H.M.S. "Bullen"


Le H.M.S. Bullen en été 1944 (© BfZ)
Le H.M.S. "Bullen" en été 1944 (© BfZ)


Type
Chantiers de Construction
Bethlehem Steel Corporation, Hingham (Massachusetts)
Mise sur cale
17 Mai 1943
Lancement
07 Août 1943
Mise en service
25 Octobre 1943
Caractéristiques techniques
Longueur : 93,26 mètres
Largeur : 11,20 mètres
Tirant d'eau : 2,74 mètres
Déplacement : 1 400 tonnes
Propulsion
Machines turbo-électriques
2 x chaudière à tubes d'eau de type Foster Wheeler Express "D"
2 x turbine à vapeur et générateurs GE de 10 070 kW
2 x moteur électriques de 8 900 kW
2 x ligne d'arbre, chacun équipé d'une hélice à trois pales
Vitesse maxi
nœuds
Autonomie
5 500 nautiques à 15 nœuds
Armement
3 × canon de 3 pouces (76mm)/50 Mk.22
1 × monture double Bofors de 40mm Mk.I
7-16 x canons Oerlikon de 20mm
Lanceur Mark 10 Hedgehog A/S
2 x rail
4 x lanceur, jusqu'à 200 charges de profondeur
1 x canon de marine QF 2 livres
Équipage
168 hommes
Commandant
Lt Cdr A. H. Parish RN
Victimes/Survivants
72 et 2/97+

- Le H.M.S. "Bullen" est au chantier de la Bethlehem Shipbuilding Corporation à Hingham, Massachusetts, où il est mis sur cale le 17 Mai 1943, lancé le 17 Août (07 Août selon une autre source) et achevé le 25 Octobre de la même année. Propulsé par des machines turbo-électriques, il appartient au sous-groupe de frégates de la classe "Captain" dont les unités américaines sont entrées en service sous le nom de classe "Buckley". Après avoir effectué ses essais aux Bermudes, le "Bullen" est affecté au 6th Escort Group et rejoint son premier convoi le 11 Janvier 1944. Les missions atlantiques et côtières sont brièvement interrompues en Février pour des réparations à Belfast, puis en Juin lorsqu'il escorte le cuirassé "Nelson" vers sa position de bombardement au large de la Normandie. En Juillet, le "Bullen" subit l'expérience inhabituelle de voir ses hélices encrassées par une conduite de pétrole du porte-avions d'escorte H.M.S. "Vindex" alors qu'il se ravitaille au Nord de l'Irlande, le navire retournant à Liverpool. En Octobre, il rejoint le 19th Escort Group nouvellement formé, basé à Belfast, et est chargé de tâches de soutien et d'escorte au Nord de l'Écosse.

- Le 05 Décembre 1944, le 19th Escort Group (commandé par le Cdr G. V. Legassick RNR à bord du H.M.S. "Hesperus") reçoit l'ordre de patrouiller au large du Cap Wrath après avoir repéré un U-Boot par reconnaissance aérienne. Le balayage de la nuit se déroule sans incident, l'"Hesperus" et les frégates "Bullen", "Goodall", "Antigua" et "Loch Insh" assumant l'ordre no 4 (ligne simple de front) par une nuit glaciale. À 08h00 le matin du 06, le "Bullen" reçoit l'ordre d'échanger sa position avec le "Goodall", alors du côté terre de la ligne. Peu après cette manœuvre, et alors que le Cap Wrath lui-même est en vue, l'"Hesperus" obtint un contact Asdic du côté terre qui est d'abord considéré comme d'origine douteuse, de gros rochers sur le fond marin près de la côte étant souvent indiscernables des U-Boote à l'affût. Mais ce n'est pas un rocher. Un peu avant 10h00, le "Bullen", dont les hommes se trouvent aux postes de croisière, est frappé au milieu du navire par une torpille de l'U-775 de l'Oblt.z.S. Erich Taschenmacher.
- Extrait du KTB de l'U-775.





- La torpille de l'U-775 frappa le H.M.S. "Bullen" dans la salle des machines au milieu du navire, produisant une détonation qui fut clairement entendue par l'ensemble du 19th Escort Group. Le navire est plongé dans l'obscurité mais reste suffisamment stable pour que les télégraphistes signalent à l'"Hesperus" qu'il a été torpillé sur le côté tribord et qu'il coule rapidement. Cependant, il devint rapidement évident que le "Bullen" avait le quille cassée, sa stabilité précaire laissant place à 'd'horribles bruits de déchirement venant d'en dessous qui semblaient indiquer qu'il se brisait'. C'est alors que le Lt Cdr Parish s'est penché sur le pont et a donné l'ordre d'abandonner le navire. En plus de s'effondrer sur le milieu du navire, le "Bullen" s'est ensuite mis en portefeuille, les deux parties du navire se cabrant avant de couler partiellement. Désormais abandonnée, la partie avant a disparu en une demi-heure tandis que la partie arrière est restée à flot pendant quatre-vingt-dix minutes supplémentaires. La commission d'enquête (Board of Enquiry) n'a pas imputé de faute au défunt Lt Cdr Parish, notant que 'cette classe de navire est connue pour son manque de résistance longitudinale' et qu''une explosion grave au milieu du navire aurait donc causé sa rupture en deux'. Cependant, la Commission a observé que trop de portes étanches avaient été laissées ouvertes et que l'une ou les deux moitiés du "Bullen" auraient pu être sauvées si elles avaient été fermées immédiatement. Elle a également estimé qu'une mine était la cause la plus probable de la détonation, bien que la majorité des survivants et des spectateurs ne doutaient guère que c'était une torpille de sous-marin qui avait détruit le H.M.S. "Bullen". En effet, le 19th escort Group était convaincu que le "Bullen" avait été vengé avant la fin de la journée, les attaques du "Goodall" et du "Loch Insh" sur un contact cet après-midi-là ayant produit du pétrole et des débris. Cependant, cela n'est pas confirmé par les enregistrements des U-Boote. Bien que l'U-297 (Oblt.z.S. Wolfgang Aldegarmann) ait été détruit le 06, la découverte de son épave en Mai 2000 a démontré qu'il avait été victime d'un "Sunderland" de la R.A.F. dans des eaux plus proches des Orcades. L'épave du "Bullen" a été localisée en Juillet 2002 à une profondeur de quatre-vingt-dix mètres. Selon l'équipe de plongée, 'il était facile de reconnaître l'épave comme étant un navire de guerre : des équipements de contrôle de tir et de télémétrie étaient mélangés avec des compas et des télégraphes et, plus haut dans l'épave, de petits canons de pont et des munitions étaient éparpillés sur le fond marin'.

- La torpille de l'U-775 a tué toute l'équipe de la salle des machines, ceux qui ont survécu à l'explosion initiale ont été piégés car l'écoutille d'évacuation était 'tordue comme un 8'. Parmi ceux qui ont été tués par l'explosion à l'extérieur de la salle des machines, certains ont été vus allongés avec des livres et de la lecture encore dans leurs mains, le "Bullen" ayant été aux postes de croisière et les hommes profitant d'un 'Stand Easy' à ce moment-là. Trois hommes étaient trop gravement blessés pour être déplacés et ont coulé avec le navire. Lorsque l'ordre d'abandonner le navire fut donné, le reste de l'équipage du "Bullen" sauta à la mer et se dirigea vers les flotteurs de Carley qui avaient été libérés. Cependant, beaucoup d'entre eux avaient atterri dans le mauvais sens et, en l'absence de pagaies, plusieurs ont eu du mal à s'éloigner du navire avant qu'il ne coule. Un flotteur s'en est sorti de justesse après avoir été aspiré sous la section avant, les occupants voyant le numéro de coque du "Bullen" se précipiter vers eux alors qu'ils émergeaient de l'autre côté. Un autre a chaviré lorsque le radar du navire s'est détaché et a atterri sur lui. L'"Hesperus" s'est approché de l'épave et a déroulé ses filets de sauvetage, puis le "Goodall" et lui ont fait descendre des baleinières habitées pour récupérer les personnes encore dans l'eau. Le "Goodall" a rapidement reçu l'ordre de commencer l'opération "Observant", une recherche anti-sous-marine sur un périmètre de plus en plus large, mais ceux qui ont été repêchés par sa baleinière n'ont pas eu beaucoup de chance. Avec une dizaine de survivants et son propre équipage de six personnes à bord, la baleinière s'est approchée de l'"Hesperus" et a jeté sa bosse pour qu'elle soit attachée avant que les occupants ne grimpent dans le filet de sauvetage sur le côté bâbord. Cependant, à ce moment-là, le Cdr Legassick a décidé de hâter l'opération de sauvetage, ordonnant à l'"Hesperus" de se mettre lentement en route afin de rejoindre l'autre baleinière et les flotteurs. Cela s'est avéré catastrophique pour ceux qui se trouvaient dans la baleinière qui a chaviré presque immédiatement, avec pour résultat que deux des hommes du "Goodall" et environ sept de ceux du "Bullen" ont été soit noyés, soit aspirés par les hélices de l'"Hesperus".
- Parmi les nombreux actes d'abnégation dont nous avons été témoins au cours des opérations de sauvetage, aucun n'a été plus marquant que le refus obstiné du Lt Cdr Parish d'être sorti de l'eau avant que tous ses hommes aient été sauvés. Après avoir reçu l'ordre de la passerelle de l'"Hesperus" de 'sauver le Captain du "Bullen"', le Lt-Cdr Parish s'est vu lancer une ligne d'attrape, mais au lieu de la prendre, il a simplement nagé avec la ligne jusqu'à un autre flotteur Carley et l'a passée à ses hommes. La passerelle a répété l'ordre de faire monter Parish à bord, et deux fois de plus une ligne d'attrape lui a été lancée. Ignorant toutes les demandes d'attacher la ligne à lui-même, Parish a simplement passé la ligne une fois de plus. Cependant, à la troisième tentative de passer la ligne à un matelot, l'épuisement s'est installé et il s'est simplement 'retourné et a flotté au loin'. Les survivants ont été transférés sur un navire de dépôt sans nom à Scapa Flow, d'où les personnes valides ont reçu l'ordre de rejoindre la terre ferme à Thurso pour le long voyage jusqu'à Chatham.



Libre traduction par l'auteur du site des pages 423, 424 et 425 de l'ouvrage "U-Boat Attack Logs" de Daniel Morgan & Bruce Taylor chez Seaforth Publishing.
Sources : le Net


gauche milieu

Homepage