H.M.S. "Cossack" (F03)


H.M.S. Cossack (© I.W.M.)
H.M.S. "Cossack" (© I.W.M.)


Type
Chantiers de Construction
Vickers-Armstrongs, High Walker, Newcastle upon Tyne
Commandé
10 Mars 1936
Mise sur cale
09 Juin 1936
Lancement
08 Juin 1937
Mise en service
14 Juin 1938
Caractéristiques techniques
Longueur : 114,90 mètres
Largeur : 11,13 mètres
Tirant d'eau : 3,43 mètres
Déplacement : 1921 tonnes
Déplacement maxi : 2559 tonnes
Propulsion
2 x turbine à vapeur Parsons
3 x chaudière Admiralty
2 x hélice
Puissance : 44000 ch
Vitesse maxi
36 nœuds
Détection
Asdic
Armement
8 x canon de 120mm
4 x canon AA de 40mm
2 x 4 mitrailleuses Vickers de 12,7mm
4 x tube lance-torpilles de Ø 533mm
1 x rack
2 x rail pour 20 charges de profondeur
Équipage
190 hommes
Commandant
Capt. E. L. Berthon DSC RN
Victimes/Survivants
159/115

- Le navire de tête de la classe, le H.M.S. "Cossack", est commandé selon les estimations de 1935 et mis sur cale au chantier de Vickers-Armstrong à Walker-on-Tyne en Juin 1936, lancé en Juin 1937 et terminé en Juin 1938. Le "Cossack" est mis en service comme leader de la 1st Tribal Flotilla, Mediterranean Fleet en Juin 1938 et commence sa carrière en patrouillant au large de l'Espagne pendant la guerre civile. Elle est toujours en Méditerranée en Septembre 1939, et est rapatriée le 02 Octobre avec le reste de la flottille, désormais rebaptisée 4th Destroyer Flotilla. La guerre du H.M.S. "Cossack" commence de manière peu glorieuse avec une collision avec le navire à vapeur "Borthwick" dans le Forth le 07 Novembre, qui coûte la vie à cinq de ses hommes. Cependant, les deux années suivantes voient son nom gravé comme l'un des grands destroyers de la Seconde Guerre mondiale.
- Sa réputation se fait sous les ordres de Philippe Vian qui rejoint le navire en tant que capitaine (D) de la 4th DF alors qu'il effectue des réparations à Leith, en Écosse en Janvier 1940. Lors d'une patrouille au large des côtes norvégiennes le 16 Février : Vian reçoit l'ordre d'intercepter le pétrolier allemand "Altmark" qui a été signalé au large de Bergen à midi la veille. Navire de ravitaillement du 'cuirassé de poche' "Admiral Graf Spee" qui s'est sabordé au large de Montevideo le 14 Décembre, l'"Altmark" est un navire d'un intérêt plus qu'ordinaire pour les Britanniques. Au cours de sa croisière de trois mois, le Kapitan zur See Hans Langsdorff de l'"Admiral Graf Spee" avait coulé neuf marchands britanniques et fait prisonnier 300 membres de leur équipage. Ce sont ces hommes qui ont maintenant rempli les cales de l'"Altmark" alors qu'il retourne en Allemagne. Dans l'après-midi du 16, les forces de Vian aperçoivent l'"Altmark" et le suivent jusqu'à Jøssingfjorden, à trente nautiques au Sud de Stavanger. Lorsque les deux escortes Norvégiennes qui l'accompagnent refusent d'autoriser une fouille du navire, Winston Churchill, alors Premier Lord de l'Amirauté, ordonne à Vian d'envoyer une équipe d'abordage sur l'"Altmark" et de libérer ses prisonniers malgré la violation flagrante de la neutralité Norvégienne qu'implique un tel acte. Après une brève action au cours de laquelle il endommage son étrave en venant à côté d'Altmark, le "Cossack" quitte le Jøssingfjorden, ses ponts regorgeant de 299 les marins marchands. L'exploit crée une querelle diplomatique, fait de Vian un héros national et fait du "Cossack" un nom familier en Grande-Bretagne.
- Après de nouvelles réparations à Leith le "Cossack", retourne dans les eaux norvégiennes où, le 09 Avril, il participe à l'opération "Hartmut", le volet naval de l'invasion allemande de la Norvège. À la fin de la journée, il remorque le destroyer "Kashmir" dans le port de Leith, mais cinq jours plus tard, il est en action lors de la deuxième bataille de Narvik, au cours de laquelle l'U-64 et huit destroyers allemands sont coulés par une force dirigée par le cuirassé "Warspite". Le "Cossack", cependant, est sérieusement endommagé par neuf obus de 5 pouces du destroyer "Diether von Roeder" qui lui coûte onze hommes tués et vingt-neuf blessés, et il termine la bataille sur une épave submergée. Soulevé par la marée, il navigue d'abord en marche arrière vers Skjelfjord dans les îles Lofoten pour des réparations d'urgence, avant de se rendre à Scapa Flow. Les réparations gardent le "Cossack" au chantier de Thornycroft à Southampton jusqu'en Juin, date à laquelle il fait partie des navires sélectionnés pour escorter le croiseur "Enterprise" au Canada avec 130 millions de livres sterling en lingots et titres britanniques. En Août, il escorte le 1st M.S. qui mouille des mines dans la section Nord de la barrière anti-mines de la côte Est. Le service avec la Home Fleet se poursuit en 1941, bien qu'il soit interrompu par deux mois de réparation à Rosyth à l'automne 1940, puis à Southampton au début de l'année suivante en raison de dommages à la coque dans l'Atlantique Nord. En Mars et Avril 1941, il est de nouveau avec le 1th M.S., cette fois-ci pour la pose de mines près du Northern barrage (Barrage Nord). Le reste de sa carrière est consacré principalement à l'escorte de convois et c'est en escortant le convoi WS 8B que le "Cossack" et la 4th DE toujours commandée par le Capt. Vian, reçoivent l'ordre intercepter le cuirassé allemand "Bismarck" alors qu'il se dirige vers Brest 26 Mai. Vian prend contact avec le "Bismarck" à 22h00 et le harcèle toute la nuit jusqu'à ce que l'aube apporte sa destruction aux mains de la Home Fleet. En Juillet, le "Cossack" retourne en Méditerranée avec un nouveau commandant, le Capt. E. L. Berthon, où il participe aux convois "SUBSTANCE", "STYLE" et "HALBERD" vers Malte avant de rejoindre Force H à Gibraltar en Septembre.

- Le 17 Octobre 1941, la B.d.U. forme le groupe "Breslau" pour opérer dans les approches de Gibraltar. L'un de ses U-Boote, l'U-204, est détruit le 19, mais les six autres bateaux tiennent leur position dans la Détroit de Gibraltar pour attendre le prochain convoi, attaquant les traînards et la navigation navale dans l'intervalle. Les messages Enigma décryptés, l'Amirauté retarde de près d'une semaine le départ du HG 75 à destination de Liverpool et ce n'est que le 22 Octobre qu'il quitte Gibraltar avec une puissante escorte de treize navires dirigée par le H.M.S. "Cossack". Le convoi est presque immédiatement repéré par les Allemands puis par les "U-71" et U-563 le 23. L'U-563 (Oblt.z.S. Klaus Bargsten) réagit rapidement aux rapports, en prenant contact avec le convoi HG 75 ce soir-là. Peu après 22h00 GMT, la corvette "Carnation" signale la présence d'un sous-marin et toute l'escorte se met aux postes de combat. Lorsque le contact Asdic provisoire disparaît et que plus rien n'est vu, le Capt. E. L. Berthon ramène le "Cossack" au second degré de préparation et son navire prend position à l'arrière du convoi. Environ quinze minutes plus tard, une torpille est aperçue en approche sur bâbord, Berthon ordonne un changement de cap immédiat à tribord. Cependant, cette manœuvre ne suffit qu'à éviter une des deux torpilles tirées par l'U-563 et à 22h38 heure britannique, le "Cossack" reçoit un coup fatal.
- Extrait du KTB de l'U-563.





- La torpille de l'U-563 frappe le "Cossack" à bâbord, à la hauteur du couple "B", et détruit la partie avant du navire, probablement à la suite de la détonation de la soute à munitions avant. Un feu est allumé à l'extrémité arrière du gaillard d'avant, qui se propage le long du côté bâbord du navire, aidé par des munitions des pom-pom prêtes à l'emploi rangées sur la structure du pont. Sur les deux chaufferies en service, la première est immédiatement inondée et la deuxième abandonnée, sa chaudière étant ensuite arrêtée par le Chief Engineer, le Cdr. (E) R. B. Halliwell, par crainte d'un incendie d'huile. Le commandant en second survivant, le Lt B. C. Moth, qui a été blessé par l'explosion, consulte le Cdr. Halliwell et le Warrant Officer Gunner (Adjudant artilleur) (T) M. G. Foster avant de donner l'ordre d'abandonner le navire. Sa décision, qui a ensuite été approuvée par la Board Enquiry (commission d'enquête), a été prise contre la possibilité que la soute à munitions avant explose. Avec un feu dévastateur empêchant l'accès à ce qui reste du gaillard d'avant Moth ne peut pas savoir qu'il l'a presque certainement déjà fait.
- Une fois que l'équipage a abandonné le navire, des tentatives infructueuses sont faites pour combattre l'incendie avec des tuyaux d'abord dirigés depuis le gaillard d'avant du H.M.S. "Legion" puis du "Carnation", mais ce n'est que lorsque la première réussit à se mettre à couple et à faire passer un tuyau sur le pont du "Cossack" que le brasier est éteint. L'épave de l'étrave ayant été cisaillée, des hommes du "Cossack" remontent à bord de leur navire le matin du 24. L'équipe d'arraisonnement réussit à lever un peu de vapeur mais la progression vers Gibraltar est lente et peu de progrès sont réalisés ce jour-là en raison de la traînée sur l'avant du navire naufragé, même lorsque les provisions et l'équipement sont largués pour réduire le tirant d'eau. L'arrivée du remorqueur de sauvetage "Thames" le 25 ne permet pas d'améliorer la situation. Le temps alors se dégrade et l'entrée d'eau sur les ponts entrave les efforts de pompage. Le mauvais temps continue et, en fin d'après-midi du 26, il est décidé que le risque pour les personnes à bord dépasse tout avantage qu'elles peuvent avoir à rester à bord du navire, l'équipe d'arraisonnement étant emmenée par la corvette H.M. "Jonquil". Abandonné pour la nuit, le "Cossack" est toujours à flot au lever du jour le 27, mais si bas dans l'eau qu'il est décidé de ne pas remonter à bord. Il coule plus tard dans la matinée, sous les yeux de la plupart des survivants, le White Ensign toujours claquant au vent sur une gaffe.
- Aucun individu n'a été blâmé pour sa perte et la conclusion de la commission d'enquête et des officiers commandant la Force H (Vice-Admiral Sir James Somerville) et l'Atlantique Nord (Vice-Admiral G. F. B. Edward-Collins) était que le Lt Moth, un lieutenant n'ayant que six mois d'ancienneté, avait pris la bonne décision d'abandonner dans ces circonstances. Les archives révèlent une certains désillusion à l'égard de l'efficacité des pompes du "Cossack", l'incapacité à lui fournir la poursuite du pompage et l'arrivée tardive du "Thames" le 25, bien qu'aucun consensus n'ait été atteint sur aucun de ces points et qu'aucune censure a été levée. Le commentaire le plus pertinent est peut-être venu du Vice-Admiral Somerville a fait remarquer que "l'emploi de ces navires de grande taille et de grande valeur pour les convois lents sont évidemment "indésirables".

- La torpille de l'U-563 fait de nombreuses victimes parmi l'équipage du "Cossack", mais le taux de pertes très élevé doit être attribué en partie au nombre de ceux qui l'ont convoyé en Grande-Bretagne. Pratiquement tous ceux qui se trouvent dans la partie avant de le navire et la structure du pont périssent lors de la détonation initiale. Le Capt. Berthon et d'autres officiers sur la passerelle avant sont tués laissant instantanément le Lt Moth comme seul officier survivant. Moth lui-même a survécu parce que l'explosion est survenue alors qu'il se reposait à côté du support du télémètre dans la partie arrière du pont. En plus de ceux qui ont été tués, beaucoup sont gravement blessés par la force de l'explosion ou ont subi des brûlures alors que les incendies faisaient rage sans être maîtrisés. L'acte d'abandon du navire est entravé par les dommages causés au bateau à moteur et à la baleinière du "Cossack", laissant les survivants à se contenter des 'Carley floats' restants, les hommes en sautant dans la mer à leur suite. Tous ne réussissent pas à monter sur un flotteur et de petits groupes se forment dans l'eau recouverte de pétrole en attendant l'arrivée des secours. Bien que des vies sont sans doute perdues dans l'eau, les H.M.S. "Legion" et "Carnation" sont arrivés sur les lieux relativement rapidement, abaissant les bateaux de leur navire et lâchant des filets pour que les hommes puissent y grimper. Après une douche et quelques heures de sommeil, les volontaires ne manquent pas pour embarquer sur le "Cossack" dans l'effort pour la sauver.
- Les survivants sont débarqués dès que les circonstances le permettent, bien que certains aient eu le malheur d'être torpillés à nouveau, cette fois à bord du navire catapulte H.M.S. "Ariguani" vers lequel de nombreux blessés ont été transférés vers le 25 Octobre. Cependant, le H.M.S. "Ariguani" survit pour atteindre Gibraltar dont les installations médicales sont occupées par un grand nombre de cas de brûlures ainsi que de personnes souffrant d'ingestion de carburant. Parmi ces derniers se trouve le garçon de 1ère classe K. F. W. Rail qui est mis au régime pendant une semaine avec de l'eau et du charbon de bois en poudre, pris six fois par jour.
- Le naufrage du "Cossack" est survenu à un moment de terrible attrition pour la Royal Navy, mais sa carrière de combattant n'a pas été oubliée et en Mars 1943 un destroyer de classe "CO" portant le nom a été mis sur cale dans le même chantier Walker où la construction avait commencé sur le navire de Vian sept ans auparavant. On se souvient des morts sur une plaque de la cathédrale de Portsmouth et dans "Instead of Tears", une élégie de la militante des droits des femmes Marie Stopes dont l'ami le Lt William Rose, First Lieutenant du "Cossack", faisait partie des disparus. Une autre victime a été le chien du navire Pluto, un vétéran des événements de l'"Altmark" et du "Bismarck" et récipiendaire posthume de la médaille Dickin, la Victoria Cross des animaux. R.I.P.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 140, 141, 142 et 143 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


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