Kennedy-Purvis, Commander-in-Chief America and West Indies Command, a envoyé une lettre de condoléances au Kontreadmiral Elias Corneliussen, commandant la Marine royale norvégienne en exil, déclarant que 'le "Montbretia" a pleinement maintenu les normes élevées et d'efficacité qui sont invariablement associées aux navires de la Royal Norwegian Navy'.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 302, 303 et 304 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


gauche milieu

Homepage